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Société - Liban

"Le sang des habitants de Tripoli est sur vos mains" : actions ciblées contre les domiciles de députés à Beyrouth

Sit-in à Tripoli pour réclamer la libération d'un jeune accusé d'avoir mis le feu au siège de la municipalité. 

Des activistes taggant un slogan au pochoir sur le mur longeant l'immeuble dans lequel habite le député Mohammad Kabbara à Beyrouth. Capture d'écran d'une vidéo partagée sur la page Facebook Akhbar al-Saha

Des dizaines de manifestants se sont rassemblés samedi devant les domiciles beyrouthins de plusieurs députés de Tripoli, en solidarité avec le mouvement de contestation dans la capitale du Nord. 

Les Tripolitains manifestent régulièrement contre le pouvoir, la crise et le renforcement du confinement sanitaire, depuis son entrée en vigueur à la mi-janvier, mais la tension est montée d'un cran tout au long de la semaine écoulée et les sit-in ont dégénéré plusieurs jours de suite en affrontements avec les forces de sécurité et l'armée. Ces violences ont fait un mort et plusieurs centaines de blessés. 

Des activistes se sont donc rendus tour à tour samedi devant les immeubles habités notamment par Tarek Merhebi, Nagib Mikati, Mohammad Kabbara et Dima Jamali, selon des vidéos diffusées en direct sur la page Facebook Akhbar al-Saha. Des manifestants ont également tenu un sit-in devant le domicile du ministre sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi. "Révolutionnaires, libres, nous poursuivons notre route !", ont scandé les militants qui ont exprimé leur solidarité "jusqu'à la mort" avec les protestataires tripolitains. Au moyen de pochoirs, ils ont taggé les murs des bâtiments avec la phrase "le sang est sur vos mains" et lancé de la peinture rouge  représentant "le sang des habitants de Tripoli". Devant la maison de la députée Dima Jamali, les protestataires ont critiqué le fait que cette dernière "prenne du bon temps" aux Emirats arabes unis "pendant que le peuple meurt de faim à Tripoli". Mme Jamali a été nommée doyenne de l'Université de Sharjah et a quitté le Liban depuis plusieurs mois, sans toutefois renoncer à sa députation au Liban. 

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"Mohammad Fahmi est un voyou !", ont encore crié les activistes devant le domicile du ministre, à Koraytem, dénonçant la violente répression des manifestations par les forces de l'ordre. 

Solidarité
Peu avant, quelques dizaines de personnes s'étaient réunies sur la place des Martyrs de Beyrouth pour un sit-in de solidarité avec Tripoli, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle).

Les responsables libanais ont estimé ces derniers jours que certaines parties cherchaient à "exploiter" la contestation à Tripoli à des fins politiques. Le Premier ministre désigné, Saad Hariri, avait critiqué l'armée lui reprochant de ne pas avoir pu empêcher l'incendie du siège de la municipalité, jeudi soir, tandis que Nagib Mikati, député et ancien chef de l'exécutif, avait annoncé qu'il n'hésiterait pas à prendre les armes pour se défendre si les forces de sécurité ne parvenaient pas à le protéger. 

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A Tripoli, quelques centaines de personnes se sont rassemblées au niveau du rond-point dit "Abou Ali", devant un barrage de pneus enflammés, afin de réclamer la libération d'un jeune homme qui aurait été arrêté pour avoir mis le feu au bâtiment municipal, rapporte notre publication sœur, L'Orient Today. 

En début de soirée, des contestataires sont également parvenus à bloquer plusieurs accès à la place al-Nour au moyen de pneus et conteneurs enflammés et ont manifesté de manière pacifique. L'armée s'est par ailleurs déployée dans les rues de la ville et a installé des barrages afin de contrôler l'identité des passants et fouiller les véhicules. Plus tôt dans la journée, le directeur des opérations de l'armée libanaise, le général Jean Chidiac, avait présidé une réunion avec plusieurs responsables sécuritaires de la ville, rapporte l'Ani. Le général Chidiac a insisté auprès de ses collègues sur l'importance d'une "coopération totale" entre les différents services de sécurité.

