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Politique - Liban

Raï tance les responsables "incapables" de faire face aux "défis mortels" du pays

"Je vous le demande au nom du peuple souffrant : comment pouvez-vous dormir alors que les citoyens se meurent chaque jour ?", lance le métropolite de Beyrouth aux dirigeants.

Raï tance les responsables

Le patriarche maronite, Mar Béchara Boutros Raï, à Bkerké le 7 mars 2021.

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a une fois de plus tancé avec virulence dimanche les autorités libanaises, "incapables" de faire face aux "défis mortels" du pays; il les a appelées à "se réconcilier avec le peuple, dont ils ont gaspillé l'argent et les espoirs", à l'heure où le pays du Cèdre est en proie à des crises politique, économique et sociale.

"Nous sommes désormais dans une phase de défis mortels pour notre pays et son peuple. Les autorités politiques et le pouvoir en place sont incapables de régler nos crises internes, qui conduisent à la mort", a souligné Mgr Raï dans son homélie dominicale depuis Bkerké. "Vous, les responsables, réconciliez-vous avec la politique et avec les gens dont vous avez gaspillé l'argent, les espoirs, ceux que vous avez jetés dans la pauvreté, la faim et le chômage !", a déclaré le patriarche maronite. "Cette situation (de crise) n'a ni religion, ni confession, ni parti, ni région. Il ne reste au peuple que la rue. Il est descendu pour réclamer ses droits et, en tête, la formation d'un gouvernement."

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Le Liban est sans gouvernement depuis près de sept mois, suite à la démission du gouvernement de Hassane Diab dans la foulée des explosions meurtrières au port de Beyrouth le 4 août dernier. Désigné le 22 octobre, le Premier ministre Saad Hariri n'est toujours pas parvenu à former un cabinet, en plein bras de fer politique avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, sur l'attribution des portefeuilles. Samedi, le Premier ministre sortant, Hassane Diab, s'est dit prêt à "s'abstenir de remplir ses fonctions si cela contribuait à la formation d'un gouvernement", alors que le pays est "au bord de l'explosion". 

"Au bord de l'explosion"

"Comment ce peuple peut-il ne pas se révolter alors que le taux de change d'un dollar a dépassé 10 000 livres libanaises du jour au lendemain ? Comment ce peuple peut-il ne pas se révolter alors que le salaire minimum mensuel est tombé à 70 dollars ? Comment ce peuple peut-il ne pas se révolter alors que ses poches sont vides, qu'il ne peut ni acheter ni pain ni médicaments ni s'assurer une éducation ?", s'est exclamé Mgr Raï. "Nous espérions que les Libanais soient égaux dans l'abondance. Avec un pouvoir failli, ils sont égaux dans la pauvreté. Comment vivent les employés licenciés et ceux qui ne reçoivent pas leur salaire ?", s'est encore interrogé le dignitaire religieux. "Et il y en a encore qui se demandent pourquoi la colère des gens explose et qui provoque les manifestations", a lancé le patriarche pour discréditer les accusations de certains partis, selon lesquels les contestataires seraient manipulés par d'autres formations politiques.

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Le Liban connaît depuis l'été 2019 une grave crise économique et financière, marquée par la dépréciation de la monnaie nationale et une inflation galopante. La livre libanaise a battu un nouveau record de dépréciation en s'échangeant samedi aux alentours de 10.450LL contre le dollar, et de nombreux Libanais ont battu le pavé dans tout le pays pour exprimer leur colère contre les dirigeants.

"Crise d'appartenance"

"Les Libanais ne sont confrontés à une crise de système mais à une crise d'appartenance portant sur l'essence même de ce qu'est le Liban. Si les crises étaient survenues alors que la Constitution avait été appliquée, nous aurions parlé d'une crise de système, mais elles se sont produites suite à une violation du système, ce qui a conduit à une appropriation de l'Etat (par certains) et une altération de la patrie et de la citoyenneté", a dénoncé le dignitaire. "La preuve de cela réside dans le processus de formation du gouvernement", au point mort depuis des mois, a-t-il dit, critiquant "un retard délibéré". "Ce qui se passe n'a rien à voir avec la Constitution, mais bien avec l'identité d'un Liban unifié, neutre, démocratique, fidèle au Pacte national (de 1943) et souverain à l'intérieur et à l'extérieur de ses frontières", a estimé le prélat, dans une allusion à peine voilée à la présence armée du Hezbollah. Lors du rassemblement à Bkerké, le 27 février dernier, il avait déjà appelé à la "libération de l’État", maintenant que "le territoire a été libéré".

