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Société - Polémique

Karaki accuse l’hôpital Mont-Liban d’avoir « séquestré » un patient, l’établissement dément

Derrière les échanges d’accusations se profile la question des tarifs de remboursement de la CNSS face à l’explosion des frais d’hospitalisation.

Karaki accuse l’hôpital Mont-Liban d’avoir « séquestré » un patient, l’établissement dément

Le directeur de la CNSS, Mohammad Karaki. Photo ANI

« L’Hôpital Mont-Liban (Hazmieh) a séquestré pendant une semaine un patient qui ne pouvait régler les frais de son hospitalisation », s’est indigné mardi dans un communiqué le directeur de la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS), Mohammad Karaki. « Il s’agit d’un précédent qui relève de la loi de la jungle », a-t-il ajouté, accusant les responsables de l’hôpital de « ne se soucier ni d’humanité ni de droit ». L’homme était soigné dans l’établissement après avoir été contaminé par le Covid-19. « L’homme pris en otage n’a été relâché que lundi après s’être acquitté de la somme de 30 millions de livres en sus des 15 millions qu’il avait payés au préalable », déplore encore le directeur de la CNSS, qui juge d’une façon plus générale que « cet établissement hospitalier ne se conforme pas aux tarifications de la Sécurité sociale », avant d’annoncer la rupture du contrat entre les deux parties.

Ni pieds ni poings liés

Du côté de l’Hôpital Mont-Liban, on dément ces accusations. « Il avait été traité et devait sortir samedi dernier après sa guérison », indique un cadre de l’établissement sous couvert d’anonymat, soulignant que « (le malade) a voulu rester jusqu’à lundi, parce qu’il appréhendait son retour à la maison, pensant qu’il n’allait pas y être aussi bien soigné ». « Nous lui avons demandé de faire en sorte de trouver la somme due, mais nous ne lui avons tout de même pas lié les pieds et poings à son lit », poursuit le cadre, qui ajoute : « D’ailleurs comment aurions-nous pu le séquestrer alors que sa sœur est une employée de l’hôpital ? » Contacté par L’Orient-Le Jour, Mohammad Karaki n’en démord pas et n’hésite pas à qualifier l’acte reproché de « terroriste », soulignant que pendant la semaine de « séquestration », un cadre de la CNSS avait tenté sans succès de convaincre les responsables de l’hôpital de recourir à la justice plutôt que de retenir le patient. Disant comprendre les difficultés actuelles auxquelles sont confrontés les hôpitaux, il relève toutefois que « la situation est dure pour tout le monde ». « Ayant réalisé beaucoup de gains durant de nombreuses années, les établissements hospitaliers devraient faire preuve de patience durant cette période exceptionnelle, d’autant que leur mission est de servir les gens », martèle le directeur de la CNSS.

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Tout en contestant les accusations de M. Karaki, le responsable de l’Hôpital Mont-Liban précité ne cache pas son mécontentement face à la tarification « dérisoire » des remboursements, imposée par la CNSS. « La nuit au service de soins intensifs n’est remboursée que 400 000 LL par la Sécurité sociale. Ce montant suffit à peine à se procurer les équipements de protection individuelle (EPI) que médecins, résidents et infirmiers utilisent durant la garde », calcule-t-il, indiquant à titre de comparaison qu’ « en France, la nuitée aux soins intensifs est facturée 800 euros ». Et de citer un autre exemple : « La CNSS fixe le prix de l’accouchement à 210 000 livres, soit 18 $ au taux du marché parallèle. Comment, dans ces conditions, un hôpital pourrait-il maintenir le cap ? » « Les coûts réels sont exorbitants », observe ce responsable, évoquant « le paiement des corps médico-technique et infirmier, des médicaments, des trois repas quotidiens aux malades, ainsi que des dépenses d’électricité, de mazout, de literie, d’entretien, de nettoyage… » « La Sécurité sociale veut faire assumer aux hôpitaux l’augmentation incontrôlée des coûts alors que ses barèmes ont très peu changé depuis 1994 », dénonce-t-il enfin.

Une charge à laquelle M. Karaki répond. « Notre organisme fait tout ce qui est dans ses moyens pour soutenir le secteur hospitalier. Depuis 2011, des avances mensuelles sont versées sans interruption aux hôpitaux », assure le directeur de la CNSS. « Nos efforts se poursuivent pour hausser les prix des prestations », ajoute-t-il, annonçant par exemple que « le prix de la dialyse passera bientôt à 250 000 livres au lieu de 154 000 LL actuellement ». 

« L’Hôpital Mont-Liban (Hazmieh) a séquestré pendant une semaine un patient qui ne pouvait régler les frais de son hospitalisation », s’est indigné mardi dans un communiqué le directeur de la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS), Mohammad Karaki. « Il s’agit d’un précédent qui relève de la loi de la jungle », a-t-il ajouté, accusant les...

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