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Politique - Politique

Quand le blocage gouvernemental s’invite dans le plan de vaccination contre le Covid-19

Le report de l’annonce de la plate-forme de distribution de vaccins et l’annonce du plan général à partir du Grand Sérail ont été interprétés comme une volonté de s’imposer face à un rôle grandissant du Conseil supérieur de défense présidé par Michel Aoun.

Quand le blocage gouvernemental s’invite dans le plan de vaccination contre le Covid-19

Le Premier ministre sortant Hassane Diab, le 19 janvier. Photo d’archives Dalati et Nohra

Peu à peu, la politisation de la lutte contre le coronavirus, et notamment la future opération de vaccination de la population, se précise. L’un de ses aspects s’est profilé ces deux jours, lorsque l’annonce de la plate-forme d’enregistrement pour l’octroi du vaccin, accompagnée de celle du plan général de vaccination, a été reportée plus d’une fois : initialement prévue lundi dernier à partir du ministère de la Santé, elle a été retardée d’un jour, avant qu’il ne soit précisé hier que l’annonce du plan aura lieu aujourd’hui mercredi à partir du Grand Sérail, siège de la présidence du Conseil des ministres, et que l’annonce de la plate-forme sera faite demain jeudi depuis le ministère de la Santé. Pourquoi tant de tergiversations pour annoncer une mesure si cruciale et attendue avec impatience par les Libanais, fatigués des conséquences de la progression sans précédent de la pandémie dans leur société ? S’agit-il d’un simple retard logistique ou le choix du lieu est-il l’indicateur d’une prise de position de la part de la présidence du Conseil ? D’aucuns lient ce développement à un malaise de cette institution face au rôle grandissant du Conseil supérieur de défense, présidé par le président de la République Michel Aoun, dans la lutte contre la pandémie, depuis la démission du gouvernement de Hassane Diab, suite à la double explosion meurtrière au port en août dernier. Une querelle politique sur fond de blocage gouvernemental, qui retarde jusque-là la formation du cabinet du Premier ministre désigné Saad Hariri s’inviterait-elle dans les mesures de protection de la santé des Libanais ?

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Selon notre correspondant Mounir Rabih, le report de l’annonce de la plate-forme et le fait qu’elle aura lieu depuis le Grand Sérail revêtent une signification politique certaine. « Cette annonce devait avoir lieu initialement au ministère de la Santé, dit-il. Mais sur conseils des anciens Premiers ministres et du président du Parlement Nabih Berry, Hassane Diab a demandé au ministre de la Santé de la transposer au Grand Sérail. Ces “conseils” lui auraient ouvert les yeux sur le fait qu’en l’absence d’un gouvernement actif, le président Aoun ferait du Conseil supérieur de défense une sorte de gouvernement parallèle, qui prendrait des décisions et les annoncerait au public. »

Mounir Rabih rappelle que la semaine dernière, la décision de prorogation du confinement total avait failli être annoncée par le Conseil supérieur de défense, mais que le gouvernement a décidé à la dernière minute de l’annoncer du Grand Sérail, à peine une demi-heure avant. Il ajoute que, du fait de ce qu’il appelle son « inexpérience politique », Hassane Diab aurait le sentiment d’avoir été exploité puis abandonné. Mais désormais, il veut agir différemment. « Il faut aussi placer dans ce contexte la démission de l’épouse du Premier ministre sortant de la Commission nationale de la femme libanaise, présidée par Claudine Aoun Roukoz, fille du président de la République », ajoute le journaliste.

« Un gouvernement ne peut être remplacé par un non-gouvernement »

Pour Salim Jreissati, ancien ministre et conseiller du président de la République sollicité par L’Orient-Le Jour, « l’annonce du plan de vaccination reportée pour être proclamée depuis le Grand Sérail n’a pas de signification particulière ». « L’essentiel est que le vaccin arrive à temps et soit distribué dans les normes, c’est-à-dire suivant les critères établis, sans préférences, poursuit-il. Si le Premier ministre sortant veut faire cette annonce du Grand Sérail, qu’il le fasse ! Je n’ai aucun a priori ni aucune information à ce sujet. »

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Concernant l’éventuelle querelle autour des prérogatives du Conseil supérieur de défense, M. Jreissati souligne que « la nature a horreur du vide ». « Ce Conseil exerce son activité dans les limites de ce que la loi sur la défense nationale lui a imparti de faire, ni plus ni moins, poursuit-il. Le gouvernement ne peut pas être remplacé par un non-gouvernement. Il ne peut pas non plus paralyser les autres institutions et leur interdire de fonctionner suivant leur mission telle que définie par la loi. »

L’Orient-Le Jour a tenté de contacter des ministres du cabinet sortant, sans succès.

Également contacté par notre journal, Moustapha Allouche, vice-président du courant du Futur, estime qu’il est difficile de démêler la politique des arguments logistiques dans la décision de changer le lieu d’annonce du plan de vaccination. « Mais ce qui est sûr, c’est que le président Aoun profite du vide gouvernemental pour étendre sa mainmise sur le pouvoir. Or le gouvernement, bien qu’il expédie les affaires courantes, est bien là et doit jouer son rôle. Faire face à une urgence comme celle du Covid-19 fait partie des missions d’expédition des affaires courantes », dit-il

L’ancien député fait remarquer que « le Premier ministre Diab a pris des positions dernièrement, comme celle de se rendre chez Saad Hariri pour s’excuser de la vidéo ayant fuité et dans laquelle le président Aoun traitait le Premier ministre désigné de menteur en sa présence ». « Mais dans l’absolu, je ne crois pas qu’il y ait dans ce gouvernement de personnalités capables de tenir tête », poursuit-il.

À la question de savoir si la situation actuelle et le rôle conféré au Conseil supérieur de défense peuvent s’imposer au-delà du vide gouvernemental actuel, Moustapha Allouche nie catégoriquement. « Le président peut tirer parti du blocage actuel, mais pas en présence d’un gouvernement solide », assure-t-il.

Jusqu’où peut arriver une telle querelle ? « Le Hezbollah a bien essayé de l’étouffer, mais c’est trop tard, elle est désormais bien perceptible pour l’opinion publique », souligne enfin Mounir Rabih.

Pendant ce temps, les Libanais attendent toujours la formation d’un gouvernement, tout comme ils attendent le vaccin. Dans un contexte de crise économique grandissante, qui pousse les foules une nouvelle fois dans la rue.

Peu à peu, la politisation de la lutte contre le coronavirus, et notamment la future opération de vaccination de la population, se précise. L’un de ses aspects s’est profilé ces deux jours, lorsque l’annonce de la plate-forme d’enregistrement pour l’octroi du vaccin, accompagnée de celle du plan général de vaccination, a été reportée plus d’une fois : initialement...

commentaires (2)

MA LIBRE EXPRESSION EST CENSUREE PAR LES DEMOCRATES ET DEFENDEURS DE LA LIBRE EXPRESSION DE L,OLJ.

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 46, le 27 janvier 2021

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Commentaires (2)

  • MA LIBRE EXPRESSION EST CENSUREE PAR LES DEMOCRATES ET DEFENDEURS DE LA LIBRE EXPRESSION DE L,OLJ.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 46, le 27 janvier 2021

  • ON A INTRODUIT LE SECTEUR PRIVE DANS L,IMPORTATION DES VACCINS. ON A OUVERT L,APPETIT DE TOUS LES CORROMPUS MAFIEUX ET LES MARCHANDAGES ET PARTAGES SUR LA SANTE MEME DU PEUPLE A COMMENCE. HAYDA LEBNEN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 32, le 27 janvier 2021

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