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"Nous avons appelé à une conférence internationale pour le Liban, au cours de laquelle nous, Libanais, ferions lumière sur nos maux, qui résultent de la non-application du Pacte national, dans son texte et dans son esprit et des violations de la Constitution, et du pacte de la coexistence qui est la base de la confiance nationale et de la légitimité de l'autorité", a annoncé Mgr Raï. "Notre nation libanaise doit être un lieu de rencontre, et non de séparation", a-t-il affirmé. "Nous ne laisserons personne s'emparer du peuple par la force et le déformer. Nous persisterons, et le peuple est plus fort que ceux qui portent atteinte à notre patrie, quels que soient leurs moyens !", a-t-il conclu.

Dans cette homélie, le prélat a aussi salué la présence du pape François à Mossoul en Irak et appelé les chrétiens d'Irak à "rester résilients sur leurs terres, à lutter contre le terrorisme et garantir la liberté et la dignité des hommes".

"Comment pouvez-vous dormir ?"
Pour sa part, le métropolite de Beyrouth, Mgr Élias Audi, a demandé aux responsables politiques "comment ils parviennent à dormir quand le peuple se meurt chaque jour", lors d'une homélie dans laquelle il s'est également montré très dur vis-à-vis des autorités. "Vous avez divisé le peuple en factions confessionnelles pour le garder sous votre coupe, a-t-il accusé. Si vous travailliez pour les droits des citoyens, pourquoi les avez-vous tués par vos jeux politiques, économiques et financiers, lui ôtant leurs biens et l'espoir en un avenir meilleur ?". "De quels droits parlez-vous, alors que dans le pays les citoyens, qu'ils soient chrétiens ou musulmans, ne peuvent pas acheter un paquet de pain pour nourrir leurs enfants ?", s'est interrogé le prélat. "Je vous le demande au nom du peuple souffrant : comment pouvez-vous dormir alors que les citoyens se meurent chaque jour ?", a-t-il lancé.

Mgr Audi a encore dénoncé une "aggravation de la situation" au Liban, un an et demi après le soulèvement du 17 octobre, au cours duquel avait "explosé la colère populaire" face à un "rétrécissement de l'horizon" et un "obscurcissement des perspectives". "Les gens ont perdu le peu d'espoir qu'il leur restait. La manipulation du taux du dollar a fait perdre toute sa valeur à la monnaie nationale, dans l'insouciance générale", a-t-il ajouté, estimant que "la vie dans ce pays est devenue comme brûler dans le feu de l'enfer". Avec cette phrase, le métropolite faisait référence aux propos du chef d'Etat, Michel Aoun, qui estimait fin septembre 2020 que "sans gouvernement, nous irons tout droit en enfer". 


Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a une fois de plus tancé avec virulence dimanche les autorités libanaises, "incapables" de faire face aux "défis mortels" du pays; il les a appelées à "se réconcilier avec le peuple, dont ils ont gaspillé l'argent et les espoirs", à l'heure où le pays du Cèdre est en proie à des crises politique, économique et sociale."Nous sommes désormais...

commentaires (7)

On a eu un Président qui brandissait le slogan 10452 km2 mais il a été assassiné et son assassin qui a avoué son crime a été libéré par l’armée syrienne et qui se trouve toujours à Damas au vu et au su de tout le monde sans que l’Etat libanais avec tout son prestige ne réclame l’extradition de cet assassin. Et puis on a un président des 10452 LL pour un $. Qu’a t on fait au Bon Dieu pour mériter un tel sort ?

Lecteur excédé par la censure

21 h 12, le 07 mars 2021

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Commentaires (7)

  • On a eu un Président qui brandissait le slogan 10452 km2 mais il a été assassiné et son assassin qui a avoué son crime a été libéré par l’armée syrienne et qui se trouve toujours à Damas au vu et au su de tout le monde sans que l’Etat libanais avec tout son prestige ne réclame l’extradition de cet assassin. Et puis on a un président des 10452 LL pour un $. Qu’a t on fait au Bon Dieu pour mériter un tel sort ?

    Lecteur excédé par la censure

    21 h 12, le 07 mars 2021

  • C’est qui lui déjà? Ce n’est pas Aoun qui représente les chrétiens? Je ne comprends plus rien. Selon ses partisans il est assis à la droite de Dieu. Il y en a même qui prétendent que c’est plutôt Dieu qui est assis à sa gauche, mais je crois qu’ils exagèrent...

