L’ambassadrice américaine au Liban, Dorothy Shea, a souligné jeudi à l’issue d’un entretien avec le président de la République, Michel Aoun, "l’urgence" de former un gouvernement, appelant à un compromis entre les forces politiques qui bloquent ce processus.
Mme Shea s’est rendue au palais de Baabda à la demande du président Aoun, selon notre correspondante Hoda Chedid. Le chef de l'Etat avait déjà invité mardi au palais de Baabda l’ambassadrice de France Anne Grillo et l’ambassadeur saoudien Walid Boukhari. D’après notre correspondante, le chef de l’Etat a demandé cet entretien avec l’ambassadrice américaine, comme il a rencontré les autres diplomates, "pour évoquer le blocage dans la formation du gouvernement". Le président Aoun organise ces rencontres avec les ambassadeurs après son entretien houleux lundi avec le chef du gouvernement désigné, Saad Hariri, qui a ramené le processus de formation du cabinet à la case départ.
"Nous avons discuté de l’importance et de l’urgence de former un gouvernement engagé à mener des réformes et capable de les appliquer", a déclaré Dorothy Shea à la presse depuis Baabda à l’issue de son entretien avec le président en présence du conseiller de ce dernier Salim Jreissati. "Maintenant, il est nécessaire d’avoir des leaders courageux, qui sont disposés à mettre de côté leurs différences partisanes et à œuvrer ensemble pour sauver le pays (…)", a-t-elle ajouté. "Je suis certaine que vous pouvez le faire".
"N’est-il pas temps de faire des compromis ?"
"Je demande respectueusement à toute personne qui pose des exigences pour la formation de ce gouvernement, dont votre peuple a désespérément besoin (...) : maintenant que nous sommes depuis près de huit mois sans un cabinet ayant les pleins pouvoirs, n’est-il pas temps d’abandonner ces exigences et de commencer à faire des compromis ? Il est important de se concentrer sur la formation d’un gouvernement, et non de bloquer un gouvernement", a encore ajouté la diplomate. Mme Shea a indiqué s’être entretenue mercredi soir "avec de jeunes activistes politiques de tous bords". "Il est clair qu’ils veulent un gouvernement qui puisse assumer ses responsabilités", a-t-elle souligné. "Ils veulent l’indépendance de la justice, ils veulent un Etat de droit. Ils veulent extirper la corruption endémique qui dépossède le pays et son peuple des précieuses ressources dont ils ont désespérément besoin. Et ils veulent voir les élections prévues l’an prochain se dérouler à temps", a-t-elle encore dit.
L’ambassadrice s’est par la suite rendue à la Maison du Centre où elle s’est réunie avec le chef du gouvernement désigné Saad Hariri, a annoncé le bureau de presse de ce dernier. L’entretien, qui a porté sur "les derniers développements politiques", s’est déroulé en présence de l’ancien ministre Ghattas Khoury. M. Hariri s'est également entretenu avec la coordinatrice adjointe des Nations unies pour le Liban, Najat Rochdi.
Le Liban est toujours sans gouvernement actif depuis la démission du cabinet de Hassane Diab, dans la foulée de la double explosion le 4 août 2020 au port de Beyrouth. Lundi, le processus gouvernemental était une fois de plus revenu à la case départ à l'issue d'une très brève et orageuse réunion entre MM. Aoun et Hariri, qui campent tous les deux sur leurs positions et s'accusent mutuellement du blocage. Dans une conférence de presse à l’issue de ce bref entretien, M. Hariri avait dénoncé l’attitude du chef de l’Etat, révélant avoir reçu la veille, de la part de la présidence, une mouture complète d’un cabinet avec "une répartition confessionnelle et partisane des ministères dans des gouvernements de 18, 20 ou 22", à laquelle il lui était demandé "d’ajouter" des noms. Cette proposition "accorde le tiers de blocage à la formation politique", du président, avait déploré M. Hariri, estimant que cette liste était "inacceptable" et que "le travail du Premier ministre n’est pas juste de compléter un document qui lui a été envoyé". Le Premier ministre désigné a par la suite rendu publique la mouture d’un gouvernement soumise à Michel Aoun le 9 décembre 2020, composé de 18 technocrates, dans lequel aucune partie ne bénéficierait du tiers de blocage, et qui a été rejetée par la présidence. Saad Hariri considère que son action se place dans le cadre de l’initiative française qui prône un gouvernement de mission, alors que la communauté internationale conditionne toute aide financière au Liban à des réformes importantes.
Mercredi, l’ambassadeur saoudien Walid Boukhari s’était entretenu séparément avec les ambassadrices américaine et française, des réunions qui traduisent bien l’inquiétude de la communauté internationale face à cette impasse politique alors que le pays traverse une crise économique et sociale d’une ampleur inégalée. Selon notre correspondant politique Mounir Rabih, l'ambassadeur saoudien se rendra samedi à Moukhtara pour s'entretenir avec le leader druze Walid Joumblatt. Pour sa part, l'ambassadrice française Anne Grillo s'est entretenue avec le président du Parlement, Nabih Berry, jeudi à Aïn el-Tiné. Comme après son entretien avec M. Aoun, elle n'a pas fait de déclaration à l'issue de la réunion.
commentaires (19)
JE VOIS QUE LA RAISON A PREVALU. JE N,AIMERAI POINT ME RETROUVER DANS LA MEME SITUATION DE BRAS DE FER AVEC L,OLJ. QUE JE PRIE TRES AIMABLEMENT DE NE POINT CENSURER AUCUNE DE MES LIBRES EXPRESSIONS A MOINS QU,ELLE DEROGE AUX REGLES ETABLIES OU QU,ELLE INSULTE, CHOSE QUE JE NE PRATIQUE PAS DANS MES COMMENTAIRES.
JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA
15 h 53, le 26 mars 2021