Le pays est dans le cirage et Tonton Hassane navigue à vue, quoique baignant dans des vapeurs glauques. Présidents, ministres et députés posent en gueules masquées et laissent étaler leur bonne santé. L’appétit vient en faisant semblant de travailler.
Placé sous respiration artificielle par le binôme iranien et syrien, et plutôt que de se pencher sur des questions aussi terre à terre que le prix du pain et le sort d’une livre libanaise juste bonne à être recyclée dans les déchetteries, le pouvoir s’occupe à faire du vent en nous servant son verbiage autiste sur d’hypothétiques négociations irano-US, et un retour rêvé des réfugiés syriens. L’appel du large, encore et toujours !
Dans ce paysage lunaire où l’on ne compte plus les cratères dans l’asphalte, voilà maintenant que les militaires entrent dans la danse. Chemin classique des pays arriérés rendus ingouvernables par une classe politique corrompue et quasiment analphabète, où la Grande Muette devient brusquement une grosse bavarde. Faut dire à la décharge du Aoun Nouveau que tous ses camarades, y compris ses confrères allant du gendarme au sandwich jusqu’aux pieds nickelés du service « cyber-ferme-la », tous sont sur les dents. Les dents des autres. Comprendre : les bouviers de la politique en priorité, les émeutiers coupeurs de routes accessoirement.
C’est quand même rageant. On aurait pu vivre dans un pays sous-développé ordinaire, se payer un dictateur BCBG à lunettes noires, avec une carpette de breloques et autres colifichets sur le plastron comme dans les bananeraies arabes et africaines championnes de la caricature électorale des 99 % et des dynasties préfabriquées. Ces pays émergents qu’on fait émerger à coups de trique ! Ça aurait d’abord permis des économies, puisqu’on n’aurait eu qu’un seul portrait à tirer. Et puis, on l’aurait acclamé, notre dictateur, lui aurait chanté « par notre âme et notre sang » et tout le tintouin, comme font les déficients profonds en mal de paternité. Mais non, il a fallu qu’on soit né sur un caillou anormal, formé de 17 ou 18 tribus faisant toutes commerce de Dieu et des siens, ingouvernables, indécrottables. Encore faut-il le trouver, le mec à poigne capable d’adorer à la fois une quinzaine de divinités pour contenter tous ces Suisses d’Orient dévalués. Il n’empêche, le spectacle promet d’être exaltant. Le tout maintenant est de ne pas se tromper de général.
Alcazar contre Tapioca, Hergé doit frétiller dans sa tombe !
gabynasr@lorientlejour.com
Placé sous respiration artificielle par le binôme iranien et syrien, et plutôt que de se pencher sur des questions aussi terre à...
commentaires (6)
Intelligence militaire est une contradiction.
aliosha
12 h 58, le 14 mars 2021