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Société - Covid-19

Zoom sur la stratégie nationale de vaccination

Le vaccin sera gratuit, non obligatoire et accessible pour l’ensemble de la population libanaise ainsi qu’aux étrangers résidant dans le pays.

Zoom sur la stratégie nationale de vaccination

Le Liban a lancé hier sa stratégie nationale de vaccination contre le Covid-19, avec pour but de vacciner d’ici à la fin de l’année en cours 80 % de la population pour atteindre l’immunité de horde. David Ryder/Getty Images/AFP

Tant attendue, la stratégie nationale de vaccination contre le Covid-19 a été finalement dévoilée hier à quelques semaines de la réception du premier lot des vaccins Pfizer/BioNTech prévue dans la seconde moitié du mois de février. Cette campagne, sur laquelle misent les autorités locales, est d’autant plus importante qu’elle marque « le point de départ d’un retour à la normale », pour reprendre les mots du Premier ministre sortant Hassane Diab. Le processus de vaccination sera toutefois long avant d’atteindre l’immunité de horde ou communautaire souhaitée et qui consiste à vacciner, d’ici à la fin de l’année en cours, 80 % de la population.

Ce plan « a été soigneusement élaboré pour garantir quatre points fondamentaux », a assuré le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, au cours d’une conférence de presse tenue au Grand Sérail : développer un mécanisme pour inscrire, recevoir, distribuer et gérer les vaccins ; contrôler la chaîne du froid et toute la logistique susceptible de garantir la sûreté du vaccin ; le faire parvenir aux catégories visées d’une manière transparente, juste et indépendante, sous la supervision de comités locaux et internationaux indépendants ; surveiller les éventuels effets secondaires nocifs du vaccin (pharmacovigilance).

Conformément aux lois en vigueur, le Liban ne peut mettre sur son marché que les vaccins développés et enregistrés dans des pays de référence, « comme c’est le cas du vaccin de Pfizer », a expliqué M. Hassan. Dans le cas contraire, le vaccin doit être validé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Néanmoins, « le ministère de la Santé a ouvert la porte à l’accréditation d’autres vaccins qui seront importés de pays non référentiels », a-t-il annoncé. « Une commission sera formée à cet effet dans les prochaines 48 heures, avec pour mission de mettre en place un mécanisme et des critères de qualité, d’efficacité et de sûreté » de ces produits, a-t-il ajouté.

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Dans le cadre de cette stratégie, l’importation du vaccin par le secteur privé sera autorisée et devra être effectuée selon les normes en vigueur. Par ailleurs, il a été décidé « d’accepter les dons, à condition qu’ils répondent aux critères établis dans le cadre de la stratégie nationale », a insisté M. Hassan, notant que « les vaccins qui seront utilisés dans le cadre des études cliniques de phase 3 doivent être gratuits et approuvés par les commissions d’éthique et scientifique » du ministère.

Différentes sources de vaccins

Pour pouvoir vacciner un nombre suffisant de personnes pour atteindre l’immunité de horde, l’État libanais s’approvisionnera en vaccins de différentes sources. Il a ainsi réservé 2,1 millions de doses chez Pfizer/BioNTech qui seront acheminées au Liban en quatre phases respectivement de 249 000, 350 000, 800 175 et 699 750 doses. La réception du premier lot, prévue durant la seconde moitié du mois de février, sera échelonnée sur cinq semaines.

De plus, le Liban s’est inscrit sur la plateforme Covax de l’OMS, qui garantit l’accès aux vaccins pour les pays qui s’y sont enregistrés et qui devrait lui faire parvenir 2,73 millions de doses. Des négociations sont également menées avec l’usine britannique AstraZeneca pour réserver 1,5 million de doses.

