Édito Édito

Sciences Humaines


La scène culturelle se vide avec le départ de grands noms qui ont marqué les lettres, l’histoire, la géographie, l’archéologie, le journalisme ou le droit. Durant le seul mois de février, le Liban a perdu Antoine Moultaka, Camille Menassa et Hareth Boustani, alors que la France a perdu Robert Badinter, Jean Malaurie et Jacques Ghestin.

Les personnes précitées étaient attachées aux sciences humaines ou sociales et en mesuraient toute la valeur, alors que ce souci est de moins en moins présent dans la société moderne où les humanités ont quasiment disparu, où les cours de philosophie dans les écoles sont désormais négligés, où nombre d’universités ont supprimé les diplômes d’anthropologie, d’histoire ou de géographie, et où la lecture est en recul constant, notamment au Liban. Nous vivons une ère où les nouvelles technologies et les réseaux sociaux ont supplanté la réflexion, d’où notre consternation à chaque fois qu’une personnalité de « l’ancienne époque » vient à disparaître, car nous savons qu’elle laissera un grand vide et qu’elle est irremplaçable.

Plutôt que de se lamenter sur cette situation et de se dire que « c’était mieux avant », il faudrait inciter pouvoirs publics, écoles, universités et parents à remettre les sciences humaines et sociales au cœur de leurs préoccupations, surtout que l’intelligence artificielle, dont on ne peut nier les avantages, risque de remettre en question notre humanité, et tout spécialement le langage, les rapports sociaux et l’art sous toutes ses formes.

Dans un essai intitulé La Fin de l’humanité, le philosophe Christian Godin s’interroge sur la volonté de l’humanité de continuer et craint son extinction pure et simple par désintérêt de soi, par désinvestissement de soi. Pour que cette volonté persiste, elle doit être renforcée par la prise de conscience de l’importance de cette humanité et de sa capacité à accompagner le progrès sans être dominée par celui-ci…

La défense des sciences humaines n’est pas une question de nostalgie, c’est une question de survie.


La scène culturelle se vide avec le départ de grands noms qui ont marqué les lettres, l’histoire, la géographie, l’archéologie, le journalisme ou le droit. Durant le seul mois de février, le Liban a perdu Antoine Moultaka, Camille Menassa et Hareth Boustani, alors que la France a perdu Robert Badinter, Jean Malaurie et Jacques Ghestin.Les personnes précitées étaient attachées...

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