Rechercher
Rechercher

Politique - Liban

Ghada Aoun entre à nouveau par la force dans les locaux de la société Mecattaf

Tensions entre partisans de la juge et forces de l'ordre ; le CPL dénonce "la répression des citoyens pacifiques".

Ghada Aoun entre à nouveau par la force dans les locaux de la société Mecattaf

La juge Ghada Aoun sortant samedi du siege de la societe Mecattaf qu'elle venait de perquisitionner à Awkar dans le Metn. Photo d'archives An Nahar

Alors qu'elle avait été déférée la veille par le Conseil supérieur de la magistrature devant l'Inspection judiciaire, la procureure générale près la cour d'appel du Mont Liban, Ghada Aoun, escortée par des dizaines de partisans qui se sont heurtés aux forces de l'ordre, est à nouveau entrée mercredi par la force dans les locaux de la société Mecattaf pour le transport de fonds, à Aoukar, dans le Metn. Un nouvel épisode dans un feuilleton judiciaire mais aussi politique, sur fond de tensions entre le chef de l'Etat, Michel Aoun, et le Premier ministre désigné, Saad Hariri.

L'entreprise n'a pas autorisé la procureure à entrer dans les locaux, estimant que l'affaire est désormais entre les mains du juge Samer Lichaa. Toutefois, des partisans de la juge, affiliés au Courant patriotique libre, ont forcé la barrière d'entrée, et la magistrate a pu pénétrer dans l'enceinte de la société en voiture, avant de se rendre à l'intérieur du bâtiment. Un homme accompagnant Ghada Aoun tentait de défoncer une porte à coups de pied. La juge, elle, intimait aux employés de la société de la laisser perquisitionner les lieux, affirmant que cela s'inscrit dans le cadre de ses prérogatives. "Nous sommes tous avec toi Ghada Aoun ! Dieu est avec toi Ghada Aoun !", criaient ses supporters sur place. D'autres entonnaient l"hymne national. Des policiers anti-émeute ont été déployés sur les lieux, et des échauffourées ont éclaté entre certains manifestants et les forces de l'ordre. Un peu plus tard, tous les partisans de la juge ont été refoulés de l'enceinte du bâtiment par la police. Ils se sont toutefois rassemblés dans le parking de la société, affirmant qu'ils ne quitteraient pas les lieux tant que Ghada Aoun n'aura pas terminé sa perquisition. Des renforts de la force d'intervention des services de renseignement des Forces de sécurité intérieure (FSI) ont été appelés une heure plus tard, alors que la tension montait sur les lieux.

"Répression des citoyens pacifiques"
Réagissant dans un communiqué aux tensions à Aoukar, le ministre sortant de l'Intérieur Mohammad Fahmi, réputé proche du président Aoun, a exprimé son "soutien aux manifestations pacifiques", tout en soulignant "l'attachement des forces de sécurité à la protection des biens privés et publics". Le ministre a enfin appelé "tous les citoyens à respecter les lois et manifester pacifiquement, sans s'en prendre aux biens". Pour sa part, la section médias du Courant patriotique libre a condamné "l'agression par les forces de sécurité des manifestants (...) qui ne s'en prenaient ni aux biens publics et privés, ni aux agents". "Ces manifestants ne faisaient qu'exprimer pacifiquement et démocratiquement leur droit à restituer l'argent pillé des Libanais (...)". Le CPL a ensuite appelé le ministre sortant de l'Intérieur à "sanctionner ceux qui ont ordonné la répression des citoyens pacifiques".

L'édito de Issa GORAIEB

Touche pas à mon juge !

Ghada Aoun avait déjà perquisitionné à deux reprises cette entreprise au cours du week-end, alors même qu'elle a été dessaisie des affaires liées aux crimes financiers selon une nouvelle répartition des tâches au sein du parquet d'appel ordonnée par le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate. La procureure a, dans ce cadre, été entendue mardi par le CSM qui a demandé à l’Inspection judiciaire de se saisir de l’affaire de la procureure générale près la cour d’appel à qui il a enjoint dans le même temps de se conformer à la nouvelle répartition des tâches au sein du parquet d’appel. Selon certaines sources, Ghada Aoun rejette la décision de Ghassan Oueidate parce qu’elle la considère comme une sanction indirecte, alors qu’il revient au seul service de l’Inspection judiciaire, selon elle, de la sanctionner le cas échéant.

