Salim Jreissati, ancien ministre de la Justice et conseiller du chef de l'Etat libanais Michel Aoun, a affirmé jeudi que les obstacles rencontrés par les dirigeants chargés de la formation du gouvernement "sont nombreux mais surmontables", alors que le président Aoun et le Premier ministre désigné, Saad Hariri, ne parviennent pas à mettre sur pied le nouveau cabinet, attendu depuis août.
Le siège patriarcal est "une référence nationale dans tous les sens du terme", a déclaré Salim Jreissati à l'issue d'une entrevue avec le patriarche maronite Mgr Béchara Raï à Bkerké. Il a souligné que le patriarche et la présidence sont "sur la même longueur d'onde en ce qui concerne le salut du Liban" et qu'il n'avait perçu "aucune discordance" entre leurs points de vue à ce sujet.
En ce qui concerne le gouvernement, l'ancien ministre a souligné que les "obstacles sont nombreux mais qu'ils restent surmontables, avec un peu de bonne volonté de la part des personnes chargées" de cette mission. "Les personnes qui ont la solution en main savent qu'il est possible de former des gouvernements" malgré les difficultés, a-t-il ajouté. Et de souligner que la seule issue "se trouve dans la Constitution et est le vivre-ensemble, c'est-à-dire la participation efficace de tous à la mise en place des autorités".
"Attendre de verts pâturages au milieu d'un désert"
Pour sa part, le leader maronite Samir Geagea, opposant du président Aoun, a estimé qu'"attendre que soit formé un nouveau gouvernement capable de sauver le pays, en présence de la majorité actuelle au pouvoir, c'est comme attendre de verts pâturages au milieu d'un désert dans lequel il n'a jamais plu". Le chef des Forces libanaises (FL) a par ailleurs réitéré, lors d'une réunion avec des membres de son parti à Maarab, son appel à des élections législatives anticipées qui sont, selon lui, "le seul moyen de sortir de la crise".
Près de cinq mois après la démission du Premier ministre Hassane Diab, le 10 août dernier, dans la foulée de la gigantesque explosion du 4 août au port de Beyrouth, le Liban ne s'est toujours pas doté d'un nouveau gouvernement. Le cabinet sortant est chargé de la gestion des affaires courantes, alors que le pays est englué dans une série de crises socio-économique, politique, financière et sanitaire. Lors de sa désignation comme Premier ministre, le 22 octobre, Saad Hariri s'était engagé à former un cabinet de spécialistes indépendants. Mais il se heurte aux revendications des différentes formations politiques concernant la distribution des portefeuilles. Il lui est notamment reproché par le chef de l'Etat et le parti qu'a fondé ce dernier (le Courant patriotique libre, CPL) d'avoir promis au tandem chiite Amal-Hezbollah de pouvoir nommer leurs ministrables mais de refuser ce droit aux autres parties. Pour tenter de sortir de l'embourbement des tractations, le patriarche maronite avait lancé il y a deux semaines une initiative et rencontré dans ce cadre le chef de l'Etat, le Premier ministre désigné et une série de responsables, mais, alors que l'optimisme prévalait avant Noël, il était retombé aussi rapidement, ce qui avait valu aux dirigeants une nouvelle salve de reproches de la part du chef de l'Eglise maronite. Les négociations sont depuis retombées au point mort, Saad Hariri étant actuellement à l'étranger.
commentaires (8)
L'Etat au Liban est en déliquescence, résultat d'une classe politique au pouvoir assez mauvaise, et sur de longues années.
Esber
18 h 12, le 01 janvier 2021