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Politique - Crise

Le dialogue direct entre Bkerké et le Hezbollah reprendra incessamment

Les propos de Hassan Nasrallah ont été mal interprétés, assure-t-on de source proche du parti chiite.

Le dialogue direct entre Bkerké et le Hezbollah reprendra incessamment

Le patriarche Raï s’adressant à la foule rassemblée à Bkerké le samedi 27 février, un discours qui a été perçu par certains comme défavorable au Hezbollah. Anwar Amro/AFP

C’est avec un réalisme nourri aux expériences du passé qu’un dialogue direct devrait se renouer entre Bkerké et le Hezbollah, pour lequel une date doit encore être fixée, affirme une source proche du siège patriarcal. Ce dialogue, rendu nécessaire par le tollé soulevé après les récentes prises de position du patriarche maronite, notamment lors du rassemblement de Bkerké samedi dernier, réunira, côté chrétien, Mgr Samir Mazloum, vicaire patriarcal maronite, et Harès Chéhab, président du comité national pour le dialogue islamo-chrétien, et du côté du Hezbollah, Mohammad Saïd Khansa et Moustapha Hage Ali, tous deux membres du bureau politique du parti chiite. Le patriarche Béchara Raï, qui appelle depuis quelques semaines à l’organisation d’une conférence internationale sous l’égide de l’ONU pour se pencher sur la crise au Liban et défend le principe de neutralité auquel il souhaite désormais conférer un caractère constitutionnel, a prononcé un discours virulent samedi dernier à l’encontre de ceux qui « paralysent les institutions » du pays, dénonçant sans détour le principe de « deux pouvoirs au sein d’un même État » et l’arsenal du Hezbollah.

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Ce discours a été vivement critiqué dans les milieux proches du Hezbollah et a réveillé de vieux démons auprès du public du parti chiite. Une source proche du Hezbollah, citée par l’analyste Kassem Kassir, indique que la rencontre entre les deux parties se tiendra la semaine prochaine, probablement mercredi. Selon la même source, la communication entre le siège patriarcal et le Hezbollah n’a « jamais été interrompue, mais elle s’était limitée depuis quelque temps à des entretiens téléphoniques, en raison de la pandémie. Les nouvelles propositions du patriarche et le rassemblement de Bkerké ont toutefois rendu le contact direct nécessaire, et à la suite d’un entretien entre Mohammad Khansa et Harès Chéhab, il a été convenu d’un rendez-vous ».

Selon M. Kassir, les positions du secrétaire général du Hezbollah, qui avait assimilé dans son dernier discours l’appel à une internationalisation du dossier libanais à une déclaration de guerre, « ont été mal entendues et interprétées comme étant dirigées contre le patriarche maronite. En réalité, il n’en est rien, et le parti de Hassan Nasrallah, qui nourrit envers le chef de l’Église maronite et ce qu’il représente tout le respect qui leur est dû, souhaite expliciter son propre point de vue sur les sujets soulevés, apaiser et rétablir la communication avec le siège patriarcal, et passer de la controverse au dialogue ».

Points de vue diamétralement opposés

Une source au courant des détails du dialogue attendu affirme néanmoins ne pas comprendre comment les points de vue diamétralement opposés, exprimés au préalable par le patriarche maronite et le commandement du Hezbollah, peuvent désormais converger, notamment en ce qui concerne la « neutralité positive » du Liban ou encore la tenue d’une conférence internationale parrainée par l’ONU pour redéfinir la place de ce pays sur la carte géopolitique. Pour la source précitée, « s’il faut agir, c’est maintenant ou jamais. On a trop attendu. Il n’est plus permis de patienter. Devant cette déroute totale, il est temps que le peuple se ressaisisse ».

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Pour sa part, une source ecclésiastique précise : « Dans un monde interconnecté, il y a différentes manières de comprendre ce que le patriarche recherche quand il réclame une conférence internationale sous l’égide de l’ONU. Avec l’initiative française et la conférence CEDRE, le Liban est déjà engagé dans une sorte de processus d’internationalisation, indispensable pour le dégager de la crise économique et financière qui l’étouffe. Le recours à une conférence internationale devrait être compris moins comme une ingérence que comme une assistance à un pays ami en danger. » Et la source ecclésiastique de relever qu’en s’adressant, en février dernier, aux membres du corps diplomatique accrédités auprès du Saint-Siège, le pape François avait souhaité « un engagement politique national et international renouvelé pour favoriser la stabilité du Liban ». Il a par conséquent appelé la communauté internationale à prendre plus d’initiatives diplomatiques en ce sens, ou à s’abstenir d’initiatives qui « affaibliraient la communauté chrétienne et risqueraient de détruire l’équilibre interne et la réalité libanaise ». On peut également citer ces paroles du pape, prononcées à la même occasion, enchaîne la source ecclésiastique : « Il est plus que jamais nécessaire que le pays garde son identité unique, pour assurer l’existence d’un Moyen-Orient pluriel, tolérant et divers, où la présence chrétienne peut offrir sa contribution et n’est pas réduite à une minorité qu’il faut protéger. »

