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La déconstruction

Il faut le reconnaître… en toute lucidité. Les dirigeants du Hezbollah sont d’excellents joueurs d’échecs. À l’instar d’ailleurs de leurs mentors et maîtres à penser. Ils se distinguent par leur vision particulière de l’existence, du rôle de l’individu en société et de la place que devrait occuper le Liban dans cette partie du monde. Il est dommage cependant que cet important atout dont ils bénéficient soit mis au service de la raison d’État et des desseins stratégiques de leur parrain régional, au lieu d’être investi dans un projet purement libanais et « libaniste » ayant pour finalité d’enrichir le pluralisme socioculturel sur lequel a été fondé à travers les siècles le pays du Cèdre. Il est dommage qu’ils aient consacré toute leur énergie et tout leur potentiel à une entreprise de déconstruction du Liban et de l’État plutôt que d’apporter leur contribution à l’édification de la « Maison libanaise », pour reprendre l’expression de celui qui fut le fondateur du l’ancien Cénacle libanais, Michel Asmar.

Le Hezbollah a été à très bonne école dans cette opération de déconstruction du Liban. Sans remonter trop loin dans l’histoire, le parti chiite pro-

iranien a été précédé dans ce travail systématique de sape par les Palestiniens de l’OLP à la fin des années 60 et au début des années 70, puis par les Syriens et les Israéliens après le déclenchement de la guerre libanaise. La prise en otage du Liban par le pouvoir des mollahs iraniens, via le Hezbollah, constitue la manifestation la plus récente de cette stratégie de sabotage. Des organisations palestiniennes au diktat de Téhéran, en passant par les occupations syrienne et israélienne, l’objectif depuis la fin des années 60 a constamment été le même, dépendamment des circonstances du moment et des acteurs impliqués : empêcher par tous les moyens disponibles et envisageables l’édification d’un État central fort, rassembleur, capable de gérer la chose publique. Cet acharnement des puissances régionales a malencontreusement été largement facilité par une (non-)gouvernance désespérante dont s’est rendue coupable une bonne partie des responsables politiques libanais.

Dans un tel contexte, l’attaque frontale lancée depuis quelques jours par les milieux proches du Hezbollah contre l’armée et son commandant, le général Joseph Aoun, est à inscrire au chapitre de ce vaste travail de sape, beaucoup plus que dans le cadre des traditionnelles manœuvres en rapport avec la prochaine échéance présidentielle de 2022. Sans totalement écarter cette dernière possibilité, la campagne contre l’armée et son commandement a en définitive pour finalité de parachever l’entreprise systématique de déconstruction des institutions et des secteurs vitaux du pays.

Le fil conducteur sur ce plan, pour l’étape-charnière qui a suivi le retrait syrien, trouve sa source au lendemain de la révolution du Cèdre de 2005. La série d’assassinats politiques ciblés, la longue occupation du centre-ville, la guerre de juillet 2006 contre Israël, et l’agression milicienne du 7 mai 2008 contre les permanences du courant du Futur et du PSP à Beyrouth et en Montagne – pour ne citer succinctement que quelques exemples parmi les plus frappants – ont constitué autant d’opérations « coups de poing » visant à briser la révolution du Cèdre ou, plus précisément, l’élan transcommunautaire d’édification d’un État rassembleur sur une base souverainiste. Une contre-révolution en quelque sorte, jalonnée de blocages institutionnels et politiques successifs dont les exemples les plus significatifs auront été la longue fermeture du Parlement et le « gel » de l’élection présidentielle pendant plus de deux ans afin d’obtenir l’accession de Michel Aoun à la première magistrature de l’État.

Le coup de grâce aura été à n’en point douter le sabotage de l’économie nationale et, par ricochet, de la monnaie. La politique de clientélisme poussée à l’extrême pratiquée (entre autres) par le tandem Amal-Hezbollah au niveau de l’administration publique – considérée comme la poule aux œufs d’or –, combinée à l’approbation (sous pression) d’une échelle des salaires insensée pour satisfaire cette même clientèle, avec en parallèle une cascade d’interventions médiatiques intempestives et belliqueuses dirigées contre les pays soutenant traditionnellement le Liban, dont notamment les États du Golfe, en sus de l’entretien en permanence d’un inutile climat guerrier auront eu raison d’une économie déjà fragilisée par l’absence d’une politique de promotion des secteurs productifs. Et, cerise sur le gâteau, le Hezbollah a mené ces derniers mois une campagne assidue de sape contre le secteur bancaire tout en mettant en place son propre circuit financier et monétaire.

