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Société - Crise

Les agriculteurs catastrophés après la suspension par Riyad des importations de fruits et légumes

Le patriarche maronite et le mufti de la République appellent le royaume wahhabite à revenir sur sa décision ; une réunion prévue aujourd’hui à Baabda.


Les agriculteurs catastrophés après la suspension par Riyad des importations de fruits et légumes

L’armée a annoncé avoir saisi du matériel utilisé pour la fabrication de Captagon dans le quartier de Charawné, à Baalbeck. Photo Twitter @LebarmyOfficial

Ils n’avaient assurément pas besoin de ça, dans un contexte déjà tellement compliqué. La décision saoudienne, vendredi, de suspendre l’importation de fruits et de légumes libanais, en raison de la découverte de pilules de Captagon (amphétamines) habilement cachées à l’intérieur d’une cargaison de grenades en provenance du Liban a été reçue comme une claque par les agriculteurs libanais. La décision porte incontestablement un coup dur au secteur agricole local, sachant que plus de la moitié des exportations de fruits et de légumes sont destinées aux pays arabes.

Le président de la République Michel Aoun présidera une réunion aujourd’hui au palais de Baabda pour examiner les répercussions de cette suspension et répondre aux exigences d’un contrôle renforcé exprimé par l’Arabie saoudite. « Les autorités libanaises auraient dû réagir beaucoup plus rapidement et voir quelles garanties l’Arabie saoudite demande pour reprendre les importations », dénonce Antoine Hoyek, président du syndicat des agriculteurs. « 55 % de nos exportations seront affectées par la décision de Riyad. Les exportations vers les pays arabes représentent 92 millions de dollars par an. Si elles s’arrêtent, cela équivaudra à une perte de 250 000 dollars par jour », s’insurge-t-il, interrogé par L’Orient-Le Jour. L’Arabie a décidé de suspendre ses importations suite à une opération des autorités saoudiennes dans la nuit de jeudi à vendredi, qui a abouti à la découverte de plus de cinq millions de pilules de Captagon cachées dans des caisses de grenades en provenance du Liban. Au cours du week-end, l’armée a annoncé sur Twitter avoir mené des perquisitions dans le quartier de Charawné, à Baalbeck, où elle a saisi du matériel pour la fabrication de Captagon. Les Forces de sécurité intérieure ont également annoncé, dans un communiqué, la saisie de drogues stockées dans un appartement à Hay el-Sellom, dans la banlieue sud de Beyrouth.

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La décision saoudienne intervient dans un contexte de crise économique et sociale aiguë et met à mal un secteur déjà fragile. Le Koweït, Bahreïn, le sultanat d’Oman et les Émirats arabes unis se sont empressés d’exprimer leur approbation face à la suspension saoudienne. Ces pays n’ont pas toutefois annoncé jusque-là de mesures similaires contre les exportations libanaises. « Certains commerçants koweïtiens commencent à étudier la possibilité d’importer par voie aérienne ou maritime. Mais le problème, c’est qu’on leur a demandé de faire une croix sur les produits libanais », révèle toutefois le président du syndicat des agriculteurs.

Comme un couperet...

Ibrahim Tarchichi, président du Rassemblement des agriculteurs et paysans de la Békaa, insiste pour sa part sur le fait que les grenades saisies en Arabie saoudite ne viennent pas du Liban, mais de Syrie. « Ce n’est pas la saison des grenades au Liban et de toute manière nous n’avons jamais exporté ce fruit. Nous en importons pour le marché local depuis 20 ans », martèle-t-il. « Nous payons le prix d’une situation dans laquelle nous ne sommes pour rien. Aujourd’hui, nous appelons à la préservation des relations avec Riyad », confie M. Tarchichi à L’OLJ. « Depuis deux ans, des camions viennent en transit de Syrie jusqu’au port de Beyrouth, et suivent la ligne d’exportation syrienne. Toute la drogue saisie provient de ces camions », avait-il déjà lancé vendredi.

