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Nos Lecteurs ont la Parole

La pire impéritie, l’homme « fort » qui blâme les autres !

Une idéologie politique au Liban d’aujourd’hui, au plus haut niveau, diabolique et mortifère, est répandue par des sociopathes auprès d’une population manipulée, opportuniste ou dupe de l’imposture. Elle consiste à ruminer : on ne m’a pas laissé, c’est la faute des autres !

Cette idéologie a été corrélative d’une autre, brandie tapageusement pour accéder au pouvoir : le besoin d’un leader « fort » au sommet !

Philippe Salem rapporte la réflexion d’un auteur allemand : On peut échouer et démissionner, mais le pire échec est de se déresponsabiliser en blâmant autrui !

Au niveau national, dire que l’échec, c’est les autres, c’est proclamer de façon officielle, définitive et décisive que le Liban n’est ni viable, ni réformable, ni gouvernable, contrairement à des réalisations prestigieuses dans l’histoire du Liban et des Libanais !

Je romps toute relation avec tous ceux, dans les salons, qui s’imaginent être de bons analystes en politique et vomissent cette novlangue idéologique, au sens de George Orwell : « On ne l’a pas laissé faire ! »

« Le propre de l’homme fort (sic) est de marquer toutes choses de son (sic) sceau », écrit le grand philosophe Alain (1868-1951) qui a exercé une influence sur toute une génération de penseurs au XXe siècle. L’homme, et non le narcissique pathologique et imposteur ou sociopathe, marque de son sceau toute action. Alain écrit aussi : « Une table, un bureau, une chambre, une maison sont promptement rangés ou dérangés selon la main. » Goethe cite ce proverbe au commencement de ses Mémoires : « Ce que jeunesse désire, vieillesse l’a en abondance », ce qui amène aussi Alain à dire : « C’est un brillant exemple de ces natures qui façonnent tout événement selon leur propre formule (…). On peut appeler aussi destinée cette puissance intérieure qui finit par trouver passage » (Alain, Propos sur le bonheur, Hachette, 1943, pp. 91-93). C’est encore Alain qui écrit : « Le pouvoir de surmonter est tout l’homme » (Philosophie, éd. 1973, p. 7). L’échec, dit-on encore, dans une spiritualité chrétienne, est de ne pas se relever.

Il nous faut remémorer les écrits d’éminents hommes d’État et politiciens libanais qui s’expliquent certes, ou se justifient, mais sans se déresponsabiliser !

Suite à ma relecture récente du testament de Kamal Joumblatt Pour le Liban (propos recueillis par Philippe Lapousterle, Stock, 1978, 274 p.), celui-ci est un exemple de la plus haute honnêteté intellectuelle, à la fois pour reconnaître des égarements, mais surtout de responsabilité personnelle et publique et de foi profonde dans « la vocation polyvalente du Liban » (pp. 101-102). « Les gens, écrit Kamal Joumblatt, se mentaient dans ce pays même à propos du pacte national de 1943 et de l’indépendance du Liban » (pp. 103-104).

Le nouveau mensonge aujourd’hui : « On ne m’a pas laissé ! »

Antoine MESSARRA

Ancien membre du Conseil

constitutionnel (2009-2019)

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Une idéologie politique au Liban d’aujourd’hui, au plus haut niveau, diabolique et mortifère, est répandue par des sociopathes auprès d’une population manipulée, opportuniste ou dupe de l’imposture. Elle consiste à ruminer : on ne m’a pas laissé, c’est la faute des autres ! Cette idéologie a été corrélative d’une autre, brandie tapageusement pour accéder au...

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