Une forte instabilité était enregistrée samedi sur le marché parallèle du change au Liban, au cours des dernières heures, certaines sources proches de changeurs évoquant pour L'Orient-Le Jour un nouveau taux record de la livre libanaise qui aurait atteint les 12.250 L.L. pour un dollar. Une information confirmée par une source bancaire qui évoque, elle, un taux dépassant les 12.000 L.L. dans les bureaux de change de certaines régions, notamment dans la Békaa et au Liban-Nord.
Les plateformes compilant le taux de change dans le pays, normalement rendues inaccessibles par les autorités mais encore disponibles en utilisant un VPN (virtual private network) ne donnaient, elles, aucun taux pour ces derniers jours, dénonçant une "manipulation" des taux.
Pour protester contre cette hausse subite du taux, des manifestations ont éclaté à travers le pays.
Dans ce climat d'instabilité sur le marché noir, des rumeurs continuaient de circuler dans la journée selon lesquelles les banques continuent d'avoir recours au marché noir pour acheter des devises, des informations toutefois démenties par les établissements bancaires. L’Association des banques du Liban (ABL) avait déjà nié il y a une dizaine de jours toute responsabilité dans la dépréciation de la livre libanaise face au dollar, au lendemain du dépassement du seuil des 10.000 livres pour un dollar. Les banques sont notamment accusées de se ruer sur le marché noir pour s'approvisionner en dollars alors qu'elles doivent augmenter leur capital, à la demande de la Banque centrale, afin d'échapper à une liquidation. Des sources bancaires avaient toutefois démenti ces informations, arguant du fait que les montants requis pour cette augmentation de capital dépasse largement le volume disponible sur le marché parallèle.
Cette instabilité a été enregistrée malgré des mesures prises depuis lundi par les autorités pour tenter de freiner la hausse affolante du taux, qui avait atteint les 10.000 L.L. il y a moins de deux semaines. Les dirigeants avaient ainsi recommandé d'arrêter les changeurs illégaux et de faire fermer les plateformes en ligne indiquant les taux de change du marché parallèle. Si des plateformes ont été bloquées sur les réseaux Internet fournis par la société de télécoms libanais Ogero, elles demeurent disponibles par réseau mobile ou en utilisant un VPN. Par ailleurs, plusieurs changeurs non-agréés ont été arrêtés ces derniers jours dans plusieurs régions du Liban, notamment au Sud, dans le Mont-Liban et la Békaa.
Après que la barre psychologique des 10.000 LL pour un dollar a été franchie, la rue s'était à nouveau mobilisée et des protestations et blocages de routes s'étaient multipliés à travers le Liban, avant que la situation ne se calme avec l'intervention, mercredi dernier, de l'armée pour rouvrir les voies de circulation.
Depuis un an et demi, le Liban connaît une grave crise économique et financière, marquée par la dépréciation de la monnaie nationale et une inflation galopante. Un marasme aggravé par les mesures de confinement sanitaire mises en place pour lutter contre la pandémie de coronavirus et la double explosion meurtrière au port de Beyrouth, en août de l'année dernière. A ces crises s'ajoute un blocage politique avec l'incapacité des protagonistes à former un gouvernement depuis sept mois.
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Et les demeurés continuent à suivre leurs tortionnaires et à crier leurs noms les prenant pour des saint Sulpice alors que ce sont des saints supplices. Ils doivent aimer ça puisqu’ils il en redemandent.
Sissi zayyat
13 h 36, le 14 mars 2021