
Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth Élias Audi. Photo d'archives Ani
Le patriarche maronite Béchara Raï et le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth Élias Audi sont revenus à la charge dimanche contre la classe politique qu'ils tiennent pour responsable de la grave crise qui frappe le Liban depuis l'été 2019. Les deux dignitaires chrétiens ont ainsi demandé aux autorités de hâter la formation du gouvernement qui se fait attendre depuis neuf mois, et de mettre de côtés leurs rivalités politiques.
Le Liban, frappé par une grave crise socio-économique depuis bientôt deux ans, a également été touché de plein fouet par la pandémie de coronavirus et une explosion catastrophique au port de Beyrouth, qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés, le 4 août de l'année dernière. Dans ce contexte sombre, le pays se trouve depuis neuf mois dans une impasse politique qui empêche la formation d'un gouvernement, en raison notamment d'un bras de fer politique entre le chef de l'État Michel Aoun, et le Premier ministre désigné Saad Hariri. Les deux hommes se rejettent la responsabilité du blocage.
Résurrection du Liban
"Notre situation ne date pas d'hier. Les erreurs se sont accumulées, et le Liban a perdu les ingrédients qui permettent de protéger son existence. Le 17 octobre (2019), la population a explosé dans la rue et a exprimé sa colère enfouie", a rappelé Mgr Audi, lors de son homélie à l'occasion du dimanche de Pâques orthodoxe. "Le problème n'est plus seulement financier ou économique, il est désormais existentiel, car ceux qui dirigent le pays parient sur le peu qui reste pour assurer leurs intérêts et rester en place, au détriment des citoyens", a fustigé le dignitaire orthodoxe.
"En ce jour de résurrection du Christ, nous prions pour la résurrection du Liban", a souligné le prélat. "Pour cela, nous avons besoin d'abord d'un gouvernement actif qui entreprenne les réformes nécessaires pour redonner vie aux institutions publiques (...) et regagner la confiance de la communauté internationale. Nous avons besoin d'un gouvernement qui ne soit pas contrôlé par les partis, et dont les membres sont tous des experts accomplis qui ne soient pas à la recherche de gains personnels".
Et le métropolite d'ajouter : "Nous avons besoin d'un gouvernement qui obtienne la confiance du peuple en lui disant d'abord la vérité sur l'explosion au port, sur la situation financière du pays, les avoirs en banque de la population, la contrebande des produits subventionnés (...)". Il a enfin rappelé qu'il n'avait "jamais cessé de réclamer la restitution des droits à leurs propriétaires". "Pour cela, nous avons besoin d'une justice libre des affiliations politiques", a estimé Mgr Audi.
Conférence internationale et neutralité
Le patriarche maronite Béchara Raï, qui fustige chaque semaine les dirigeants politiques, et qui dernièrement critiquait implicitement le président de la République Michel Aoun, est allé dans le même sens que le métropolite de Beyrouth.
"L'État libanais (...) n'a pas besoins de médiations et de pressions pour la formation du gouvernement, mais plutôt de bonne volonté sur le plan national et d'un sentiment de responsabilité, dans le respect de la Constitution et du Pacte national", a estimé Mgr Raï, dans un reproche clair adressé à la classe dirigeante.
Poursuivant sur sa lancée, il a dit : "Le gouvernement, ne vous appartient pas. Il appartient au peuple. Les ministères et les institutions ne sont pas à vous, mais au peuple". "Assez de conditions qui desservent les citoyens et ne sont qu'au seul service des politiciens. C'est à cause de tout cela que nous avons réclamé la tenue d'une conférence internationale consacrée au Liban et à la proclamation de sa neutralité", a rappelé le patriarche. Un appel déjà critiqué par le Hezbollah, qui lui aussi est en ligne de mire du chef de l'Église maronite. "La pratique politique a prouvé que le Liban ne peut se sortir de cette situation sans une conférence internationale qui consacre sa neutralité. Sans cela, le Liban enchaînera les crises, les guerres et les échecs", a prévenu Mgr Raï. Pour lui, "il relève de la responsabilité de l'ONU et des États amis d'aller au fond du dossier libanais et au cœur de la solution". "Il est vrai que nous avons besoin d'un gouvernement, mais nous avons surtout besoin de solutions aux conflits et aux questions qui empêchent que le Liban soit un pays en situation normale", a-t-il estimé, sans plus de précision.
Il s'est ensuite plaint de "l'obstruction dans la formation du gouvernement et la tenue des élections législatives et présidentielles (prévues l'année prochaine), la non application de la Constitution et la déformation du Pacte national ainsi que le sabotage du système démocratique", épinglant également "les armes illégales", dans une claire allusion au Hezbollah. "Toutes ces questions nécessitent une aide internationale, car leur origine n'est pas libanaise. Ces questions sont la conséquence de conflits arabes, régionaux et internationaux", a-t-il conclu.
Le patriarche maronite Béchara Raï et le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth Élias Audi sont revenus à la charge dimanche contre la classe politique qu'ils tiennent pour responsable de la grave crise qui frappe le Liban depuis l'été 2019. Les deux dignitaires chrétiens ont ainsi demandé aux autorités de hâter la formation du gouvernement qui se fait attendre depuis neuf mois, et de...
commentaires (7)
allons, allons ! assez esperer en une aide quelconque de qui que ce soit.tous savons que nous sommes devenus des pestiferes a cause de hezbollah.INCONTESTABLEMENT CA! ainsi que faire sinon trouver un remede a cette maladie ? et quel autre remede serait plus efficace, PLUS POSSIBLE A REALISER que l'affaiblissement dans une tres grande mesure des allies chretiens de hezb? Bkerke devra illico arreter ses hesitations depassees, exiger la demission de m aoun. Boule de neige suivie de l'annihilation de plus de 75% de la force de Hezb. Ainsi soit il !
Gaby SIOUFI
11 h 01, le 04 mai 2021