Le ministre libanais sortant de la Santé, Hamad Hassan, a affirmé que le vaccin contre le coronavirus Pfizer-BioNTech arrivera au Liban au cours de la première semaine de février, écartant toute éventualité de retard dans la livraison. Il a de plus à nouveau assuré, sur la chaîne MTV jeudi soir, que ce vaccin américano-allemand, qui doit être conservé à - 70 degrés, sera administré gratuitement aux Libanais "de manière équitable". Cette annonce intervient alors que le pays a enregistré vendredi un nouveau triste record avec 5.440 contaminations en 24h. Ce sont donc plus de 10 000 contaminations qui ont été enregistrées en 48 heures. Dix-sept décès ont également été comptabilisés dans le dernier bilan d'hier du ministère de la Santé. Le taux de contamination par rapport au nombre de tests effectués s'établit à 15,1 %. Ces chiffres font grimper à 210.139 le nombre cumulé des contaminations depuis la détection du premier cas du virus dans le pays en février 2020, au nombre desquelles 1.570 décès et 138.839 guérisons. Parmi les cas toujours actifs, 1.386 personnes sont hospitalisées, dont 525 en soins intensifs.
Le secteur hospitalier, lui, est saturé et croule sous le poids de la pandémie, alors que les contaminations quotidiennes ne cessent d'augmenter après les fêtes de fin d'année.
"Le vaccin de Pfizer arrivera au cours de la première semaine de février, et les négociations en cours avec la société n'affecteront pas la date de sa livraison", a affirmé Hamad Hassan. "L'accord avec la Banque mondiale et le crédit accordé par le ministère des Finances garantiront l'achat du vaccin", a -t-il ajouté. Et le ministre de clarifier : "Il n'y a aucun obstacle financier à ce sujet, en dépit du scepticisme ambiant et malgré la situation douloureuse que nous traversons, le vaccin de Pfizer sera donné gratuitement aux citoyens", estimant que "parvenir à une distribution équitable du vaccin est aussi important que la vaccination en soi". "La signature avec Pfizer se fait directement avec l'État sans la participation de tiers, et le Liban a obtenu le prix le plus bas pour le vaccin, car il a été l'un des premiers pays à l'avoir demandé", s'est-il félicité. En outre, ceux qui le souhaitent pourront se procurer le vaccin dans le secteur privé.
Le "chaos" des fêtes
Face à la rapidité de la propagation de la pandémie au cours des derniers jours, le chef de la commission parlementaire de la Santé, le député Assem Araji, a exprimé son inquiétude. "Le virus se propage de plus en plus vite au sein des foyers, d'autant plus après le chaos observé pendant la période des fêtes", a-t-il averti dans un entretien avec la chaîne LBCI. "Je m'attends à une croissance du nombre de cas entre le sixième et le septième jour du bouclage", a estimé le député. "Au cours des deux derniers jours, cent patients sont entrés à l'hôpital, en lits normaux ou en soins intensifs", a-t-il encore relevé, ajoutant que "la préparation de cent lits pour les patients atteints du Covid-19 nécessite plus d'un mois."
De son côté, le directeur de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri à Beyrouth, le Dr Firas Abiad, a mis en garde contre cette situation catastrophique. "Même si les hôpitaux augmentent le nombre des lits, ils ne pourront pas suivre le rythme de la hausse drastique du nombre de contaminations au coronavirus. Une approche plus dure est désormais requise. Si nous attendons que les lits d'hôpitaux soient pleins, il sera trop tard", a-t-il écrit sur son compte Twitter, regrettant "le laxisme dans la rue", alors que nombreux sont les responsables à appeler les Libanais à respecter les mesures de protection.
Face à la recrudescence des cas, l'Ordre des infirmiers a appelé à "la nécessité de développer un plan préventif, simulant les évolutions supposées et les moyens d'y faire face techniquement, logistiquement et scientifiquement", en attendant le vaccin. "Il est important de renforcer et de soutenir le personnel infirmier et de préparer des équipes de secours pour soulager la pression sur les infirmiers dans les services de coronavirus", a souligné l'Ordre dans un communiqué. Dans ce cadre, il a appelé à "des incitations exceptionnelles et une augmentation des salaires pour encourager ces soignants à rester dans le pays", alors que les médecins et infirmières sont de plus en plus nombreux à chercher fortune ailleurs, suite à la dévaluation de la livre libanaise et par conséquent de leur salaire depuis plus d'un an.
1.727 contraventions
Le Liban a entamé aujourd'hui son second jour de reconfinement, inégalement respecté selon les régions. Mardi, le gouvernement avait annoncé les modalités de ce nouveau confinement, qui prévoit notamment un couvre-feu entre 18h et 5h, ainsi que la fermeture de nombreux secteurs. Le gouvernement a apporté jeudi une série de modifications aux mesures initialement annoncées.
Toutefois, une longue série d'exceptions a également été prévue, dans une tentative de ménager l'économie d'un pays déjà en crise depuis plus d'un an. Ainsi, le chef du syndicat des transports routiers, Bassam Tleiss, a annoncé vendredi que les chauffeurs de bus et de vans pourront reprendre leur travail à partir du mardi 12 janvier, suite à un accord avec le ministre sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi.
Déjà hier, des dizaines de personnes ont bravé le confinement à Tripoli (Liban-Nord) et se sont rassemblées place el-Nour pour protester contre la situation socio-économique extrêmement difficile que connaît le pays, ainsi que la dégradation des conditions de vie. Sur le terrain, les Forces de sécurité intérieure ont annoncé vendredi midi avoir dressé 1.727 contraventions pour non-respect des mesures décrétées ou de la circulation alternée. Toutefois, peu de barrages ont été repérés sur les routes du pays.
Je parie 100.000LL avec le technocrate de la santé qu’il n’y aura pas de vaccins Pfizer au Liban le 1er février.
20 h 14, le 08 janvier 2021