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Nos Lecteurs ont la Parole

Sensibiliser les jeunes face au harcèlement scolaire

Les chenapans. Ils me fusillent du regard, un simple regard, un moindre geste, je suis leur proie. Bouche cousue, des ficelles giclaient des appels, des braillements. C’est un SOS. Menottée à mon statut de oisive, de moucharde, les camarades prennent la rue contiguë, le couloir des témoins muets. Ni vu ni connu, je suis à présent un caméléon : mes écailles se mêlent aux teintes de la honte, de la culpabilité, du remords dont les canines effleurent le boulet que je tracte vers le tribunal de mon jugement. Entendez-vous ma détresse ? Leurs yeux révolvers m’aveuglent, me poussent dans un antre macabre. Les moulins de mon cœur tournent au son des murmures imprégnés de médisance, de sadisme. Mes maintes tentatives d’esquiver ce spleen sont vaines, stériles. Quand c’est ? Les condisciples se voilent la face et reversent leurs capes ternies par la comédie, les sourires forcés, les artifices des demandes. Rendez-vous sur une planète où la pauvre brebis résiste, où le loup vicieux mord à l’hameçon, où les averses figent les risques. J’ai cligné des yeux, je perçois des taïpans, ils rampent tous vers mes pieds, événement inaccoutumé, mais serait-ce pour demander mon pardon, pour reconnaître leurs torts ? Négatif. Un hourvari de questions me submerge, une force incongrue me mène dans mon inconscient : où suis-je ? Je me retrouve dans un donjon, j’entends des pleurs, serait-ce des élégies ? À qui sont-elles destinées ? Au foyer, les oreilles sont recroquevillées sur elles-mêmes. « Ton imagination déborde », « Ce n’est pas le moment ». Ce n’est jamais le moment. Vous êtes tous les mêmes, vous ne voulez pas de pêle-mêle, vous ne supportez que les êtres intacts. Ma haine m’entraîne dans le flux de la rivière peinée. Vous, les anguilles chargées de venin, d’électrons, je ne subirais pas vos décharges électriques. Je m’abstiens de cela, catégoriquement. À tous les visages dont les muscles buccinateurs sont relâchés, à tous ceux dont les jours sont des nuits éternelles, ne vous éclipsez point. La vie est une marchande radine, une confrontation inévitable, la lutte est synonyme de survie. « Ce n’est pas moi, c’est lui » : le harcèlement est un manège incessant, un cercle vicieux qui pousse les coupables à fuir la vérité, à se taire, à menacer de plus belle les victimes. Je m’en vais, dernière phrase de nombreuses personnes, d’élèves qui se font ignorer, marginalisés même par la justice. Banaliser, dégrader, déformer les faits, les mots, les actes engendrent des séquelles irréversibles. Je suis un être frêle, toutefois, je tente inlassablement de me construire.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Les chenapans. Ils me fusillent du regard, un simple regard, un moindre geste, je suis leur proie. Bouche cousue, des ficelles giclaient des appels, des braillements. C’est un SOS. Menottée à mon statut de oisive, de moucharde, les camarades prennent la rue contiguë, le couloir des témoins muets. Ni vu ni connu, je suis à présent un caméléon : mes écailles se mêlent...

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