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Société - focus

La Croix-Rouge libanaise, au cœur de la crise du coronavirus

En plus des conditions de travail difficiles, les secouristes sont désormais confrontés à la pénurie de lits dans les hôpitaux.

La Croix-Rouge libanaise, au cœur de la crise du coronavirus

Des secouristes de la Croix-Rouge libanaise. Photo fournie par la CRL

« Je me sens davantage en sécurité lors d’une mission avec un patient positif que dans la société », dit d’emblée Christina el-Hage, 27 ans et secouriste à la Croix-Rouge libanaise (CRL) depuis dix ans. « Il est vrai que j’ai peur de contaminer ma famille, mais ce qui me rassure c’est qu’aucun volontaire n’a été contaminé lors d’un appel. C’est en communauté qu’ils ont été touchés. » Plus de 50 secouristes ont été affectés depuis le début de la crise du coronavirus au Liban, en février dernier.

Ces derniers temps, alors que le nombre des contaminations explose au Liban et que les experts n’en finissent plus de tirer la sonnette d’alarme, la CRL transporte environ 100 personnes par jour, entre cas confirmés et suspectés. 3 620 nouveaux cas et 17 décès ont encore été enregistrés hier à l’échelle du pays. L’institution a effectué plus de 10 000 missions Covid-19 positifs ou potentiels depuis le 25 février.

Christina fait partie des 2 302 secouristes formés pour y répondre. Elle explique que ce sont les personnes âgées qui appellent le plus le numéro d’urgence de la CRL car elles développent des difficultés respiratoires, l’un des symptômes du virus. Après l’appel d’une personne positive ou suspectée, les secouristes se rendent chez le patient en ayant revêtu un équipement de protection individuelle plus avancé « qui nous couvre complètement », explique Christina el-Hage.

Pour mémoire

« Nous, la Croix-Rouge libanaise, sommes à vos côtés, peu importe votre race et votre religion »

Le patient est également équipé pour limiter tout risque de contamination. De ce fait, une « mission corona » coûte cher : plus de 600 dollars, contre 200 dollars pour un appel ordinaire. En collaboration avec le ministère de la Santé publique, la Croix-Rouge détermine où transférer le patient positif. Mais face à la quasi-saturation du système hospitalier et la pénurie de lits, il devient difficile de trouver des établissements qui puissent admettre un malade. Face à cette situation, la jeune secouriste se sent « impuissante ». « Il n’y a plus de place dans les hôpitaux, telle est la triste réalité. » Quand les hôpitaux les plus proches sont saturés, l’équipe, formée de deux à trois secouristes et chargée du transport du patient Covid-19, se doit de trouver une solution en coopération avec le patient et ses proches, notamment si ces derniers connaissent un médecin rattaché à un hôpital, ainsi qu’avec le centre de gestion de la CRL. « Nous sommes parfois critiqués par les familles qui pensent que nous ne voulons pas transporter un patient. Mais nous ne pouvons le faire avant d’avoir obtenu une confirmation de l’hôpital, sauf en cas d’urgence vitale », explique Nabih Jaber, sous-secrétaire général de la Croix Rouge libanaise. Si le patient est un cas critique, il est transporté aux urgences les plus proches suivant une procédure très stricte, pour éviter tout risque de contamination croisée. « Une fois traité, il est transféré dans un autre hôpital », selon Chawky Amineddine, directeur de la formation et coordinateur de la réponse Covid. Christina el-Hage ajoute que parfois les patients sont raccompagnés chez eux après avoir été traités aux urgences.

Pour mémoire

Plus de 150 équipes secouristes de la Croix-Rouge sur le pied de guerre dans tout le Liban

La fin d’une mission n’est pas la fin du travail pour les secouristes. Après avoir déposé le patient, ils doivent encore suivre un protocole spécifique pour retirer avec précaution leur équipement dans un lieu isolé et désinfecter l’ambulance, ce qui prend entre 15 et 20 minutes. « Après chaque mission, j’ai des sentiments contradictoires, je suis stressée et exténuée, mais je suis aussi très fière de ce que nous faisons. Aujourd’hui, j’attends de voir la lumière au bout du tunnel », explique Christina el-Hage.