M. Tarchichi précise par ailleurs que « les exportations du Liban vers l’Arabie saoudite commencent à partir de mai, parce qu’en hiver, le marché saoudien se suffit de la production locale ». « Nous exportons des agrumes, du raisin, des nèfles, des abricots, des prunes, des pêches, des petits pois ou encore des fèves, révèle-t-il. Cette décision nous est tombée dessus comme un couperet. Elle nous prive de l’export de plus de 100 000 tonnes de produits tous les ans », ajoute M. Tarchichi, qui dit avoir été convié à la réunion de Baabda aujourd’hui. « Nous allons aborder les mesures à prendre pour faire face à cette situation », indique-t-il.

La chaîne de télévision al-Arabiya, citant sa consœur al-Hadath, avait rapporté que la drogue arrivée au Liban repart du port de Beyrouth sans inspection, sous prétexte que le port n’est pas équipé de scanners pour le moment.

Selon le site des douanes libanaises, le pays du Cèdre a exporté pour 29,3 millions de dollars de fruits et légumes vers l’Arabie saoudite en 2020. Il a également exporté pour 20,4 millions de dollars de fruits et légumes au Koweït l’année dernière. Selon des chiffres publiés par l’Association des agriculteurs, le Liban a exporté 312,6 tonnes de fruits et légumes pour un total de 145 millions de dollars, entre le 1er janvier et le 31 novembre 2020. Parmi ces exportations, 50 000 tonnes de produits ont été vendus à l’Arabie saoudite et constituent 16 % de l’ensemble des exportations. Le Koweït a, pour sa part, acheté 59 000 tonnes de fruits et légumes libanais, soit 19 % des exportations. Les Émirats arabes unis ont, quant à eux, importé 31 000 tonnes de ces produits.

Le patriarche maronite Béchara Raï a reçu hier une délégation d’agriculteurs qui lui a demandé d’intervenir auprès des responsables saoudiens. Photo ANI

Les communautés à la rescousse

Vu l’ampleur des répercussions de la décision saoudienne, le patriarche maronite Béchara Raï et le mufti de la République Abdellatif Deriane ont appelé le royaume wahhabite à ne pas geler les importations de produits libanais. « Nous avons contacté hier l’ambassadeur d’Arabie Walid Boukhari, qui se trouve actuellement à Riyad, et lui avons exprimé notre condamnation (de l’incident), a déclaré Mgr Raï, dans son homélie. Nous avons également exprimé le souhait que le royaume tienne compte de la situation du Liban et des agriculteurs honnêtes », a-t-il ajouté. « Nous demandons également au Liban de préserver ses amitiés avec les pays arabes, surtout l’Arabie saoudite qui adopte toujours des positions et des initiatives en soutien au Liban. Nous exprimons également nos regrets pour ce qui s’est passé auprès des autres pays du Golfe, qui ont joint leur voix à celle de l’Arabie », a ajouté le chef de l’Église maronite. Le patriarche a reçu hier une délégation d’agriculteurs qui lui a demandé d’intervenir auprès de Riyad.

Le mufti de la République a lui aussi plaidé en faveur du Liban auprès des autorités saoudiennes. Il a exprimé l’espoir que la décision de Riyad serait « temporaire jusqu’à ce que la question soit réglée par les autorités libanaises ». « L’État doit prendre des mesures rapides et décisives afin d’empêcher toute atteinte aux relations libano-saoudiennes », a estimé le mufti Deriane. Il a ensuite prié le roi Salmane et le prince héritier Mohammad ben Salmane « d’aider le Liban à sortir de la crise qui frappe sa population (...) »

Commentant ce dossier, l’ambassadeur Boukhari a expliqué à la chaîne LBCI avoir quitté le Liban dans le cadre d’un « congé habituel », après en avoir informé le ministère libanais des Affaires étrangères. Il a souhaité ainsi couper court aux rumeurs selon lesquelles il serait parti suite à des menaces d’ordre sécuritaire.

Le diplomate a en outre affirmé qu’un total de « plus de 600 millions de pilules d’amphétamines et des centaines de kilogrammes de haschisch en provenance du Liban ont été saisis au cours des dernières années » par l’Arabie saoudite.

