Le débat sur les modalités de versement des aides de la Banque mondiale relancé au Liban ?

Les aides financées par le prêt à taux préférentiel de 246 millions de dollars récemment proposé par la Banque mondiale (BM) et approuvé la semaine dernière par le Parlement libanais pourraient finalement être versées en devises aux familles à qui elles sont destinées. C’est en tout cas ce qu’a rapporté Reuters hier en se basant sur un courrier non daté adressé au ministre sortant des Finances, Ghazi Wazni, et signé par la coordinatrice spéciale adjointe des Nations unies pour le Liban, Najat Rochdi, le chef de la mission diplomatique de l’Union européenne à Beyrouth, Ralph Tarraf, et le directeur régional de la BM, Saroj Kumar Jha. Le texte a été également partagé sur les réseaux sociaux.

Contacté, le service de presse du ministère des Finances n’a fait aucun commentaire. Sur son compte Twitter, l’ancien banquier Dan Azzi a, lui, évoqué le « décès officiel » des modalités précédentes de décaissement du prêt. Celles-ci prévoyaient que les aides devant être directement reversées à au moins 147 000 familles (près de 800 000 Libanais) soient décaissées en livres à un taux de 6 240 livres libanaises pour un dollar. Ce taux, négocié en amont du vote du prêt, est inférieur à celui du marché parallèle, mais supérieur à la parité officielle et au taux de 3 900 livres employé pour décaisser les « lollars » - les dollars bloqués dans les banques du pays, en crise depuis plus d’un an et demi. La parité officielle est toujours fixée à 1 507,5 livres pour un dollar par la Banque du Liban (BDL).

« Accord verbal »
Le courrier cité par Reuters se réfère, lui, à un « accord verbal » qui avait été conclu entre Ghazi Wazni et le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, et qui a été évoqué lors d’une réunion le 22 février dernier entre les organisations représentées par les signataires du courrier d’un côté, le Premier ministre sortant Hassane Diab et Riad Salamé de l’autre. L’accord en question prévoyait de « faciliter le versement des aides humanitaires et de développement en devises fortes tant que la situation actuelle (marquée) par la coexistence de plusieurs taux de change persiste ». Le dollar américain, la livre sterling, l’euro, le yen japonais ou encore le franc suisse entrent dans la catégorie des devises fortes.

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Aide internationale au Liban : sortir de la spirale de l’échec

Les signataires du courrier ont de plus fait part de leur volonté de « discuter avec les autorités libanaises des potentiels problèmes » liés à la distribution de ces aides en devises. Ils ont enfin demandé aux autorités de leur transmettre des « lignes directrices » pour organiser cette distribution. Les signataires ont cependant suggéré aux autorités libanaises de discuter au préalable d’un nouvel ajustement du taux de change utilisé pour convertir ces aides en livres dans le cas où leur décaissement en dollars serait techniquement difficile à mettre en œuvre.

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Les aides financières directes aux pauvres ne sont pas la solution

Le débat sur les modalités de versement de ces aides fait rage depuis que la BM a donné une première fois son feu vert au déblocage du prêt à la mi-janvier. Le taux dollar/livre, en chute libre depuis le début de la crise, flottait alors au-dessus de 9 000 livres pour un dollar sur le marché parallèle, contre plus de 14 000 hier. Certains observateurs avaient alors accusé les responsables libanais et la BDL de tenter de détourner une partie de l’aide en fixant un taux de décaissement en livres inférieur à celui du marché parallèle. Mais la BM doit encore accepter les modifications votées par le Parlement vendredi dernier, et qui ont notamment demandé à réallouer à l’enveloppe des aides directement versées aux familles, un montant de 21 millions de dollars initialement réservé pour constituer la base de données devant permettre de contrôler la transparence des opérations de décaissement.