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Société - Coopération

L’ILMA-US, une association de médecins libanais à vocation scientifique

L’association, qui a vu le jour récemment, prépare une conférence avec des experts de l’étranger et du Liban sur l’importance de la vaccination contre le Covid-19.

L’ILMA-US, une association de médecins libanais à vocation scientifique

François Abi Fadel entouré des membres de son équipe à la clinique des maladies respiratoires, à la Cleveland Clinic. Photo DR

Rassembler les médecins libanais exerçant à l’étranger autour de la recherche scientifique, échanger les expertises avec les collègues au Liban et venir en aide aux étudiants libanais désirant poursuivre leurs études dans des universités américaines. Tels sont les principaux objectifs de la branche américaine de l’Association internationale médicale libanaise (International Lebanese Medical Association – ILMA), une ONG à but non lucratif ayant vu le jour récemment.

À l’origine de cette initiative, François Abi Fadel, pneumologue et réanimateur médical à l’hôpital Cleveland Clinic dans l’Ohio, Chady Sarraf, médecin interniste à l’hôpital Via Christy à Wichita (État du Kansas), et Salma Makhoul Ahwach, endocrinologue à Jacksonville (Floride). Les trois médecins étaient les seuls spécialistes basés aux États-Unis à faire partie de l’ILMA International, qui compte des associations membres établies dans vingt-trois pays. « Il n’existe pas une association de médecins libanais aux États-Unis qui soit membre de l’ILMA, sachant que près de 75 % des médecins diplômés des universités du Liban et exerçant à l’étranger sont établis aux États-Unis, explique le Dr Abi Fadel. Nous sommes près de 3 400 spécialistes. »

Quel que soit le pays où elle est créée, l’ILMA est ouverte aux médecins d’origine libanaise. La branche américaine de l’association est également ouverte aux experts des professions paramédicales, comme les dentistes, les pharmaciens, les infirmiers et infirmières, etc. À ce jour, cent médecins se sont déjà inscrits à l’association. Les contacts se poursuivent pour rallier un plus grand nombre de membres.

Avec les crises économique et financière qui sévissent dans le pays, « les étudiants du Liban ont de plus en plus de difficultés à poursuivre leur spécialisation à l’étranger, à faire de la recherche scientifique ou suivre des formations ». « À travers l’association, nous allons entrer en contact avec les grandes facultés de médecine du pays pour des accords de coopération, explique le Dr Abi Fadel. La section d’Australie de l’ILMA a déjà permis la conclusion d’un accord entre la faculté de médecine de l’Université de Balamand (Centre médical universitaire – hôpital Saint-Georges) et l’Université de Monash à Melbourne. C’est l’une des formes de coopération que nous souhaitons réaliser. Par ailleurs, nous œuvrerons à faciliter l’accès des étudiants aux programmes d’observation qu’ils doivent suivre pour se familiariser avec le système de santé américain, mais aussi pour visiter différents hôpitaux et choisir la branche de médecine dans laquelle ils désirent se spécialiser. Plus tard, nous les aiderons aussi dans leur programme de résidanat. »

Aides financières

L’ILMA pourra-t-elle leur offrir des bourses ? « Nous avons commencé par nous pencher sur l’aspect scientifique de la coopération, répond le Dr Abi Fadel. Pour pouvoir assurer des aides financières, notre association a besoin d’une autorisation accordée dans ce sens par les autorités américaines concernées. C’est un long processus de six à neuf mois. Les formalités sont en cours, et cette forme d’aide financière sera définie ultérieurement. Nous envisageons d’étendre notre soutien aux étudiants des professions paramédicales également. »