    Gros Gnon

    20 h 26, le 07 mars 2021

  • L’état libanais devient un repaire de mafiosis en forme de pyramide. Du sommet jusqu’à la base, rien que la mafia et la pègre qui gouvernent ce pays. Il faut en finir une fois pour toutes avec cette caverne de Ali Baba en allant déposer des pneus enflammés autour de toutes les demeures de ceux qui nous gouvernent. Et ce, à partir du sommet de la pyramide jusqu’aux plus profondes pierres de sa base. Sans cela, point de salut. Ceux qui ont fait sauter des tonnes de nitrate au port de Beyrouth sont connus de tout le peuple et inconnus de nos autorités. Pourtant, le désastre de cette bombe est évalué selon certaines sources à un 1/10e de la bombe de Hiroshima. Mais nos gouvernants n’ont rien vu ni entendu. Balayez-les tous !

    Un Libanais

    18 h 49, le 07 mars 2021

  • La colère du peuple est restée contenue jusque là malgré toutes les atrocités subies en espérant que tous ces gens auront la décence de renoncer à leurs postes puisque devenus riches, pour céder leurs places à des personnes compétentes pour sauver le pays et son peuple. Rien que pour ça, il faut inventer un prix Nobel de la paix pour les peuples et le décerner au peuple libanais, ce peuple qui a tout encaissé après tant d’années de guerre pour éviter le chaos et la mort qu’il voulait éviter à tout prix. Malheureusement les gens au pouvoir ont prix leur sagesse pour de la faiblesse et continuent à les torturer tous les jours un peu plus. Alors qu’ils s’attendent maintenant à un retournement de situation car la réaction des citoyens humiliés est beaucoup plus féroce qu’ils ne s’imaginent après tant de frustrations, et les seuls qui vont payer sont ceux qui les ont pris pour une quantité négligeable et misent encore sur leur lassitude. Ils seront puni un à un pour chaque crime qu’ils ont commis à leur encontre et sans oublier aucun. Les frontières leurs seront grandes ouvertes mais ils ne voudront pas s’y échapper car ils savent que partout dans le monde on les attend avec les menottes pour les accueillir comme il convient à leur viles personnes et leur accorder une cellule sans eau ni chauffage une fois jugés pour leur faire goutter à la misère qu’ils ont imposé aux citoyens libanais. Ça ne sera que justice rendue à tous les libanais.

    Sissi zayyat

    15 h 49, le 07 mars 2021

  • Le patriarche aura beau rappeler les (ir) responsables politiques leurs obligations, rien n'y fera, après avoir laissé tomber le pays en capilotade ces dirigeants dénient au peuple le droit de réclamer ses droits.. la seule issue serait de renverser la table et tous les couverts....

    C…

    15 h 09, le 07 mars 2021

  • LES PREMIERS RESPONSABLES DES CATASTROPHES DU PAYS ET DE L,APPAUVRISSEMENT DES CITOYENS SONT CEUX QUI ONT PRATIQUE LES BOYCOTTAGES CONSECUTIFS, A COMMENCER PAR DEUX ANS ET DEMI SANS PRESIDENCE DONC PRATIQUEMENT SANS GOUVERNANCE POUR QUE AOUN ACCEDE AU POUVOIR SANS ENUMERER LES DIZAINES DE BOYCOTTAGES POUR NE PAS LAISSER LES GOUVERNEMENTS GOUVERNER QUE SEULEMENT EN APPLIQUANT LES ORDRES QUE LES MERCENAIRES DONNAIENT A LEUR PARAVENT CPL QUI S,EXECUTAIT. LES CRIMINELS SONT TOUS DESIGNES : HEZBOLLAH, AMAL ET CPL. - PATRIARCHE RAI OSE NOMMER. NOUS SAVONS QUE VOUS PARLEZ D,EUX MAIS LES NOMMER DONNE PLUS DE POIDS A VOS HOMELIES. LE CANCER ET LA GANGRENE NE SE CACHENT PAS. LE CORPS RESTERA MALADE JUSQU,A EN MOURIR SI CES MEMBRES MALADES NE SONT PAS AMPUTES DE CE CORPS POUR LA SAUVER. CONTINUEZ VOTRE CHEMIN D,INTERNATIONALISATION A MOINS QU,ILS DEPOSENT LES ARMES ET DISSOLVENT LEURS MILICES ET LEURS PARAVENTS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 48, le 07 mars 2021

  • Les manifestations ne sont rien à ce qui pourrait arriver (et qui arrivera étant donné l'incompétence des gens en place à tous les niveaux). La révolution ( la vraie ) va arriver mais celle là, ne sera pas cantonnée à fermer les routes malheureusement mais elle va faire mal et tout ravager. A ce moment, ces gens dans leurs palais vont devoir se planquer . Et ce, au cas où ils échapperont à la potence du peuple et de leurs propres gens qu'ils croyaient acquis. Ils doivent savoir qu'ils ne peuvent pas justifier qu'ils sont en opposition pour combattre la corruption et en même temps au pouvoir depuis plus de 2 décénnies....

    LE FRANCOPHONE

    13 h 29, le 07 mars 2021

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