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Nos Lecteurs ont la Parole

Les nouveaux pharaons

Un antique dieu fit subir dix plaies successives à l’Égypte pour faire céder le pharaon qui, exténué, finit par libérer le peuple juif.

Au Liban, nous en sommes à la vingtième plaie, chacune plus terrible que la précédente, et les nouveaux demi-pharaons locaux, soumis au grand pharaon perse, non seulement ne veulent pas libérer le peuple libanais, mais poursuivent leurs conciliabules sans se soucier du chaos qui règne sous leurs pieds et qu’ils ont eux-mêmes engendré par leur innommable incompétence et leur corruption à la mesure de leur irresponsabilité.

Nous sommes des objets pour eux, et ils nous traitent comme s’ils pouvaient nous tailler selon leurs propres besoins et leur soif de pouvoir et d’argent.

Ils sont insatiables car ils nous pensent lâches et soumis.

Ils sont insensibles car ils pensent n’avoir de compte à rendre à personne.

Ils sont incorrigibles car ils pensent que les enfants seront comme leurs parents.

Ils sont immondes car nous ne leur avons pas encore montré les limites de leur pouvoir, ou la limite après laquelle nous finirons par les renverser malgré leurs assassinats, leur armée, leurs milices, leurs cent mille fusées, leurs menaces d’emprisonnement ou de jugement, leur justice dévoyée, leurs analyses biaisées, leurs médias embrigadés et payés pour diffuser le mensonge et la veulerie.

Au Liban, la morale sociale n’existe plus. Elle a été enterrée par le aounisme et offerte en sacrifice au vainqueur du moment, Nasrallah.

Le Hezbollah a tué la morale et la justice au nom d’une résistance fictive qui lui a offert tous les alibis pour nous soumettre, et il a tué le Liban au nom de wilayet el-faqih.

À quoi serviront des sièges supplémentaires de députés si c’est pour être cernés par le cadre politique défini par leurs armes ?

Des élections sous leurs armes ou des lois électorales aux conditions fixées par leurs armes sont biaisées d’avance.

Des élections sont supposées rendre la vie démocratique au pays alors que leurs milices sont l’antithèse de cette démocratie.

Élections et loi électorale ne peuvent cohabiter avec les milices. Sauf en dictature.

Ce n’est pas cela le but.

Le but c’est de combattre les milices par tous les moyens pacifiques, nationaux et internationaux, avec tous les antimilices réunis en un front.

Si seule la force peut nous y mener, alors ce sera celle de l’ONU sous chapitre VII, comme l’ont réclamé de nombreux politiciens souverainistes libanais.

Sinon, il nous faudra revoir notre stratégie car on ne peut se permettre de perdre la guerre contre la dictature perse.

On a perdu de nombreuses batailles, facilement gagnées par le Hezbollah, car nous étions toujours dans l’illusion que les concessions et les angles arrondis mènent à une victoire douce si l’on sait être raisonnable et patient.

Mais avec la milice chiite iranienne, il n’y a pas de victoire douce.

C’est une notion inconnue chez ces gens-là.

Maintenant, leurs ministères n’ont plus pour rôle que celui de nous conserver assez de vie pour pouvoir encore fournir leurs caisses et leurs députés, juste ce qu’il faut de lits d’hôpital et de vaccins pour que l’on puisse les supplier de nous aider à survivre dans ce pays qu’ils ont transformé en prison à ciel ouvert.

Et Nasrallah en est le geôlier.

Toutes les luttes désespérées menées par Saad Hariri aujourd’hui contre le blocage réalisé par les aounistes consiste finalement uniquement à fixer le cadre de notre domination par le Hezbollah.

C’est lui le chef d’orchestre.

Berry en est le souffleur qui revigore la mémoire de ceux qui ont quelques oublis.

La bataille de Hariri mène à une autre nouvelle soumission à Souleymani qui, à travers Nasrallah, est bien plus vivant que mort.

La France voulait un gouvernement provisoire d’indépendants pour pouvoir financer notre sauvetage.

Le Hezbollah veut garder les ministres démissionnaires jusqu’aux élections qu’il va certainement reporter pour placer son pion Bassil ou quelque chose d’équivalent.

Il n’en a cure de notre misère car ses hôpitaux, ses banques, ses services sociaux, construits et assurés avec nos propres biens, donnent une aisance à sa base de masse qu’il pense ainsi soumettre à jamais.

Le Hezbollah a « chiitisé » toute l’infrastructure du pays et mis au service de sa communauté, donc de son projet de Grande Perse, tous les services qu’il a pu arracher au bien public à travers les ministères de la Santé et des Transports, ainsi que de ceux de ses alliés.

Je ne détaillerai pas plus. Beaucoup l’ont déjà fait.

La plus grande réalisation du aounisme est d’avoir démontré qu’il était lui-même incompatible avec les notions de démocratie, de justice et de liberté, et surtout d’avoir prouvé qu’il lui était impossible de respecter une Constitution qu’il avait eu pour charge de défendre et dont il a fait un tas de papier qui, ajouté au tas de papier des accords de Taëf, de Doha, de Baabda et de Meerab, lui a servi pour incendier le pays avec les étincelles des milices iraniennes.

Nous voulons un Liban convivial, ils veulent un Liban islamique lié au croissant perse.

L’équation est très simple. Ils nous la rabâchent depuis 1983, mais nous sommes sourds et aveugles.

Nous avons, par un pacifisme débridé et par un optimisme dangereusement naïf et inapproprié, aidé le Hezbollah à nous vaincre.

Nous sommes les principaux responsables de notre défaite retentissante et dramatique.

Arrêtons les calculs électoraux mesquins et les pratiques ancestrales du clientélisme et du confessionnalisme.

Le seul front capable de résister au Hezbollah serait celui aconfessionnel de tous les partis, groupes et politiciens prêts à mettre les résolutions 1559, 1680 et 1701 au-dessus de toute autre considération.

Dix auteurs libanais l’ont déjà exprimé.

Écoutons-les.

Le aounisme et le Hezbollah nous ont condamnés à mort.

Ils nous ont, par là, montré la voie à suivre.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Un antique dieu fit subir dix plaies successives à l’Égypte pour faire céder le pharaon qui, exténué, finit par libérer le peuple juif. Au Liban, nous en sommes à la vingtième plaie, chacune plus terrible que la précédente, et les nouveaux demi-pharaons locaux, soumis au grand pharaon perse, non seulement ne veulent pas libérer le peuple libanais, mais poursuivent leurs...

commentaires (1)

LES IRRESPONSABLES LIBANAIS ONT VECU UNE UNION SALVATRICE LIBRE DE TOUT ÉGOÏSME PARTISAN CE QUE LA ROSE AURAIT VECU: L'ESPACE D'UNE JOURNEE DU 14 MARS 2005. ALORS EN ESPERER QQ CHOSE ENCORE UNE FOIS ?

Gaby SIOUFI

12 h 07, le 25 janvier 2021

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Commentaires (1)

  • LES IRRESPONSABLES LIBANAIS ONT VECU UNE UNION SALVATRICE LIBRE DE TOUT ÉGOÏSME PARTISAN CE QUE LA ROSE AURAIT VECU: L'ESPACE D'UNE JOURNEE DU 14 MARS 2005. ALORS EN ESPERER QQ CHOSE ENCORE UNE FOIS ?

    Gaby SIOUFI

    12 h 07, le 25 janvier 2021

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