Sur le plan scientifique, la section américaine de l’ILMA a déjà organisé une conférence sur le Covid-19, en coopération avec l’ordre des médecins de Beyrouth et la Croix-Rouge libanaise, au cours de laquelle les médecins établis aux États-Unis ont partagé leur expérience dans la prise en charge de la maladie et les protocoles suivis. Le Dr Abi Fadel souligne dans ce cadre que l’Ivermectin – très prisé actuellement au Liban –, l’hydroxychloroquine et l’azithromycine ne sont pas utilisés aux États-Unis. « J’ai participé à deux études menées sur l’hydroxychloroquine, financées par le National Institute of Health (NIH) et publiées dans le JAMA (Journal of the American Medical Association), qui ont conclu à l’inefficacité de ce médicament, soutient le pneumologue-réanimateur. Au total, sept études randomisées ont été menées sur l’hydroxychloroquine. Elles ont toutes prouvé que non seulement ce médicament est inefficace, mais, bien au contraire, qu’il peut engendrer des troubles du rythme cardiaque et même des arrêts cardiaques soudains. Le même problème se pose avec l’Ivermectin. Les études menées jusqu’ici ont montré qu’il est efficace in vitro, mais à des doses massives qui peuvent être toxiques pour l’homme. »

Par ailleurs, il semble que la colchicine soit une piste de traitement prometteuse. « Une vaste étude financée par le NIH aux États-Unis et le gouvernement du Québec, au Canada, est menée sur ce médicament avec des patients recrutés sur quatre continents, note le Dr Abi Fadel. Les résultats obtenus jusqu’ici sont encourageants. Un autre traitement, celui à base d’anticorps monoclonaux, a déjà été approuvé par la FDA. Ce traitement, dont a bénéficié l’ancien président Donald Trump, est administré en intraveineuse à domicile. Il prévient les infections virales sérieuses qui peuvent mener à l’hospitalisation et l’intubation. Le problème, c’est qu’il est très coûteux. »

Une deuxième conférence a été organisée au lendemain de la double explosion au port de Beyrouth avec les directeurs des hôpitaux détruits « pour définir les besoins et l’aide que nous pourrions apporter ». Des équipements médicaux ont ainsi été acheminés au Liban, essentiellement par les branches allemande, australienne, française et brésilienne de l’ILMA. Ils ont été remis à la Croix-Rouge libanaise et à l’armée.

L’importance de la vaccination

Une troisième conférence devrait se tenir au cours des prochains jours avec la participation de médecins des États-Unis, d’Australie et de France, et des experts de l’Organisation mondiale de la santé et des ordres des médecins de Beyrouth et du Liban-Nord. Elle portera sur l’importance de la vaccination contre le Covid-19. « Les sondages montrent que seulement près de 40 % de la population au Liban veut se faire vacciner, déplore le Dr Abi Fadel. Les autres sont malheureusement victimes des fausses informations qui n’ont aucune base scientifique et des théories conspirationnistes qui circulent sur les réseaux sociaux. Or, le vaccin est la seule solution pour sortir de la pandémie et retrouver une vie normale. Depuis le début de la pandémie, j’ai intubé des dizaines de patients et j’ai vu plusieurs d’entre eux mourir seuls, loin des leurs, en raison des restrictions imposées. Aux États-Unis, plus de 486 000 personnes sont déjà décédées des suites du Covid-19. » « Au Liban, on estime que le nombre cumulé des décès atteindra les 5 000 d’ici au mois de mai. Il n’y a pas d’autres solutions que la vaccination. Et contrairement à ce que certains pensent, les vaccins qui ont déjà reçu des autorisations d’urgence de mise sur le marché sont sûrs et efficaces. À ce jour, plus de 130 millions de personnes se sont fait vacciner dans le monde. Les effets secondaires signalés ne sont pas plus importants que ceux observés avec n’importe quel autre vaccin. D’ici à cinq mois, 70 % des populations américaine, britannique, bahreïnie et émiratie auront reçu le vaccin. Si, au Liban, la réticence demeure, le pays restera coincé dans le même cercle vicieux avec des bouclages à chaque pic de l’épidémie et une surcharge des hôpitaux. L’économie souffrira encore plus. Le tourisme aussi parce que personne n’envisagera de visiter un pays où l’épidémie sévit. Il y a une responsabilité sociale à se faire vacciner », conclut François Abi Fadel.

Rassembler les médecins libanais exerçant à l’étranger autour de la recherche scientifique, échanger les expertises avec les collègues au Liban et venir en aide aux étudiants libanais désirant poursuivre leurs études dans des universités américaines. Tels sont les principaux objectifs de la branche américaine de l’Association internationale médicale libanaise (International...

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