Critiques iraniennes

Enfin, citant le discours patriarcal du samedi 27 février, la source ecclésiastique y voit « un autre point de convergence entre le chef de l’Église maronite et le pape François ». « Nous sommes nés, a dit le patriarche, pour vivre sur les champs de la paix permanente, non sur les champs de la bataille permanente. Les problèmes de tous les peuples sont devenus solvables grâce au dialogue, à la négociation et à des relations pacifiques (…). Le message du Liban est d’être un exemple de relations humaines pacifiques », poursuit cette source. « Je perçois là un important point de convergence avec un passage de la dernière encyclique, “Fratelli tutti”, dans laquelle le pape François déclare : “Nous ne pouvons donc plus penser à la guerre comme une solution, du fait que les risques seront probablement toujours plus grands que l’utilité hypothétique qu’on lui attribue. Face à cette réalité, il est très difficile aujourd’hui de défendre les critères rationnels, mûris en d’autres temps, pour parler d’une possible guerre juste. Jamais plus la guerre ! Toute guerre laisse le monde pire que dans l’état où elle l’a trouvé. La guerre est toujours un échec de la politique et de l’humanité, une capitulation honteuse, une déroute devant les forces du mal.” » Et de conclure : « Nous sommes là devant deux cultures qu’il est impossible de concilier, et les accusations imputant au patriarche la volonté de normaliser les rapports avec Israël n’ont bien entendu pas manqué. »

La source fait allusion aux accusations lancées contre le patriarche dans un article paru sur le site électronique d’une chaîne iranienne, al-Aalam, qui critiquait avec une violence particulière les propos de Mgr Raï au sujet des armes du Hezbollah et des relations avec Israël. L’article a même accusé le prélat de collaboration. La Ligue maronite a demandé au ministre sortant des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, de convoquer l’ambassadeur d’Iran pour protester contre cet article. Le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a lui aussi contre-attaqué hier, lors d’une conférence virtuelle, en qualifiant d’« inacceptables » les propos de la chaîne iranienne. « Le patriarche Raï n’est pas que le patriarche des maronites, mais le patriarche de tout le Liban », a-t-il asséné. 

C’est avec un réalisme nourri aux expériences du passé qu’un dialogue direct devrait se renouer entre Bkerké et le Hezbollah, pour lequel une date doit encore être fixée, affirme une source proche du siège patriarcal. Ce dialogue, rendu nécessaire par le tollé soulevé après les récentes prises de position du patriarche maronite, notamment lors du rassemblement de Bkerké samedi...

commentaires (11)

Voilà pourquoi St. Paul disait également « Je vous cracherais de ma bouche si vous êtes tiède. Ou vous êtes chaud ou froid mais jamais ne devenez TIÈDE « 

Wow

15 h 46, le 06 mars 2021

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Commentaires (11)

  • Voilà pourquoi St. Paul disait également « Je vous cracherais de ma bouche si vous êtes tiède. Ou vous êtes chaud ou froid mais jamais ne devenez TIÈDE « 

    Wow

    15 h 46, le 06 mars 2021

  • Sa neutralité le Liban doit l’imposer l’arme au poing en premier à ses deux voisins ennemis israélien et assadien.

    Citoyen libanais

    14 h 54, le 06 mars 2021

  • Il y a toujours eu depuis la conversion de l’Empire romain jusqu’au concile Vatican II des nations chrétiennes armées au service de l’Église et subordonnant l’usage de leurs armes aux règles morales révélées par Dieu dans la Bible et enseignées par l’Église, à l’autorité temporelle des gouvernants elle-même subordonnée à l’autorité spirituelle de l’Église. Si aujourd’hui les guerres sont si sales c’est que l’usage des armes n’obéit plus à aucune règle.

    Citoyen libanais

    14 h 52, le 06 mars 2021

  • Cela fait plus de 15 ans qu’on dialogue avec l’Axe du nitrate d’ammonium au lieu de l’affronter. Résultat: les gens vivent moins bien aujourd’hui que même pendant la guerre dite civile de 1975-1990. Si les guerres sont aujourd’hui si sales et qu’elles font autant de victimes civiles innocentes ce n’est pas une fatalité c’est précisément à cause de la lâcheté de ceux qui font la guerre. Autrefois les guerriers s’affrontaient directement sur le champ de bataille, aujourd’hui on fait la guerre confortablement assis dans un centre de commandement comme si on jouait à un jeu vidéo et ça fait des « dommages collatéraux ». Nulle part la sainte Écriture ne prône l’absence de guerre, le pacifisme, mais au contraire Dieu prône la guerre juste dans de nombreux passages, et le Magistère infaillible de l’Eglise catholique divinement assisté suivant la promesse de Notre-Seigneur Jésus-Christ à saint Pierre le premier Pape n’a eu de cesse d’expliciter cette doctrine. Le pacifisme est une utopie inventée par l’homme et prônée par la religion de l’homme fait Dieu contre la Religion du Dieu fait homme. Au concile Vatican II comme l’a dit Paul VI lui-même « ces deux religions se sont rencontrées »... et il en est sorti une doctrine et un enseignement qui ne sont plus ceux du Dieu fait homme Notre-Seigneur Jésus-Christ. La religion catholique pour conquérir le monde n’a pas eu besoin des armées humaines contrairement à l’islam par exemple, mais il y a toujours eu des nations chrétiennes armées.

