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Politique - Décryptage

Aoun-Boukhari : une reprise de contact et des messages multiples

Moins de 24 heures après la réunion orageuse entre le chef de l’État et le Premier ministre désigné, Baabda accueillait dans une grande effervescence médiatique l’ambassadeur saoudien au Liban, Walid Boukhari. Cette visite était importante non seulement par sa seule tenue après presque deux ans d’interruption (la dernière visite de Boukhari à Baabda avait eu lieu le 19 juin 2019), mais aussi par son timing.

Baabda avait effectué une ouverture en direction des Saoudiens il y a près de 15 jours lorsqu’un émissaire présidentiel s’était rendu au siège de l’ambassade saoudienne au Liban. Il était porteur d’un message de la part de Aoun à Boukhari. Ce message exprimait clairement la volonté de la présidence d’ouvrir une nouvelle page dans les relations libano-saoudiennes qui avaient connu ces dernières années un certain froid, pour ne pas dire des crises. Le message présidentiel comportait aussi une invitation à se rendre à Baabda pour discuter en toute franchise des développements locaux et régionaux. Selon les règles protocolaires, un diplomate en fonction dans un pays peut difficilement ne pas répondre à une telle invitation. Mais il a toutefois toute la latitude d’en fixer la date. C’est donc sciemment que l’ambassadeur Walid Boukhari a choisi de se rendre à Baabda au lendemain du clash public entre le chef de l’État et le président du Conseil. Les milieux proches du courant du Futur affirment toutefois que l’heure et la date de la visite avaient été fixées avant le rendez-vous entre Aoun et Hariri. Ce que démentent les sources proches de Baabda. Quoi qu’il en soit, l’ambassadeur saoudien avait toujours la possibilité de choisir une autre date ou de réclamer un report pour de multiples raisons. Ce qu’il n’a pas fait. C’est pourquoi le timing de sa visite à Baabda est considéré par les milieux politiques comme un message clair au Premier ministre désigné. D’autant que depuis le retour de Boukhari à Beyrouth, il y a quelques semaines, il n’a eu aucun contact avec Hariri, alors qu’il a effectué une tournée auprès de personnalités politiques et religieuses. Cette visite est d’ailleurs intervenue au moment où des informations font état du refus des autorités saoudiennes de recevoir le président du Conseil désigné et de lui donner en quelque sorte un encouragement et une couverture politique régionale pour former le gouvernement attendu au Liban. De plus, au moment où Walid Boukhari était reçu par le chef de l’État, les anciens Premiers ministres tenaient leur réunion au domicile de Saad Hariri pour resserrer les rangs autour de lui et « réclamer le respect des prérogatives du Premier ministre sunnite ». Pour les milieux proches de Baabda, ne serait-ce que dans la forme, le communiqué lu par Fouad Siniora à l’issue de cette réunion a ainsi perdu de son impact. Certains médias proches du Futur ont estimé que la visite de Boukhari à Baabda « a provoqué une vague de colère au sein de la rue sunnite ».

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Donc, dans la forme, la visite du diplomate saoudien à Baabda a créé l’événement et a permis au chef de l’État de marquer un point dans le conflit qui l’oppose au Premier ministre désigné. Dans le fond, les sujets évoqués au cours de l’entretien qui a duré une quarantaine de minutes étaient à la fois internes et régionaux. Sur le plan interne, la question de la formation du cabinet a été abordée et, selon les sources de Baabda, le diplomate saoudien aurait insisté sur la formation rapide d’un gouvernement capable d’agir et de regagner la confiance de la communauté internationale. Selon les mêmes sources, le diplomate saoudien n’aurait à aucun moment montré que le royaume wahhabite tient particulièrement à ce que Hariri forme le gouvernement. Toujours selon les sources précitées, ce serait le chef de l’État qui aurait évoqué la personne de Saad Hariri et, à ce moment-là, l’ambassadeur aurait répondu : « Nous savons que vous êtes un homme sage et fidèle. »

Il a été ensuite question de l’accord de Taëf et de la nécessité de le préserver, ce qui a été interprété de diverses manières. Pour les milieux proches du courant du Futur, l’ambassadeur saoudien a voulu ainsi rappeler au chef de l’État que toute tentative de retirer le mandat parlementaire donné à Saad Hariri pour former le gouvernement serait une atteinte grave à l’accord de Taëf. Les milieux proches de la présidence estiment pour leur part qu’il s’agissait pour l’ambassadeur saoudien de dire à Hariri et à ceux qui l’appuient que si vous continuez ainsi, vous serez en train de pousser vers un nouvel accord et de faire passer Taëf au second plan. L’ambassadeur saoudien a aussi insisté sur l’application des résolutions internationales qui concernent le Liban, la 1701 et la 1559 notamment. Ce qui peut être interprété comme un rappel traditionnel de la position de principe saoudienne à l’égard du Liban ou comme un signe de la nécessité de désarmer le Hezbollah. Sur le plan régional, la guerre au Yémen et les positions officielles du Liban ont été abordées, notamment au sujet de la condamnation des agressions contre le territoire saoudien, ainsi que l’initiative saoudienne pour mettre un terme à la guerre dans ce pays, que Beyrouth a appuyée.

