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Sombre escalade

D’emblée, dès les premiers jours de la nouvelle année, et à quelques semaines de l’entrée en fonction du nouveau chef de la Maison-Blanche Joe Biden, les mollahs iraniens jouent cartes sur table et annoncent la couleur. Ils se sont livrés ces derniers jours à une nette escalade, perceptible tant au plan local que régional. Une escalade qui pourrait, certes, s’inscrire en première analyse au compte de la traditionnelle manœuvre consistant à faire monter les enchères en amont de toute négociation entre adversaires.

Les gestes et propos provocateurs se sont ainsi multipliés ces derniers jours. À commencer par cet empressement à placarder en grand nombre des portraits géants de Kassem Soleimani, en « oubliant », ou plutôt en occultant intentionnellement, qu’il était après tout un officier iranien très controversé au sein d’une organisation paramilitaire iranienne. Au niveau régional, les hauts responsables à Téhéran n’ont pas manqué, à l’approche de la passation des pouvoirs à Washington, d’avancer des conditions rédhibitoires à une relance du dialogue sur l’accord nucléaire de juillet 2015, signé à Vienne : levée préalable des sanctions, rejet de toute discussion sur l’arsenal militaire, plus spécifiquement les missiles balistiques, etc. Et également dans la foulée, en toute vraisemblance, le refus d’une remise en cause de la politique expansionniste – de fuite en avant – des pasdaran dans plusieurs pays de la région. Au-delà de la dimension véritable – simplement tactique, ou plutôt à caractère stratégique – de telles positions en flèche, un sérieux problème de fond à portée existentielle se pose à ce niveau… Un problème de fond dont la gravité se fait plus particulièrement ressentir alors que le Liban vient de « célébrer », autant que faire se peut, le centenaire de la proclamation du Grand Liban, et qu’à cette occasion, de nombreuses voix se sont élevées pour s’interroger sur le bien-fondé de la formule libanaise à la lumière, précisément, du suivisme aveugle dont bénéficie au Liban le régime de la République islamique iranienne. Une lecture sereine et lucide des développements en cours depuis plusieurs années, et notamment ceux des derniers jours, nous amène à rappeler à qui veut bien l’entendre que deux projets politiques, deux visions du monde, deux conceptions de la vie et de la place de l’individu en société, s’affrontent violemment au Liban et dans la région, voire dans le monde. Bien au-delà de l’accord sur le nucléaire, l’un des grands enjeux de la nouvelle année sera de déterminer le sort de ceux qui à Téhéran tentent, par tous les moyens envisageables, de façonner le Moyen-Orient à leur image et conformément à leurs desseins géostratégiques.C’est ce volet des rapports avec l’Iran qui avait été totalement négligé et occulté en 2015 par l’ancien président Barack Obama, lequel avait pratiquement accordé un blanc-seing aux gardiens de la révolution iranienne dans la région, dans son obsession d’aboutir coûte que coûte à « son » accord avec l’Iran. Quelques jours après l’élection présidentielle américaine, Joe Biden devait déclarer que son mandat ne sera pas un « troisième mandat » Obama. Dans le contexte précis du Moyen-Orient, l’année qui s’amorce devrait permettre de savoir si sur ce plan le nouveau locataire de la Maison-Blanche parviendra réellement à joindre l’acte à la parole ou s’il se laissera entraîner dans des compromissions, sources d’un surcroît de déstabilisation chronique.

Au plan strictement local, la fracture verticale ne cesse de s’accroître et de s’approfondir de jour en jour entre les porte-étendards du projet souverainiste « Liban d’abord » et ceux qui cherchent à édifier un nouveau Liban qui soit « en phase avec la résistance » (entendre le projet sociétal du Hezbollah) – pour reprendre les propos du député Mohammad Raad.

L’année 2021 sera cruciale pour l’issue de ce bras de fer du fait que les choix sociétaux, politiques et économiques qui pourraient se décanter dans un proche futur – et donc le visage et la vocation du Liban – seront tributaires dans une large mesure du cours que pourrait prendre un éventuel dialogue renouvelé entre Washington et Téhéran. Dans la perspective d’un possible « package » à ce niveau, les défenseurs de l’option souverainiste se doivent de relever dans les prochains mois un défi de taille : mobiliser sans retenue tout leur potentiel et unifier toutes leurs forces, au-delà des clivages partisans et réducteurs, afin de créer une situation, un fait accompli, qui amènerait les décideurs internationaux à tenir compte de la détermination d’une très large faction des Libanais à ne plus accepter que leur pays demeure otage des ambitions hégémoniques du nouvel « empire » perse. Il y va aujourd’hui à n’en point douter de la pérennité du Liban-message.

D’emblée, dès les premiers jours de la nouvelle année, et à quelques semaines de l’entrée en fonction du nouveau chef de la Maison-Blanche Joe Biden, les mollahs iraniens jouent cartes sur table et annoncent la couleur. Ils se sont livrés ces derniers jours à une nette escalade, perceptible tant au plan local que régional. Une escalade qui pourrait, certes, s’inscrire en première...

commentaires (1)

Il est malheureusement évident que toute la classe politique ne fera rien de ce que le bon sens et le patriotisme imposent dans ces circonstances désastreuses dans laquelle il ont mené le pays. Aucun ne renoncera à sa poule aux œufs d’or. Il est temps que les libanais se réveillent de ce cauchemar et y mettent fin en se rassemblant autour de la nation pour la sauver d’une mort certaine et les dégagent tous azimuts. Aucune autre solution n’est envisagée si le peuple reste divisé. Je ne sais pas quelle slogan faut il utiliser pour que le peuple se rende compte que si le Liban tombe nous tomberons tous avec et nous deviendrons apatrides sous le regard moqueur de tous les pays qui n’ont pas été avares de conseils et de recommandations pour les réveiller de leur état comateux. De Ain il sera trop tard.

Sissi zayyat

11 h 37, le 06 janvier 2021

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Commentaires (1)

  • Il est malheureusement évident que toute la classe politique ne fera rien de ce que le bon sens et le patriotisme imposent dans ces circonstances désastreuses dans laquelle il ont mené le pays. Aucun ne renoncera à sa poule aux œufs d’or. Il est temps que les libanais se réveillent de ce cauchemar et y mettent fin en se rassemblant autour de la nation pour la sauver d’une mort certaine et les dégagent tous azimuts. Aucune autre solution n’est envisagée si le peuple reste divisé. Je ne sais pas quelle slogan faut il utiliser pour que le peuple se rende compte que si le Liban tombe nous tomberons tous avec et nous deviendrons apatrides sous le regard moqueur de tous les pays qui n’ont pas été avares de conseils et de recommandations pour les réveiller de leur état comateux. De Ain il sera trop tard.

    Sissi zayyat

    11 h 37, le 06 janvier 2021

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