Quelques centaines de manifestants se sont rassemblés samedi après-midi au carrefour dit de "Chevrolet", dans le sud-est de Beyrouth, avant de marcher vers le palais présidentiel de Baabda, pour réclamer la formation d'un gouvernement de transition doté de prérogatives législatives, ainsi que le départ de la classe au pouvoir. Plusieurs groupes issus du soulèvement populaire du 17 octobre 2019 ont invité à ce rassemblement sous le slogan "Aoun, Hariri, Berry, dégagez !" et le hashtag #résistance_populaire, en référence aux président de la République, au Premier ministre désigné et au chef du Parlement, incarnations selon eux du système corrompu en place. En chemin vers le palais de Baabda, les manifestants se sont arrêtés sur l'autoroute y menant, bloqués par un important déploiement militaire. Ils se sont ensuite dispersés sans qu'aucune tension ne soit observée avec les forces armées.
Pendant leur mouvement, les protestataires, brandissant des drapeaux libanais, ont appelé à un "combat" contre la corruption et réclamé le départ du pouvoir en place. "Yalla dégage Michel Aoun", ont-ils scandé, estimant que sans le démission des dirigeants actuels, le pays ne peut pas espérer de "salut".
"Que les corrompus rendent des comptes"
Les manifestants ont encore demandé au pouvoir d'"écouter les demandes du peuple pour obtenir justice et que les corrompus rendent des comptes". Dans ce contexte, ils ont aussi dénoncé l'absence de résultat dans l'enquête locale sur les explosions du port de Beyrouth, près de huit mois après cette catastrophe meurtrière, demandant à la justice de révéler "qui a importé le nitrate d'ammonium au port et qui est à l'origine du crime". Les groupes issus du soulèvement populaire demandaient également "l'indépendance de la justice", "la mise en place d'un programme économique clair" et "la protection des classes pauvres et moyennes".
Par ailleurs, d'autres ont brandi des banderoles réclamant "la neutralité du Liban face aux conflits dans la région" - une demande portée notamment par le patriarche maronite, Mgr Raï. Les groupes présents ont dénoncé "un régime criminel reposant sur la corruption à l'ombre des armes (du Hezbollah)". Le parti chiite est accusé par beaucoup de fournir un parapluie au système corrompu du pays et d'engager celui-ci contre son gré dans des conflits régionaux, dont la guerre en Syrie où sa milice combat aux côtés du pouvoir de Bachar el-Assad.
Des manifestations organisées par les groupes se revendiquant du soulèvement populaire avec les mêmes revendications ont été organisées ces deux dernières semaines, alors que le Liban est en proie à une crise politique, économique et sociale sans précédent, marquée par la dépréciation de la monnaie nationale face au dollar, l'hyperinflation des prix et la paupérisation de la population. Ces crises sont encore aggravées par la pandémie de coronavirus et la double déflagration qui a ravagé des quartiers entiers de la capitale l'été dernier. Cerise sur le gâteau : il n'y a pas de gouvernement depuis près de huit mois, le chef d'Etat et le Premier ministre désigné ne parvenant pas à s'attendre, englués dans des rivalités personnelles et un bras de fer sur la forme du gouvernement.
commentaires (13)
??? Publiez mon commentaire svp
Wow
16 h 36, le 28 mars 2021