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En somme, cet entretien, qui est une sorte de reprise de contact entre la présidence libanaise et la diplomatie saoudienne, n’est pas vraiment entré dans les dossiers conflictuels. Mais il s’agit d’une tentative pour rétablir les ponts et éviter que les relations bilatérales ne soient impactées par le conflit entre Aoun et Hariri au sujet de la formation du gouvernement. Cette rencontre, qui est donc en elle-même un message fort, devrait être, selon les milieux proches de la présidence, suivie d’autres. L’ambassadrice de France a également été reçue à Baabda et d’autres rencontres sont envisagées. Le chef de l’État se dit déterminé à expliquer aux interlocuteurs internationaux sa véritable position au sujet du dossier gouvernemental alors qu’une campagne a été menée dans les médias pour le montrer comme la partie qui entrave la naissance du nouveau cabinet. 

Moins de 24 heures après la réunion orageuse entre le chef de l’État et le Premier ministre désigné, Baabda accueillait dans une grande effervescence médiatique l’ambassadeur saoudien au Liban, Walid Boukhari. Cette visite était importante non seulement par sa seule tenue après presque deux ans d’interruption (la dernière visite de Boukhari à Baabda avait eu lieu le 19 juin 2019),...

commentaires (6)

Je suis vraiment déçu par ce “ décryptage “ si avare en analyse profonde . Vous nous avez habitué à mieux que cela.

Citoyen Lambda

20 h 20, le 29 mars 2021

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Commentaires (6)

  • Je suis vraiment déçu par ce “ décryptage “ si avare en analyse profonde . Vous nous avez habitué à mieux que cela.

    Citoyen Lambda

    20 h 20, le 29 mars 2021

  • le mot décryptage, n'est pas approprié, à la fin de la lecture de votre article, on es plus dans les ténèbres que dans la clarté, absence d'éléments factuels, que du bla bla bla. juste une question . comment le royaume peut se rapprocher du président alors que son mandat est celui du parti de Dieu, ce dernier est le chitane pour l'Arabie saoudite . chere Madame, le silence dans ce cas est d'or .

    Élie Aoun

    11 h 39, le 26 mars 2021

  • Cette dame agit comme la porte-parole de Aoun, elle ne cite que les bobards de Baabda et occulte tout ce que Aoun a dit sur le tiers de blocage. Toute cette mise en scène est médiocre, donc ne mérite aucun commentaire. D’ailleurs les lecteurs ne se sont pas trompé et n’ont donné aucune suite à tout ça.

    Le Point du Jour.

    19 h 28, le 25 mars 2021

  • Ils sont capables de se rouler par terre et faire des pirouettes, cirer des bottes puis tendre la patte pour avoir quelques dollars pour se maintenir au pouvoir.

    Sissi zayyat

    12 h 52, le 25 mars 2021

  • L’état a été mis à sec et plus aucun denier pour payer les partisans et faire tenir la machine. alors on fait appel aux mêmes financiers des jours sombres après leur avoir craché à la figure en se faisant tout doux et tout respectueux jusqu’à obtention des aides pour leur refermer la porte au nez après, forts de leurs appuis vendus. Tout ça parce qu’ils refusent de restituer l’argent volé et préfèrent ramper et supplier pour se renflouer et reste au pouvoir. Ils se croient intelligents et pensent encore berner le monde. Ils doivent bien ricaner les saoudiens de la soudaineté de ce revirement qui ne laisse aucun doute quant à leur mesquinerie et petitesse avérées pour arriver à leur but.

    Sissi zayyat

    12 h 49, le 25 mars 2021

  • Reprendre les relations, relancer le contact, des expressions élégantes pour simplement ramper devant l‘Arabie Séoudite qu‘on a diffamé et insulté pendant des années. C’est une sortie tellement indigne. Se chamailler avec tout le monde pour ensuite s’abaisser et essayer de récupérer du terrain avec les différents partis et si cela ne fonctionne pas, les attiser l’un contre l’autre. On pense être subtil, c’est cela le problème.

    Khazzaka May

    12 h 00, le 25 mars 2021

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