Sit-in à Baalbeck, Hasbaya et Minié
Plus tôt dans la journée, des sit-in ponctuels avaient été organisés dans plusieurs régions du Liban, afin de protester contre la dégradation des conditions de vie, dans un pays frappé par une série de crises, aggravées ces dernières semaines par des mesures sanitaires renforcées.

A Minié, quelques femmes ont bloqué l'axe routier principal de la région, déplorant de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de leur famille, rapporte l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). A Tripoli, l'autoroute de Beddaoui a été bloquée par des pneus enflammés.

Au sud du pays, à Hasbaya, quelques dizaines de protestataires ont crié leur colère contre le confinement, en vigueur depuis mi-janvier et qui a été prolongé au moins jusqu'au 8 février. Ils ont exprimé leur solidarité avec les manifestants tripolitains, selon notre correspondant local Mountasser Abdallah. "Nous voulons raviver la contestation et l'esprit de la révolution afin de venir à bout de la classe politique corrompue au pouvoir", a confié Mohammad al-Baba, un des activistes présents sur place, venu de Saïda. Les protestataires ont ensuite défilé dans les rues de la localité. 

A Baalbeck, dans la Békaa, ce sont les commerçants qui ont manifesté devant le Sérail afin de demander des aides de l'État et l'autorisation d'ouvrir leurs enseignes quelques heures par jour. Ils ont agité la menace d'une désobéissance civile si leurs revendications ne sont pas entendues.



Des dizaines de manifestants se sont rassemblés samedi devant les domiciles beyrouthins de plusieurs députés de Tripoli, en solidarité avec le mouvement de contestation dans la capitale du Nord. Les Tripolitains manifestent régulièrement contre le pouvoir, la crise et le renforcement du confinement sanitaire, depuis son entrée en vigueur à la mi-janvier, mais la tension est montée...

commentaires (3)

Ces députés:Tarek Merhebi, Nagib Mikati, Mohammad Kabbara et Dima Jamali (principalement cette dernière, ne sont ils donc suffisamment responsables afin de tirer les enseignements de leur échec collectif et démissionner en bloc, on pourrait penser qu'ils s'accrochent au pouvoir pour des raisons bassement matérielles "l'argent" mais en fait ce que ces dirigeants craignent le plus ,que de perdre de l'argent, c'est d'être poursuivis après leur démission, qui pourtant semble inéluctable car il semble que l'on ait atteint le point de non retour, le désespoir des gens semble les pousser à des actes inconsidérés.....

C…

20 h 34, le 30 janvier 2021

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Commentaires (3)

  • Ces députés:Tarek Merhebi, Nagib Mikati, Mohammad Kabbara et Dima Jamali (principalement cette dernière, ne sont ils donc suffisamment responsables afin de tirer les enseignements de leur échec collectif et démissionner en bloc, on pourrait penser qu'ils s'accrochent au pouvoir pour des raisons bassement matérielles "l'argent" mais en fait ce que ces dirigeants craignent le plus ,que de perdre de l'argent, c'est d'être poursuivis après leur démission, qui pourtant semble inéluctable car il semble que l'on ait atteint le point de non retour, le désespoir des gens semble les pousser à des actes inconsidérés.....

    C…

    20 h 34, le 30 janvier 2021

  • Et au sud du Liban il n'y a pas des manifestations ? Ou ils sont contrôles par le Hezbollah ?

    Eleni Caridopoulou

    20 h 08, le 30 janvier 2021

  • Tout ce qui se passe peut être expliqué par le chaos politique provoqué et entretenu par les plus hauts responsables du pays. Car, le blocage à la formation du gouvernement a aggravé la crise monétaire en poussant le dollar vers 9000 livres, ce dollar qui dégringolait au lendemain de la désignation de Hariri vers les 6500 livres. Donc, essentiellement politico-économique, la valeur du dollar est semble-t-il utilisée pour faire plier les uns par les autres. La pauvreté et l'incapacité des pauvres à subvenir à l'essentiel sont devenues insupportables. Le lockdown du corona est venu faire éclater les instincts.

    Esber

    18 h 05, le 30 janvier 2021

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