    Citoyen libanais

    14 h 48, le 06 mars 2021

  • Aucune concession ne doit être faite ! Nous nous sommes suffisamment courbés et suffisamment e,,,,.

    Wow

    14 h 14, le 06 mars 2021

  • Nous avons l’habitude avec ces mercenaires qui saccagent et détruisent se croyant plus forts et lorsqu’ils se retrouvent dos au mur, ils se font tout doux tout conciliants pour retarder et ensuite bloquer toute sortie vers la paix et la reconstruction ne sachant pas quoi faire de leurs armes devenues inutiles en temps de paix. Ils reprendront du poil de la bête si par malheur le patriarche se confond dans les, excusez-moi de vous demander pardon, je vous en prie, je demande la permission de sauver mon pays ainsi que son peuple si vous voulez bien vous donner la peine de vous écarter du visage politique pour que cela aboutisse. NON, MILLE FOIS NON et quelques soient les conditions de ce parti vendu, il faut le remettre à sa place de traitre et élever la voix pour lui signifier que seuls les libanais ont le droit de discuter du sort de leur pays et de la légalité des accords avec qui ils veulent et ça n’est ni lui ni l’Iran qui ont leur mot à dire là-dessus. Ils peuvent se rouler par terre et l’accabler de toutes les diffamations et qualifications, les libanais et le monde entier savent qui est le traitre et qui est le patriote dans cette histoire. Alors en avant Monseigneur, c’est maintenant ou jamais et que ça soit clair dans votre entretien que rien ni personne ne saurait bloquer le processus en marche, surtout pas des vendus attitrés.

    Sissi zayyat

    12 h 09, le 06 mars 2021

  • Très douteux que ça aboutisse à quelque chose de concret. On connaît déjà l'expérience avec les décisions de non alignement de 2012. Dialogue pour étouffer la prise de position du Patriarche, donc pour la forme.

    Esber

    11 h 09, le 06 mars 2021

  • QUE PEUT DISCUTER LE PATRIARCHE AVEC LES MERCENAIRES IRANIENS D,AUTRE QUE LA LIVRAISON DE LEURS ARMES A L,ARMEE LIBANAISE, LA DISSOLUTION DEB LEURS MILICES ET LEUR REINTEGRATION A LA FAMILLE LIBANSISE ? TOUTE AUTRE DISCUSSION A CARACTERE POLITIQUE OU DU JETTAGE DE LEST SERAIT UNE MEGA ERREUR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 38, le 06 mars 2021

  • Le patriarche prone la paix et la neutralite alors que la milice sectaire armee glorifie la culture de la mort et des guerres continuelles des autres, que ce soit au Liban, en Syrie, en Irak ou au Yemen. Par ailleurs le hezbollah a pris le contrôle total de l’Etat avec l’appui public et declare’ de deux chefs de clan chretiens, Aoun et Frangieh. Tout deux sont motive’s par des interets personnels et bassement politiciens. Le projet de Rai est la seule porte de sortie du Liban. Pour preserver ses acquis et couvrir sa corruption, la caste politique corrompue actuelle est contre tout projet de changement. Le seul appui que peut esperer avoir le patriarche provient de la rue et du bon sens du peuple appauvri. Quelle personne sense’e peut etre avec les armes illegale contre l’arme’e nationale et un Etat de droit ?

    Goraieb Nada

    09 h 16, le 06 mars 2021

  • Pas de rapprochement. Ce qui pourrait se passer: le Hezbollah va menacer à mots voilés le patriarche. Si tu t’entêtes? Fais gaffe aux chrétiens de Syrie et d’irak... « on les protège . Si on ne les protège pas? Ya des vilains qui veulent leur peau »... c la méthode des mafias qui rackettent sous couvert de « protection »... facile... vous croyez encore aux BISOUNOURS??

    LE FRANCOPHONE

    02 h 12, le 06 mars 2021

  • LE SEUL DIALOGUE QUE LE PATRIARCHE DEVEAIT ENGAGER AVEC LES MERCENAIRES, ET IL LEUR FAIT UN GRAND HONNEUR DE DISCUTER AVEC EUX, C,EST SUR LA LIVRAISON DE LEURS ARMES A L,ARMEE LIBANAISE ET LA DISSOLUTION DE LEURS MILICES IRANIENNES. TOUTE AUTRE APPROCHE OU LEST SERAIT UNE ERREUR MAJEURE IMPARDONNABLE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 54, le 06 mars 2021

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