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Culture - Rencontre

May Ziadé, une chercheuse du 7e art

La jeune cinéaste a été sélectionnée, avec sept autres artistes, par la fondation MENA Arts UK pour créer une série de courts-métrages sur ce qui unit les créatifs en cette période de turbulence.

May Ziadé, une chercheuse du 7e art

May Ziadé : « Les histoires de la région MENA sont souvent peu ou mal représentées. » Photo Maya Elany

« Comment la communauté artistique MENA peut-elle célébrer ce qu’elle a en commun ? » C’est à cette question posée par la fondation MENA Arts UK que devaient répondre des artistes issus de tous les milieux qui ont soumis leurs projets en mettant leur art au premier plan. Parmi eux, May Ziadé, jeune cinéaste et productrice libanaise, et lauréate de cette bourse MENA. « Chaque artiste sélectionné recevrait 1 000 £ (1 366 $) pour créer une œuvre filmée d’une minute qui répond à cette question précise, ajoute-t-elle. J’ai donc répondu à cet appel d’offres et me voilà aujourd’hui sélectionnée avec un groupe de sept autres artistes pour le projet que j’ai pitché. J’ai à peu près six semaines pour le réaliser », indique-t-elle.

Prendre son temps…

Pour May Ziadé, la réponse à la question de MENA Arts UK était évidente : « Nos histoires (celles de cette région) étaient en général mal représentées ou sous-représentées. La seule façon de célébrer cette communauté, c’est comme on dit en anglais : “Take control of our narrative”, c’est-à-dire reprendre le pouvoir, voire le contrôle sur nos histoires. Je mettrai en scène une femme arabe qui fait un monologue d’une minute. Elle s’adresse à une audience en leur servant tous les stéréotypes et les clichés de notre histoire, mais à la fin on réalise qu’elle va rester sur place pour raconter la sienne, la vraie. » Un triple défi pour May Ziadé que de réaliser ce film d’une minute seulement avec mille livres sterling en cette période de confinement. Mais pour cette fouineuse du 7e art, l’expérience était tentante. « J’avais envie d’avoir l’opportunité d’essayer de filmer avec des moyens que je n’expérimentais pas en général. J’ai essayé d’utiliser le medium de la caméra super 8, qu’on peut utiliser tout seul. J’avais par ailleurs la flexibilité de travailler avec une actrice d’une façon assez proche et je devais également faire le moins de mouvements possibles, ce qui était un exercice assez intéressant qui me servira à l’avenir quand j’entreprendrais des courts-métrages plus financés. C’était donc une belle opportunité », explique la jeune femme.

Pour mémoire

De May Ziadé au Tintoret, l’art dans tous ses états...

Depuis que May Ziadé a débuté le cinéma, après avoir fait des études d’anthropologie, elle chemine au ralenti. « Pour des raisons sociales et financières, mes parents ne voyaient pas cette carrière, qu’ils disaient “fantaisiste”, d’un bon œil. Durant ses études à l’université UCL à Londres, la jeune femme s’amuse à écrire des scénarios et à les proposer à ses amis tout en étant convaincue que le cinéma demeurerait sa passion et non son métier. Mais le hasard fait souvent bien les choses et c’est une simple rencontre dans un pub qui la pousse à s’inscrire sur un compte Facebook encourageant les jeunes cinéastes femmes. L’aventure commence.

Elle s’essaie d’abord à la production. « J’ai travaillé durant quatre ans sur des productions américaines à gros budget aux côtés de Jeremy Dawson, producteur entre autres de Grand Budapest Hotel, The Fantastic Mr Fox et Isle of Dogs. Je l’aidais à assembler le film du début jusqu’à la fin. J’ai trouvé que c’était la meilleure école pour bien connaître le cinéma », juge-t-elle. Il y a un an, May Ziadé se tourne vers l’écriture et s’y consacre totalement. « De ma formation d’anthropologue et de chercheuse, j’ai appris à aimer les histoires politiques, notamment les histoires subalternes et sociales. J’aime traiter ces thèmes politiques à travers les sentiments du protagoniste et son expérience personnelle. Explorer la honte, l’obsession, la colère, des sentiments qui nous construisent et qui sont le reflet des histoires politiques qui s’abattent sur nous. Même si la pratique est encore assez expérimentale, relève-t-elle, j’ai l’ambition de réaliser des films d’auteur. » En ce temps de confinement, la jeune cinéaste se dit ravie de profiter de cette solitude pour se pencher sur son travail, mais concède-t-elle : « Cela crée aussi un sentiment d’anxiété. Je m’y adapte. Je sais que je n’ai pas choisi un métier facile. Les challenges, c’est aussi exaltant. » 

 Détails du programme

MENA Arts UK est en partie financé par Film and TV Charity and Arts Council England. La fondation a recruté un panel de professionnels de l’industrie pour former le jury de la compétition.

L’équipe comprenait la dramaturge et poète Sabrina Mahfouz, la dramaturge Hannah Khalil, le réalisateur Saeed Taji Farouky ainsi que la directrice de théâtre iranienne Sepy Baghaei.

Les bourses récompensent des artistes basés au Royaume-Uni travaillant dans les arts vivants et enregistrés, et ayant un lien avec le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et la région environnante.

Ces artistes choisis au nombre de huit sont issus d’horizons et de disciplines divers : « Du marionnettiste au DJ, en passant par un artiste iranien sourd et un artiste de performance yéménite-scouse. » Outre May Ziadé (cinéaste et productrice), les lauréats sont : Peyvand Sadeghian (acteur et marionnettiste), Nooriyah Qais, DJ, présentatrice et cinéaste, Maral Mamaghanizadeh, artiste iranienne, Majid Adin (animation), Jida Akil, créatrice de théâtre syrienne/libanaise, Bint Mbareh (réalisateur novice) et Amina Atiq (poétesse).

Sepy Baghaei, vice-présidente de MENA Arts, a salué le haut niveau, la créativité et l’ambition de toutes les idées soumises. « Nos huit idées gagnantes sont un mélange éclectique et comportent des animations, des décors, de la poésie et de la musique, dit-elle. Leurs créateurs viennent de tout le Royaume-Uni et sont connectés aux régions MENA, notamment l’Iran, la Palestine, la Syrie, le Yémen et le Liban. » Baghaei a ajouté qu’elle était « ravie de voir ces films prendre vie et de partager leurs célébrations de l’identité MENA avec un public plus large ».

Les commandes gagnantes seront publiées numériquement en mars 2021, parallèlement à une session de questions-réponses avec les artistes après chaque film. Les organisateurs espèrent qu’il y aura également une série d’événements de groupe.

« Comment la communauté artistique MENA peut-elle célébrer ce qu’elle a en commun ? » C’est à cette question posée par la fondation MENA Arts UK que devaient répondre des artistes issus de tous les milieux qui ont soumis leurs projets en mettant leur art au premier plan. Parmi eux, May Ziadé, jeune cinéaste et productrice libanaise, et lauréate de cette bourse MENA....

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