Les attaques frontales contre l’armée et son commandement viennent ainsi clore la boucle, la grande muette étant l’une des dernières institutions encore debout et performante contre vents et marées. Mais face à ceux qui misent sur une telle déconstruction du pays, il est opportun de reprendre les propos du patriarche maronite Béchara Raï qui soulignait récemment dans une homélie que le peuple libanais ne saurait agréer la création d’un État qui ne ressemblerait ni à son identité, ni à son histoire, ni a fortiori au futur auquel il aspire.

Il faut le reconnaître… en toute lucidité. Les dirigeants du Hezbollah sont d’excellents joueurs d’échecs. À l’instar d’ailleurs de leurs mentors et maîtres à penser. Ils se distinguent par leur vision particulière de l’existence, du rôle de l’individu en société et de la place que devrait occuper le Liban dans cette partie du monde. Il est dommage cependant que cet...

commentaires (2)

Ces joueurs d’échecs n’ont aucun mérite, face à des amateurs qui leur ont rendu la tâche facile en acceptant de piper les dés et de vendre leur pays contre titres et argent volé, il ne leur rester plus que de déplacer les pions à l’aveugle en étant persuader de gagner la partie. Tous ces protagonistes qui se font lyncher par leurs alliés d’hier n’ont pas volé ces humiliations. On ne peut pas accabler des gens honnêtes lorsque ses dernier ont joué franc jeu depuis le début de la partie. L’aveuglement de certains a fait que les « pipeurs » des dés se sont vus promus au rang de maîtres de l’échiquier à cause de la cupidité et du manque de longueur de vue de leurs partenaires. La fin était déjà écrite mais personne ne voulait la voir. Arrêtons de mettre la faute sur X et Y. Ils sont tous coupables de cet enfer dans lequel brûlent les libanais qui eux, n’avaient d’autre choix que de croire en leur bonne étoile pour certains faute de croire en leurs gouverneurs qui se sont succédés et qui sont pourris jusqu’à l’os pendant que d’autres ne croyaient qu’à la main qui leur donnait à manger. La faim n’a pas d’idéal.

Sissi zayyat

12 h 44, le 19 janvier 2021

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Commentaires (2)

  • Ces joueurs d’échecs n’ont aucun mérite, face à des amateurs qui leur ont rendu la tâche facile en acceptant de piper les dés et de vendre leur pays contre titres et argent volé, il ne leur rester plus que de déplacer les pions à l’aveugle en étant persuader de gagner la partie. Tous ces protagonistes qui se font lyncher par leurs alliés d’hier n’ont pas volé ces humiliations. On ne peut pas accabler des gens honnêtes lorsque ses dernier ont joué franc jeu depuis le début de la partie. L’aveuglement de certains a fait que les « pipeurs » des dés se sont vus promus au rang de maîtres de l’échiquier à cause de la cupidité et du manque de longueur de vue de leurs partenaires. La fin était déjà écrite mais personne ne voulait la voir. Arrêtons de mettre la faute sur X et Y. Ils sont tous coupables de cet enfer dans lequel brûlent les libanais qui eux, n’avaient d’autre choix que de croire en leur bonne étoile pour certains faute de croire en leurs gouverneurs qui se sont succédés et qui sont pourris jusqu’à l’os pendant que d’autres ne croyaient qu’à la main qui leur donnait à manger. La faim n’a pas d’idéal.

    Sissi zayyat

    12 h 44, le 19 janvier 2021

  • NARRATION MAGISTRALE DE CLARTE ET D'OBJECTIVITE. J'AI QUAND MEME 1 POINT A RELEVER qui contrarie la descrition de l'intelligence de nasroullah . Comme cela a ete si ien ecrit ici. Il n'a eu qu'a reprendre l'experience de ses predecesseurs, arafat & assad grace aux politicens libanais allies et opposants qui lui faisaient face. qui rendent la vie facile a ceux qui veulent detruire notre pays, tant de par leur corruption que par leur égocentrisme, leur manque de vrai nationalisme et surtout leur manque de culture .

    Gaby SIOUFI

    11 h 30, le 19 janvier 2021

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