La Banque du Liban (BDL) a remis vendredi au commissaire du gouvernement au sein de la banque centrale les informations requises par le cabinet international Alvarez & Marsal afin de pouvoir relancer l'audit des comptes de l'institution, un projet qui n'avait jusque-là pas abouti en raison des tergiversations de la BDL.
Dans un communiqué publié par le secrétariat général du conseil central de la BDL, l'institution affirme "avoir remis au commissaire du gouvernement au sein de la Banque du Liban la liste des informations requises par la compagnie Alvarez & Marsal après avoir mis à jour ces informations afin qu'elles soient transmises au ministre des Finances".
Peu après, le ministère des Finances a confirmé avoir reçu les informations de la BDL par le biais du commissaire du gouvernement et a fait savoir qu'il les avait transmises à son tour à Alvarez & Marsal.
Dans un Liban en grave crise, le cabinet américain Alvarez & Marsal avait été mandaté en septembre 2020 pour réaliser l’audit juricomptable des comptes de la BDL, une opération qui vise à remonter à la source des transactions inscrites dans le but de détecter d’éventuelles fraudes. Il avait fini par jeter l’éponge deux mois plus tard après le refus de la banque centrale de fournir l'intégralité des informations demandées. Un refus que la BDL avait justifié en invoquant la loi sur le secret bancaire. Après des mois de promesses non tenues et de tergiversations, et l'adoption d'un texte levant le secret bancaire sur les comptes de la banque centrale et des administrations, une réunion entre la BDL, le ministère des Finances et Alvarez & Marsal a eu lieu mardi en visioconférence et a débouché sur un calendrier qui permettrait de relancer l’audit.
Mais dans un discours mercredi soir, le président Aoun a estimé qu'il n'y avait aucune volonté réelle de mener l'audit juricomptable parmi les responsables, critiquant ainsi ses rivaux politiques, notamment le ministre sortant des Finances, Ghazi Wazni, et le président du Parlement, Nabih Berry, qu'il accuse de bloquer le processus.
Berry Amal "attachés" à l'audit
Réagissant aux accusations du président, le député et ex-ministre des Finances Amal Ali Hassan Khalil, a déclaré vendredi que le mouvement Amal, auquel il appartient, et son chef et président de la Chambre, Nabih Berry, sont "attachés" à la tenue de l'audit juricomptable de la BDL. Il a toutefois souligné l'importance qu'une telle procédure soit également menée dans d'autres institutions comme le ministère de l'Energie, un portefeuille longtemps détenu par le camp politique rival, affilié au président de la République.
Dans une discussion virtuelle avec des cadres de son parti, M. Khalil, un des plus proches conseillers de M. Berry, a critiqué assez vertement le chef de l'Etat, estimant que "ceux qui veulent vraiment demander des comptes aux autres" ne devraient pas avoir recours à la "propagande". Nabih Berry, et le mouvement Amal "sont attachés" à l'audit juricomptable "afin d'appliquer la loi adoptée par le Parlement", et qui devrait être lancé "dans toutes les institutions de l'Etat à commencer par la Banque du Liban et en passant par le ministère de l'Energie, qui constitue plus de 50 % de la dette publique", a déclaré Ali Hassan Khalil.
"Ceux qui veulent vraiment demander des comptes n'ont pas recours à la propagande", a ajouté le député du mouvement Amal. "Commencez à auditer là où vous le voulez", a ajouté M. Khalil, qui a souligné que "personne ne serait protégé". Il a en outre réclamé à ce que tous ceux qui ont "entravé" l'envoi des documents de la BDL au cabinet d'audit Alvarez & Marsal "rendent des comptes", appelant l'exécutif à "prendre le plus rapidement possible" des décisions à ce sujet. Et d'indiquer que, pour Amal et Nabih Berry, les réformes et la lutte contre la corruption "ne doivent pas juste être une publicité populiste pour se détacher d'obligations politiques, d'une manière qui s'apparente à un crime contre la nation et les citoyens".
Geagea accuse Aoun de populisme
Le leader maronite et chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a lui aussi critiqué une seconde fois en deux jours le président Aoun, l'accusant d'avoir ouvert le sujet de l'audit juricomptable et lancé ses accusations "par populisme et propagande politique".
"L'audit juricomptable est une obligation cruciale et la porte d'entrée vers les réformes souhaitées", a déclaré M. Geagea. Il a estimé qu'il était "naturel" de commencer l'audit concernant les comptes de la BDL, avant qu'il ne se poursuive dans les ministères, administrations et fonds de l'Etat. Il a affirmé que nombre d'accusations portées par le chef de l'Etat dans son discours "font l'objet d'un consensus parmi tous les Libanais", notamment en ce qui concerne le manque de transparence des comptes de la banque centrale. Il s'est toutefois interrogé : "Est-il normal que le rôle du président de la République se limite à poser des questions ?" "Pourquoi le président Aoun et le gouvernement sortant ne prennent-ils pas des mesures administratives et judiciaires pour obliger la banque centrale à présenter toutes les réponses demandées" par le cabinet d'audit chargé de cette mission, a-t-il ajouté. Et d'accuser le chef de l'Etat d'avoir uniquement évoqué l'audit "par populisme et propagande politique, alors que le pays s'effondre de plus en plus chaque jour".
commentaires (4)
BON, UNE TRANCHE DU PROBLEME A ETE FAITE ET CA VA PRENDRE DES ANNEES POUR ABOUTIR ET FINIR. NOUS VOULONS MAINTENANT ET AVEC GRANDE URGENCE LA TRANCHE LA PLUS FACILE ET RAPIDE A ABOUTIR ET QUI EST L,INVESTIGATION SUR LES 80+ MILLIONS DE DOLLARS EMPORTES PAR AOUN DANS SA FUITE EN FRANCE ET LE GIGANTESQUE DEFICIT DE L,EDL, LE CPL AU MINISTERE DE L,ENERGIE POUR PRESQUE 11 ANS ET LE SCANDALE DU SIECLE DES BARGES TURQUES. CES TROIS CHOSES FONT A ELLES SEULES PLUS QUE LA MOITIE DE LA DETTE DE L,ETAT ET SANS ELLES ( TOUTES ATTRIBUEES AU CPL ET A SES CHEFS REELS ) MLE PAYS ET SA BDL ET TOUT SON SYSTEME FINANCIER NE SERAIT PAS DANS CET ETAT ET LE PEUPLE N,AURAIT PAS RISQUE DE PERDRE SES DEPOTS ECONOMIES D,UNE VIE. - LE TABLEAU EST CLAIR. QU,UNE JUSTICE INTERNATIONALE S,EN SAISISSE CAR LA LOCALE ETOUFFERA TOUT SOUS LES PRESSIONS POLITIQUES DES MAFIEUX TOUS RESPONSABLES.
LA LIBRE EXPRESSION
20 h 03, le 09 avril 2021