200 volontaires formés par mois

Face à l’explosion des cas, l’institution a néanmoins dû s’adapter : « Avec des tests positifs dépassant parfois les 3 000 par jour, et après l’explosion au port, le 4 août dernier, nous avons transformé toutes nos ambulances pour qu’elles puissent transporter des patients Covid-19. Nous avons également formé davantage de secouristes », explique Chawky Amineddine. Ces derniers temps, plus de 200 volontaires ont été formés par mois. Dans ce contexte, Christina el-Hage ne cache pas avoir été consternée en découvrant les vidéos, qui ont circulé sur le web, de Libanais célébrant, sans précautions, le réveillon. « Avec tous les sacrifices, le travail et les efforts des volontaires, c’est presque du gâchis. Les Libanais ne prennent pas la situation au sérieux. C’est une honte quand je vois qu’après presque un an de pandémie, certaines personnes ne respectent toujours pas les mesures sanitaires. Probablement qu’ils n’ont pas conscience de la gravité de la situation et de la souffrance des malades. »

« Je me sens davantage en sécurité lors d’une mission avec un patient positif que dans la société », dit d’emblée Christina el-Hage, 27 ans et secouriste à la Croix-Rouge libanaise (CRL) depuis dix ans. « Il est vrai que j’ai peur de contaminer ma famille, mais ce qui me rassure c’est qu’aucun volontaire n’a été contaminé lors d’un appel. C’est en...

commentaires (3)

La guerre a crée le Leitmotiv des secouristes: Au dela du devoir. Ce n'est pas pour un Leitmotiv que les secouristes d'aujourd'hui continuent leur mission, mais c'est par amour pour la population qu'ils servent. En écrivant cela je ne fais que répéter ce que tout le monde sait, voit et pense. Mais encore je voudrais ajouter que ce volontariat, cet amour, cette passion sont la perle rare que produit cette société. Je me permet d'ajouter que cela n'a bougé d'un pouce depuis les premières lueurs d'une guerre qui ne connaissait pas son nom. Presque 50 ans et toutes les générations qui se sont succédées ont connu et respiré cette passion et cet honneur de servir les personnes dans le besoin. Même les anciens secouristes à l'étranger restés en contact ont unis leurs rangs et aident en silence. Le Gouvernement, son éventuel SAMU, ne peut et ne sait pas le faire, il n'a pas l'affection dans le geste, lui! Mieux vaut que la Croix Rouge s'en occupe car elle a ses sept principes qui lui tiennent de boucliers fort solides et qui lui garantissent le respect de tous, une évidente efficacité et la continuité pour s'améliorer continuellement.

Achikbache Dia

22 h 55, le 07 janvier 2021

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Commentaires (3)

  • La guerre a crée le Leitmotiv des secouristes: Au dela du devoir. Ce n'est pas pour un Leitmotiv que les secouristes d'aujourd'hui continuent leur mission, mais c'est par amour pour la population qu'ils servent. En écrivant cela je ne fais que répéter ce que tout le monde sait, voit et pense. Mais encore je voudrais ajouter que ce volontariat, cet amour, cette passion sont la perle rare que produit cette société. Je me permet d'ajouter que cela n'a bougé d'un pouce depuis les premières lueurs d'une guerre qui ne connaissait pas son nom. Presque 50 ans et toutes les générations qui se sont succédées ont connu et respiré cette passion et cet honneur de servir les personnes dans le besoin. Même les anciens secouristes à l'étranger restés en contact ont unis leurs rangs et aident en silence. Le Gouvernement, son éventuel SAMU, ne peut et ne sait pas le faire, il n'a pas l'affection dans le geste, lui! Mieux vaut que la Croix Rouge s'en occupe car elle a ses sept principes qui lui tiennent de boucliers fort solides et qui lui garantissent le respect de tous, une évidente efficacité et la continuité pour s'améliorer continuellement.

    Achikbache Dia

    22 h 55, le 07 janvier 2021

  • Heureusement que nous avons La Croix Rouge Libanaises avec ses volontaires admirables qui forgent le respect. Si on devait compter sur un SAMU gouvernemental, aucun malade ou aucune victime d’un accident aurait pu être transféré à un hôpital. Une fois de plus le gouvernement démontre qu’il INEXISTANT sauf bien entendu pour dresser des PV et faire payer des taxes et impôts pour que les dirigeants puissent continuer à voler la population libanaise

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 29, le 07 janvier 2021

  • Dieu bénisse tous ces jeunes volontaires!

    Marie-Hélène

    07 h 27, le 06 janvier 2021

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