Se penchant sur les sources de financement de ces vaccins, des équipements et des ressources nécessaires pour la campagne (l’État libanais, la Banque mondiale, Unicef, OMS, HCR, Unrwa, rassemblement des multinationales pharmaceutiques au Liban, syndicat des importateurs des médicaments, plateforme Impact), M. Hassan a expliqué que pour garantir la réussite de cette stratégie, une centaine de personnes ont été recrutées. Des volontaires de Médecins sans frontières, des ordres des pharmaciens et des sages-femmes, de la Croix-Rouge libanaise, du Comité islamique pour la santé et d’autres ONG aideront aussi dans la campagne de vaccination.

Groupes prioritaires

Le vaccin sera gratuit, non obligatoire et accessible à l’ensemble de la population libanaise et aux étrangers résidant dans le pays selon les priorités établies sur base de quatre critères : le risque d’exposition et de contamination au virus ; le risque de développer des complications graves du Covid-19; les groupes considérés comme primordiaux pour lutter contre la pandémie ; et la quantité de vaccins qui sera acquise.

« Notre objectif est de vacciner 80 % de la population, réitère de son côté Abdel Rahmane Bizri, président de la commission nationale pour le vaccin anti-Covid-19. Selon les statistiques, le pays compte 6,8 millions de personnes. Notre objectif est donc d’atteindre un peu moins que 5,5 millions d’individus, si nous ne comptons pas les enfants de moins de 16 ans qui ne sont pas concernés dans cette stratégie, les personnes réticentes au vaccin ou celles qui l’ont reçu à l’étranger. » Selon lui, sur les quelque 10 à 11 millions de doses nécessaires (le vaccin devant être inoculé en deux fois), le pays a pu en assurer 6,3 millions. « Nous espérons pouvoir acquérir la quantité restante par le biais des organisations internationales et des initiatives de certains secteurs », a-t-il dit.

Recevront donc le vaccin en premier le corps soignant (réparti en trois catégories), le corps infirmier selon le risque auquel il est exposé et les personnes âgées de plus de 75 ans, suivies de celles ayant entre 65 et 74 ans, puis celles âgées de 55 à 64 ans qui souffrent d’une ou de plusieurs maladies chroniques, ainsi que les équipes de la surveillance épidémiologique et celles relevant du ministère de la Santé.

Les maladies chroniques ont été identifiées comme étant l’insuffisance rénale, les maladies cardiovasculaires, rénales, neurologiques, le diabète, l’hypertension artérielle, l’obésité avec un indice de masse corporelle supérieur à 40, le cancer, l’asthme, la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive, un syndrome respiratoire observé surtout chez les fumeurs), l’immunodéficience, le rhumatisme, la sclérose en plaques, la transplantation rénale…

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Dans une deuxième étape, seront vaccinées les personnes âgées entre 55 et 64 ans qui n’ont pas encore reçu une première dose et celles âgées entre 16 et 54 ans qui souffrent d’une ou de plusieurs maladies chroniques, le personnel soignant qui ne l’avait pas reçu durant la première phase, les personnes travaillant dans les asiles de vieillards, dans les centres spécialisés pour les personnes à besoins spécifiques et les prisons, ainsi que celles dont le rôle est essentiel pour une bonne marche de la société. Un comité sera formé pour élaborer une stratégie de vaccination dans les prisons.

La troisième étape inclura les enseignants, les employés dans les écoles et dans les garderies, ceux travaillant dans des endroits qui présentent un haut risque pour la transmission du virus, ainsi que d’autres employés dans le secteur de la santé primaire et les personnes qui s’occupent d’un parent âgé de plus de 65 ans ou à besoin spécifique.

Seront enfin vaccinées les personnes qui désirent le faire. « Une commission spécialisée indépendante a été formée pour s’assurer de la transparence de la stratégie de vaccination », a assuré le Dr Bizri.

Plateforme et centres de vaccination

Les personnes qui désirent se faire vacciner doivent s’inscrire sur la plateforme Impact qui sera lancée officiellement aujourd’hui, à 11h, au ministère de la Santé. Un numéro vert, le 1787, est mis à la disposition des personnes qui ont des difficultés à y accéder ainsi que de quiconque désirerait s’informer sur le processus de vaccination, déclarer des effets secondaires liés au vaccin ou déposer une plainte.

