Le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Souheil Abboud, a rejeté hier la requête que lui a adressée il y a quelque temps l’ordre des avocats de Beyrouth en sa qualité de représentant des victimes de la double explosion au port de Beyrouth, dans laquelle il lui était demandé que soit dessaisi de son poste de procureur général près la Cour de justice, le juge Ghassan Khoury.M. Khoury avait succédé au procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, pour représenter le ministère public dans cette affaire, après que ce dernier s’est dessaisi en raison du lien de parenté qui le lie à l’ancien ministre des Travaux publics, Ghazi Zeaïter, mis en cause par l’ancien juge d’instruction, Fady Sawan, dans le cadre de l’enquête.Il n’a pas été possible de joindre le bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf, pour savoir le motif de la demande de récusation. Une source informée a cependant expliqué à L’Orient-Le Jour que Ghassan Oueidate avait désigné lui-même son successeur, alors qu’il ne lui appartient pas de le faire, selon l’ordre des avocats. La même source fait état d’une autre irrégularité, à savoir que les parties au procès, notamment l’ordre des avocats et le successeur de Fady Sawan, Tarek Bitar, n’ont pas été notifiées de la nomination de M. Khoury selon les règles légales.
Expliquant pourquoi le président du CSM a rejeté la requête, une source judiciaire affirme que la distribution des rôles au sein du parquet de cassation avait été effectuée en 2019, c’est-à-dire avant la tragédie du port (4 août 2020). En vertu de cette répartition entre les divers avocats généraux, Ghassan Khoury, avocat général près la Cour de cassation, avait alors été chargé des enquêtes criminelles locales. La double explosion du port étant un crime commis au Liban, c’est donc lui qui devait naturellement remplacer M. Oueidate. Tandis que ce dernier se trouvait encore à son poste quelques jours à peine après la catastrophe, l’avocat général avait collaboré avec lui autour du dossier, procédant entre autres tâches à l’interrogatoire du directeur général de la Sécurité de l’État, Tony Saliba.