Lier aussi

Ghada Aoun devant l’Inspection judiciaire à la demande du CSM

La juge Aoun mène ces perquisitions de la société de transport de fonds dans le cadre d’une enquête basée sur une plainte pour blanchiment d’argent contre le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, et le PDG de la Société générale de banque au Liban (SGBL) Antoun Sehnaoui Cette affaire aurait, selon la décision de Ghassan Oueidate, dû être normalement confiée à l’avocat général Samer Lichaa, désigné pour remplacer Ghada Aoun dans les investigations sur les crimes financiers. De plus, dans le cadre des poursuites engagées lundi par M. Oueidate contre la société Mecattaf, l'affaire est également aux mains du procureur financier Ali Ibrahim. Celui-ci a convoqué dans la journée le PDG de l'entreprise, qui a annoncé qu'il serait à nouveau entendu vendredi par le procureur pour lui présenter des documents "sans lien avec l'affaire sur laquelle enquête" Ghada Aoun. 

La querelle entre Ghassan Oueidate et Ghada Aoun fait écho à la crise politique que connaît le Liban depuis plusieurs mois, alors que Saad Hariri, dont est proche M. Oueidate, et Michel Aoun, dont est proche Mme Aoun, ne parviennent pas à se mettre d'accord pour former le futur gouvernement. Le CSM avait toutefois indiqué mardi que l'affaire n'est "pas une lutte entre le procureur général près la Cour de cassation et le procureur de la cour d'appel et surtout pas d'une querelle entre deux camps politiques comme certains l'ont présenté".

Alors qu'elle avait été déférée la veille par le Conseil supérieur de la magistrature devant l'Inspection judiciaire, la procureure générale près la cour d'appel du Mont Liban, Ghada Aoun, escortée par des dizaines de partisans qui se sont heurtés aux forces de l'ordre, est à nouveau entrée mercredi par la force dans les locaux de la société Mecattaf pour le transport de fonds, à...

commentaires (9)

C'EST BIEN TOUT ÇA. FIKAAR YEKASSER BAADO. ESPÉRANT UNE AUTRE PERQUISITION CHEZ BASSIL.

Gebran Eid

22 h 57, le 21 avril 2021

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • C'EST BIEN TOUT ÇA. FIKAAR YEKASSER BAADO. ESPÉRANT UNE AUTRE PERQUISITION CHEZ BASSIL.

    Gebran Eid

    22 h 57, le 21 avril 2021

  • Considérant comment les faits se produisent , le port du chapeau est recommandé. Borsalino était le chapelier attitré d'Al Capone.

    DRAGHI Umberto

    21 h 50, le 21 avril 2021

  • On est sur le chemin de l'Etat voyou.

    Esber

    21 h 31, le 21 avril 2021

  • Comportement milicien indigne d’une procureure! Le CPL veut déclencher une guerre civile...

    Alexandre Husson

    21 h 17, le 21 avril 2021

  • Si au moins cette perquiz musclée débouchait sur quelque chose. Pour l’instant: nada. Que de l’étalage de muscles. On aurait espéré que les citoyens bénéficieraient des combats de coqs à défaut de leur entente pour former un gouvernement.

    Marionet

    20 h 45, le 21 avril 2021

  • JUSTICIERE OU REVANCHARDE POUR COMPTE DE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 12, le 21 avril 2021

  • Même dessaisie du dossier, elle perquisitionne par le force avec en plus à ces côtés une horde de partisans incultes et avec un cerveau totalement lessivé.

    mokpo

    19 h 05, le 21 avril 2021

  • Quand celle qui est censée représenter la justice agit en voyou ... cela montre bien l'état dans lequel se trouve le pays

    Zeidan

    18 h 40, le 21 avril 2021

  • Eh oui! Quand on sait que le loup garou est trop puissant pour l'attaquer on se tourne pour attaquer en grande pompe et avec hauts parleurs des petits soupçonnés malfaiteurs pour s'agrandir! Les milliards qui se perdent dans le trafic vers la syrie et les autres milliards engloutis pour ne produire que quelques watts de courant qui ne l'est plus, eux par contre on ne s'en soucis point ... Merci les aouns, tout postes confondus, pour votre perspicacité!!

    Wlek Sanferlou

    17 h 31, le 21 avril 2021

Retour en haut