Ils n’avaient assurément pas besoin de ça, dans un contexte déjà tellement compliqué. La décision saoudienne, vendredi, de suspendre l’importation de fruits et de légumes libanais, en raison de la découverte de pilules de Captagon (amphétamines) habilement cachées à l’intérieur d’une cargaison de grenades en provenance du Liban a été reçue comme une claque par les...

commentaires (4)

Le Captagon est clairement d’origine assadienne tout comme le nitrate d’ammonium. L’Axe de l’Imposture a fait du Liban la mule du gang assadien. Le Liban compte tellement peu pour cet Axe qu’il ne cherche même pas à le gouverner, tout ce qu’il veut s’est se servir du Liban pour maintenir Assad au pouvoir pour son propre compte en concurrence avec les Russes. Ceux qui avaient encore des doutes après le mini Hiroshima du nitrate d’ammonium ne peuvent plus en avoir après le Captagon. La révolution libanaise n’aura lieu que si elle est clairement dirigée contre l’ennemi assadien l’Axe de l’Imposture et leurs collaborateurs et complices locaux assumés ou non. En tous cas les conséquences c’est que le peu d’économie saine qui reste au Liban, basée sur l’exportation des denrées agricoles, va s’effondrer. Il y aura encore moins d’argent que les futurs ministres pourront gaspiller pour entretenir leur clientèle, ce qui va retarder encore plus la formation du gouvernement, dans l’hypothèse où les cinq gros corrompus CPL Amal Hezbollah Futur PSP et les autres petits pions de l’Axe de l’Imposture au pouvoir ont encore assez d’argent pour gouverner à leur façon clientéliste, ce qui est plus que douteux. Il faut espérer que l’Arabie NE LÈVE PAS son blocage tant que le Liban reste la mule du gang assadien pour le compte du cartel de l’Axe de l’Imposture, et que les autres pays du Golfe l’imitent, comme ça les citoyens seront forcés de voir en face la réalité de leur asservissement à l’Axe

Citoyen libanais

08 h 35, le 27 avril 2021

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Commentaires (4)

  • Le Captagon est clairement d’origine assadienne tout comme le nitrate d’ammonium. L’Axe de l’Imposture a fait du Liban la mule du gang assadien. Le Liban compte tellement peu pour cet Axe qu’il ne cherche même pas à le gouverner, tout ce qu’il veut s’est se servir du Liban pour maintenir Assad au pouvoir pour son propre compte en concurrence avec les Russes. Ceux qui avaient encore des doutes après le mini Hiroshima du nitrate d’ammonium ne peuvent plus en avoir après le Captagon. La révolution libanaise n’aura lieu que si elle est clairement dirigée contre l’ennemi assadien l’Axe de l’Imposture et leurs collaborateurs et complices locaux assumés ou non. En tous cas les conséquences c’est que le peu d’économie saine qui reste au Liban, basée sur l’exportation des denrées agricoles, va s’effondrer. Il y aura encore moins d’argent que les futurs ministres pourront gaspiller pour entretenir leur clientèle, ce qui va retarder encore plus la formation du gouvernement, dans l’hypothèse où les cinq gros corrompus CPL Amal Hezbollah Futur PSP et les autres petits pions de l’Axe de l’Imposture au pouvoir ont encore assez d’argent pour gouverner à leur façon clientéliste, ce qui est plus que douteux. Il faut espérer que l’Arabie NE LÈVE PAS son blocage tant que le Liban reste la mule du gang assadien pour le compte du cartel de l’Axe de l’Imposture, et que les autres pays du Golfe l’imitent, comme ça les citoyens seront forcés de voir en face la réalité de leur asservissement à l’Axe

    Citoyen libanais

    08 h 35, le 27 avril 2021

  • Baalbeck ce n'est pas les chiites?

    Eleni Caridopoulou

    20 h 15, le 26 avril 2021

  • ces camions portent ils la plaque d'immatriculation syrienne ou pas, et les papiers indiquent ils leur depart depuis la syrie ou pas ? dans ce cas pourquoi accuser les libanais seulement? les douaniers & autres collegues sont ils de connivence ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 29, le 26 avril 2021

  • y a du flou, beaucoup trop de flou et de questions essentielles demeurees sans reponses -ca devient une regle generale ici- le Liban exporte oui ou non des grenades le camion etait il en provenance de la syrie oui ou non? sait on que cet itineraire est l'oppose de celui parcouru logiquement, habituellement,raisonablement lors des exportations syriennes aussi bien que libanaises? auquel cas nos divers services securitaires frontaliers, dans nos ports et bien sur les fieres douanes n'ont ils pas ete inquietes de voir passer des camions suivant un tel itineraire bizarre ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 25, le 26 avril 2021

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