« Aveuglement ». Le mot a été utilisé par le ministre français des Affaires étrangères Yves Le Drian comme explication subjective du blocage qui empêche la formation d’un gouvernement au Liban. Et en effet, c’est comme aveuglément que le chef de l’État semble livrer à la corruption ce qui pourrait être sa dernière bataille. Une bataille à l’issue incertaine et qui est livrée dans une posture qu’il semble affectionner plus que tout : Michel Aoun contre tout le monde.
Or, depuis la plus haute Antiquité, depuis Sun Tzu et son Art de la guerre, lorsqu’un ennemi est encerclé ou qu’il cherche à s’enfuir, un bon stratège lui laisse une porte de sortie, sinon ce dernier va se battre avec la « rage du désespoir », et risque ainsi d’infliger à son vainqueur des pertes sévères et inutiles, surtout s’il se sait perdu. Sun Tzu défend l’idée qu’il faut « tromper l’adversaire en fuite » et toujours lui laisser croire qu’il peut s’enfuir.
Mais Sun Tzu ne dit pas qu’un chef militaire doit laisser, couchés sur le sol de la bataille, des dizaines d’hommes, alors qu’il sait que la bataille est perdue et qu’il est sur le point de capituler, simplement pour prouver au monde qu’on ne peut pas lui arracher un consentement auquel il se refuse.
Car un bon stratège ne méprise pas le compromis s’il sait qu’il épargnera une épreuve inutile à des milliers de personnes qui auront faim, soif et froid, des milliers de personnes qui maudiront le jour de son entrée en fonctions. Un bon stratège accepte qu’un autre achève la bataille qu’il a commencée et donne plus d’importance à la victoire qu’à la personne qui l’a obtenue. Un bon stratège n’utilise la violence qu’à son corps défendant. Il ne la touche qu’avec des pincettes. Or, n’est-ce pas violence quand une dispute pour des colis alimentaires dégénère et fait des morts ? Un bon stratège ne s’obstine pas à agir conformément à un jeu de rôle qui lui fait croire qu’il est le sauveur du Liban alors qu’il en est (presque) devenu le fardeau.
commentaires (4)
Très bonne analyse et description du courage et de la lâcheté, ainsi que le stratège et la bienveillance apparente. Notre problème est qu’Aoun est étranger de toutes les évidences décrites par Fady Noun. Aoun est juste destructeur, rien ne lui résiste, où Aoun passe la vie trépasse dans sa totale indifférence de la misère et, des âmes perdues qui errent sans espoir de retrouver le repos éternel. Ce qui est encore plus grave c’est qu’il s’enorgueillit de ses actes barbares. La seule solution c’est le défaire de son pouvoir de nuisance pour que vive enfin le peuple et le Liban.
Le Point du Jour.
19 h 29, le 15 avril 2021