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Nos Lecteurs ont la Parole

En terre d’Abraham, à la recherche de la Voix

En terre d’Abraham, à la recherche de la Voix

À Ur, la voix retentit : « Je veux la miséricorde, pas le sacrifice », et François répliqua : « Que le fracas des armes se réduise au silence. » À Ur, ici débuta la paix sur terre. C’est ici où les religions se rencontrent, et l’homme en blanc répondit : « Le Ciel nous accorde l’union », « nous sommes ici pour témoigner la paix ». « La paix est le chemin de tous, la paix est l’audace des vaillants. »

En messager de paix et de fraternité, le pape François arrive en Irak un 5 mars 2021. Il réalise un rêve de Jean-Paul II qui, à deux reprises, en 1980 et 1999, voulait visiter l’Irak, mais les deux visites avaient été annulées. La visite du pape François forme une station charnière dans l’histoire des religions. C’est ici, en Mésopotamie, en terre d’Abraham, que le dialogue des religions sera propice et fructueux. Ainsi, le pape François se rend dans la ville de Najaf, chez le grand ayatollah Ali Sistani, le leader politique et spirituel chiite. C’est un moment fort entre les deux hommes. Respectueusement et majestueusement, l’un nonagénaire, l’autre octogénaire, mais parfaitement conscients de leur délicate tâche humanitaire pour consolider la paix et la fraternité entre les hommes.

« Le grand ce n’est pas celui qui possède, mais c’est le démuni. » « Le puissant ce n’est pas celui que la foule acclame, mais c’est l’humble et le modeste. » C’est l’appel fervent du pape dans son homélie à la cathédrale Notre-Dame de la Délivrance des syriaques, qui a été rebâtie après les massacres de 2015.

À la cathédrale Saint-Joseph des chaldéens, le président irakien et son épouse, le président de la Chambre, le Premier ministre et son épouse, les prélats et hauts dignitaires religieux de toutes les confessions assistaient à la messe. « La compassion, la miséricorde, l’humilité, la promesse, la convivialité nous guident à la fraternité. » C’est l’appel de François devant une foule immense. « À partir de notre humilité, de notre faiblesse, on pourra faire des miracles », proclamait-il.

De son côté, le patriarche Sakho s’adressa à Sa Sainteté, évoquant le « document signé avec le cheikh d’al-Azhar et la rencontre avec l’ayatollah Sistani, avec lesquels vous avez incarné la fraternité de manière à répandre la culture de la coexistence ». Et d’ajouter : « Votre visite incarne un éveil contre l’extrémisme pour l’ouverture et le pardon. Ainsi, l’entente nationale fait de l’Irak une Maison pour tous. Sur les pas d’Abraham, la présence des chrétiens d’Orient n’est qu’une volonté divine. »

Dans la plaine de Ninive, source des chrétiens d’Orient, de Mossoul à Qaraqoch, villes martyres parmi tant d’autres où les chrétiens ont été évincés de leur terre, et où leurs demeures et leurs églises ont été bafouées, humiliées et saccagées, à ces chrétiens qui gardent encore des blessures intenses dans leur cœur, François a dit : « Je suis venu en repentant, demandant le pardon du Ciel et des frères, pour les destructions et la cruauté des hommes. »

À l’église de l’Immaculée, de la ville sinistrée de Qaraqoch, l’église la plus grande d’Irak et du Moyen-Orient, le pape François prie le Seigneur d’offrir à cette terre l’unité dans la diversité où cohabitent différentes confessions et appelle au pardon. « Armez-vous du courage et ne désespérez pas », proclame-t-il.

À Erbil, dans le Kurdistan, où la majorité des chrétiens se sont réfugiés – 20 000 seulement ont été rapatriés –, le pape François a célébré le dimanche 7 mars 2021 sa plus grande messe au stade Franso Hariri, en présence de hauts responsables et de quelque 10 000 croyants. « Je vous offre une touche de tendresse de toute l’Église qui est proche de vous et du Moyen-Orient, souligne-t-il. C’est ici, en Irak, où les habitants portent les blessures de violence. Le Seigneur a envoyé Jésus-Christ pour purifier le temple. Ainsi, notre cœur doit être purifié. Nous ne devons pas croiser nos mains. Non à la vengeance, la place est au pardon, à l’amour, à la justice et à la paix. »

A-t-il trouvé la Voix ? Avant de quitter l’Irak, le pape François annonce : « L’Irak restera toujours avec moi. » Visite historique, dira-t-on ?

Oui, n’est-elle pas une continuité des deux rencontres précédentes, en Égypte et Abou Dhabi ? Et effectivement entre al-Azhar et le Vatican, d’une part, et le Vatican et al-Najaf, d’autre part ? N’est-elle pas un appel au vivre-ensemble, à la lumière du pluralisme et de la diversité ? N’est-elle pas un refus des guerres, en faveur de la construction des ponts entre les religions ? N’est-elle pas enfin le moyen impératif d’endiguer l’hémorragie de la source pour préserver l’embouchure ?

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À Ur, la voix retentit : « Je veux la miséricorde, pas le sacrifice », et François répliqua : « Que le fracas des armes se réduise au silence. » À Ur, ici débuta la paix sur terre. C’est ici où les religions se rencontrent, et l’homme en blanc répondit : « Le Ciel nous accorde l’union », « nous sommes ici pour témoigner la...

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