Il connaît le Proche-Orient sur le bout des doigts pour y avoir passé la majeure partie de sa carrière. Chef de mission en Irak et au Koweït, consul général à Dhahran en Arabie saoudite, après avoir été directeur du bureau des Affaires iraniennes au sein du département d’État, Joey Hood, le secrétaire d’État adjoint par intérim pour les questions du Proche-Orient, est rodé aux crises de la région. Succédant provisoirement – en attendant une nomination officielle — à David Schenker, un passionné du Liban connu pour être le tenant d’une ligne dure contre le Hezbollah, Joey Hood devrait mettre en œuvre une politique plus modérée, au moins sur la forme, en accord avec la ligne souhaitée par le nouveau président américain Joe Biden. Le diplomate sera ainsi appelé à superviser les dossiers de la région dont celui du Liban durant une période qui pourrait être plus ou moins longue.
« Cela pourrait prendre plusieurs semaines, voire des mois avant que le successeur ne soit désigné », confie une source diplomatique à Washington.
En attendant, pas de rupture radicale concernant le dossier libanais, où les priorités de Washington restent les mêmes, mais probablement un changement de ton. Ayant une longue carrière diplomatique à son crédit, à l’inverse de David Schenker dont la désignation à ce poste était « éminemment politique », comme le confirment plusieurs sources, Joey Hood inaugurera sans aucun doute une nouvelle approche, « moins idéologique », plus marquée par la froideur du monde de la diplomatie, comme le note un analyste familier des milieux du département d’État.
Ces dernières années, la politique américaine au Liban fluctuait entre la ligne Hale (en référence à David Hale, le secrétaire d’État adjoint américain pour les Affaires du Proche-Orient) et celle de Schenker, la première optant pour une distinction entre la pression exercée contre le Hezbollah et le soutien à l’État libanais.
« Il ne faut pas oublier que David Schenker était trop impliqué sentimentalement, si je puis dire, vis-à-vis du Liban, et prenait à cœur les agissements du Hezbollah et les problèmes de la région », commente cet analyste. Par conséquent, même si la politique envers l’Iran et le Hezbollah ne va pas foncièrement changer, elle ne devrait plus avoir l’apparence d’une « vindicte personnelle », selon lui. En politique étrangère régionale, ce sera la formule mixte de la « fermeté combinée au dialogue », comme l’a relevé Nizar Zakka, activiste et ex-détenu dans les geôles iraniennes, dans un entretien accordé dimanche à la LBCI.
Diplômé en relations internationales à la Fletcher School de Tufts University, Joey Hood avait fait auparavant des études au Burkina Faso, une expérience qui l’a également sensibilisé aux problématiques liées à l’Afrique. Présenté comme un diplomate d’une grande « amabilité », « sans trop d’ego » et particulièrement doué en relations interpersonnelles, Joey Hood ne devrait pas avoir de mal à s’entendre avec le reste de l’équipe Biden. « Tout le monde parlera un même langage et utilisera la même terminologie au sein de la nouvelle administration », note une source qui suit de près la politique américaine. Ce qu’il faut comprendre, c’est que la politique étrangère sera harmonisée et unifiée entre la Maison-Blanche et le département d’État.
Négociations avec l’Iran
L’objectif prioritaire est de relancer les négociations avec l’Iran concernant le nucléaire avant de les élargir aux questions des missiles balistiques et de la politique iranienne au Moyen-Orient, ce dernier point concernant particulièrement le Liban. Le legs de l’administration Trump concernant ce dossier sera toutefois difficile à défaire, d’autant que les principaux alliés des États-Unis dans la région étaient partisans de la politique de « pression maximale » employée contre Téhéran. Les sanctions à l’encontre du Hezbollah et de ses alliés ne devraient donc pas être remises en question. M. Zakka, qui suit de près la politique américaine au Proche-Orient, prédit même une recrudescence des sanctions contre des responsables politiques libanais, « tous bords politiques confondus cette fois-ci ».
Tant qu'il y a le Hezbollah et les ayatollahs le Liban n'ira pas loin
20 h 41, le 26 janvier 2021