Un transport vers l’un des 52 centres de vaccination accrédités et répartis sur l’ensemble du territoire sera assuré par la Croix-Rouge libanaise et d’autres associations aux personnes qui ont plus de 75 ans qui souffrent d’une maladie chronique comme à celles à besoins spécifiques. De même, des équipes ambulantes seront mises sur pied pour vacciner les personnes dans certaines institutions, les asiles de vieillards à titre d’exemple…

Le jour J, la vaccination sera faite sur rendez-vous selon un mécanisme bien étudié pour éviter toute éventuelle transmission du virus. Le processus nécessite 35 à 50 minutes. Un entretien sera effectué avec chaque personne avant l’inoculation du vaccin. La personne sera surveillée pendant 15 à 30 minutes pour s’assurer de l’absence d’effets secondaires immédiats. Un carnet de vaccination lui sera remis et un texto envoyé ultérieurement pour lui rappeler le rendez-vous pour la seconde dose.

Selon cette stratégie, la chaîne du froid du vaccin sera contrôlée via un GPS depuis l’usine de fabrication jusqu’à l’arrivée à l’aéroport de Beyrouth. « Tout lot susceptible d’avoir été endommagé durant ce parcours devra être remplacé par le fabricant, en l’occurrence Pfizer », a affirmé le Dr Bizri, notant que les vaccins seront préservés à l’hôpital universitaire Rafic Hariri selon les normes requises.

Coronavirus : nouveau triste record de décès
Avec 76 morts, le Liban a enregistré hier un nouveau triste record de décès liés au coronavirus. Le nombre de nouveaux cas recensés en 24 heures était par ailleurs de 3 906, selon le dernier bilan du ministère de la Santé, publié en soirée. Ces chiffres portent le taux de contamination par rapport au nombre de tests effectués pour les deux dernières semaines à 22,7 %, en hausse constante depuis des semaines. Ils font grimper à 289 660 le nombre cumulé des contaminations depuis la détection du premier cas du virus dans le pays en février 2020, au nombre desquelles 2 553 décès et 170 267 guérisons. Parmi les cas toujours actifs, 2 428 personnes sont hospitalisées dont 945 en soins intensifs.


Le père Najib Baaklini, président de l\'AJEM qui soutient les détenus à la prison de Roumieh. Photo AJEM


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Tant attendue, la stratégie nationale de vaccination contre le Covid-19 a été finalement dévoilée hier à quelques semaines de la réception du premier lot des vaccins Pfizer/BioNTech prévue dans la seconde moitié du mois de février. Cette campagne, sur laquelle misent les autorités locales, est d’autant plus importante qu’elle marque « le point de départ d’un retour à la...

commentaires (2)

Rectificatif suggéré Vous utilisez le terme " asile de vieillards" Asile est une dénomination ancienne de l'hôpital psychiatrique. Il faut dire établissement pour personnes âgées dépendantes. Ce qui ne veut pas dire que l'on soit atteint d'une maladie mentale. Les deux termes sont inappropriés et humiliants Dr Fadi LABAKI Dr Fadi LABAKI

fadi labaki

16 h 52, le 28 janvier 2021

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Commentaires (2)

  • Rectificatif suggéré Vous utilisez le terme " asile de vieillards" Asile est une dénomination ancienne de l'hôpital psychiatrique. Il faut dire établissement pour personnes âgées dépendantes. Ce qui ne veut pas dire que l'on soit atteint d'une maladie mentale. Les deux termes sont inappropriés et humiliants Dr Fadi LABAKI Dr Fadi LABAKI

    fadi labaki

    16 h 52, le 28 janvier 2021

  • Dans les critères j’aurais aussi vu une différenciation entre les personnes qui doivent travailler "en direct" et celles qui peuvent travailler "online" à domicile...

    Gros Gnon

    01 h 17, le 28 janvier 2021

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