
Un poisson mort gisant sur les rives du Qaraoun. Photo Office national du Litani
En matière de désastre écologique, le lac Qaraoun, dans la Békaa-Ouest, est de nouveau à la une, un expert n›hésitant plus à le qualifier d'égout à ciel ouvert, et ce d'autant plus qu'un grand nombre de poissons ont été retrouvés morts ces derniers jours sur ses rives. Malgré les nombreuses mises en garde des autorités responsables de ce lac artificiel, le plus grand du Liban avec ses 220 millions de mètres cubes, les poissons morts sont revendus sur des marchés beyrouthins, au risque de provoquer des maladies mortelles.
« Nous retrouvons depuis la semaine dernière d’énormes quantités de poissons morts sur les rives du lac, et nous pensons qu’ils ont succombé à un virus saisonnier qui se déplace sur les surfaces aquatiques. Les carpes sont les plus touchées », indique à L’Orient-Le Jour Sami Alaouiyé, directeur général de l’Office national du Litani, le plus long fleuve du Liban. Des dizaines de poissons agonisant à la surface de l’eau et d’autres gisant inanimés sur les bords du lac sont visibles dans une vidéo diffusée par cette institution publique chargée de la gestion des eaux du fleuve Litani et de ses affluents.
« De nombreux Syriens, dont des enfants, ont commencé à repêcher les poissons morts pour le compte de commerçants libanais qui les revendent sur les marchés de la Quarantaine et de Sabra, à Beyrouth. Les poissons sont présentés comme ayant été pêchés dans des rivières », ajoute M. Alaouiyé, qui met en garde contre leur consommation. L'Office du Litani, qui a porté plainte contre les personnes impliquées dans ce type de commerce, a révélé dans un communiqué qu'une partie des poissons morts sont récoltés pour le compte d'un commerçant résidant dans le camp de réfugiés de Qaraoun.
Infectés par des métaux lourds
Le Qaraoun est pollué depuis des années par des eaux usées, des déchets industriels et des fertilisants agricoles, la pêche y est interdite pour des raisons sanitaires et ses poissons ont été déclarés impropres à la consommation en 2018, sans toutefois que cela ait été vraiment dissuasif. « Ces poissons présentent de fortes concentrations de métaux lourds, comme le plomb ou le cadmium », qui peuvent causer des cancers ou des maladies du système nerveux, explique le directeur de l’Office du Litani.
Un chercheur spécialisé dans l’écologie des milieux aquatiques dit, pour sa part, « ne pas être convaincu » par la thèse de l’infection virale pour expliquer la mort des poissons. Contacté par L’OLJ, Kamal Slim avance l’hypothèse d’une mort provoquée par une montée soudaine du taux de cyanobactéries, des algues dont la présence dans le lac est favorisée par la pollution. « Avec la hausse abrupte des températures, certaines cyanobactéries présentes dans l’eau libèrent des toxines mortelles, un phénomène fréquent lorsque les températures s’élèvent brusquement, ce qui pourrait expliquer l’hécatombe actuelle de poissons. Nous avons déjà observé une hécatombe similaire en 2017, avec plusieurs tonnes de poissons morts », rappelle le chercheur en mettant en garde contre le risque d’empoisonnement de tout animal qui viendrait étancher sa soif au bord du lac. « Le lac Qaraoun ressemble à des égouts à ciel ouvert. Ses eaux sont uniquement utilisées pour la production de l’électricité », commente-t-il.
Des cadavres de poissons flottant sur la surface de l’eau du Qaraoun. Photo Office national du Litani
Pour plus de patrouilles au bord du lac
Pour lutter contre le commerce de poissons morts du Qaraoun, Sami Alaouiyé appelle à renforcer les services de sécurité dans la région. « Les casernes de Qaraoun et de Machghara nous aident à lutter contre ce fléau, mais il faudrait que la police patrouille sur les bords du lac pour interdire le ramassage de ces poissons morts. Nous demandons aux ministères concernés de prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme à ce commerce (…) Certaines municipalités sont de connivence avec les pêcheurs du Qaraoun, qui demandent désormais à être indemnisés par le Haut Comité de secours », indique le responsable.
Selon un rapport publié par l’Office du Litani, des coliformes fécaux et des bactéries d’Escherichia coli ont été retrouvés dans des spécimens d’eau collectés en mars 2021 dans le lac. « Ces spécimens ne sont pas conformes aux normes requises pour l’irrigation à cause de la présence de germes à des taux supérieurs à ceux autorisés », souligne le document. « Sur le long terme, il faudrait que le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) mette en œuvre ses projets pour le traitement des eaux usées dans la région », estime Sami Alaouiyé.
Déjà en juillet 2016, plus de cinq tonnes de poissons morts avaient été observés flottant sur la surface du lac du fait d’une dégradation générale menaçant la santé humaine et animale, ainsi que l’environnement. Le lac « est à l'agonie », déclarait à l’époque le secrétaire général du Conseil national de la recherche scientifique (CNRS), Mouïn Hamzé, ce qui signifie que « la biodiversité, la faune et la flore du lac sont en train de disparaître. Il n›y a plus de production d'oxygène ni de chlorophylle. Les algues toxiques continuent à envahir le bassin. Il existe quatre à cinq mètres de matières fécales agglutinées au fond du lac ainsi que des sédiments toxiques ». Des sommes importantes ont été englouties pendant des années dans les études sur le Litani, sans aucune incidence sur le terrain. L'irresponsabilité provient aussi bien des responsables politiques que des autorités locales ou des citoyens.
Sami Alaouiyé, directeur général de l’Office national du Litani ainsi que ses predecesseurs devraient d'abord demissio ner ou sinon c'est a la justice de 'LES DEMISSIONNER" en vu de les mettre en accusation d'incompetence, de laisser aller, pt't aussi de corruption dans le cours de leurs responsabilites .
15 h 31, le 04 mai 2021