Le numéro deux de la Ligue arabe a affirmé jeudi, lors d'un entretien avec le chef de l'Etat libanais à Baabda, que l'organisation panarabe était prête à aider le Liban à sortir de sa grave crise si celui-ci en formulait la demande. Houssam Zaki a également appelé les responsables libanais à abandonner leur méthode de travail routinière au profit de mesures exceptionnelles. Le président de la République, Michel Aoun, a affirmé pour sa part que le Liban comptait sur une "position arabe unifiée" envers le pays du Cèdre, promettant des réformes avec le prochain gouvernement qui tarde à naître en raison des divergences politiques internes.
La visite du secrétaire général adjoint de la Ligue intervient alors que le Liban est englué depuis plus d'un an dans une crise socio-économique sans précédent dans son histoire moderne. Elle a été aggravée par l'énorme explosion du 4 août au port de Beyrouth, qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés. Le déblocage des aides internationales est conditionné par la mise en place d'un gouvernement d'experts non partisans capable de mettre en œuvre de réformes économiques importantes, au moment où le pays est sans cabinet depuis août.
"Je ne suis pas venu avec une initiative"
"Il est des responsabilités qui incombent aux dirigeants libanais. La Ligue arabe (...) est prête à aider si on nous le demande", a affirmé M. Zaki dans un communiqué à l'issue de la réunion avec le président Aoun. "Le but de la visite est de passer en revue et d'évaluer la situation au Liban et nous espérons pouvoir aider à sortir le pays de sa crise. La méthode de travail routinière doit être mise de côté et laisser place à une méthode de travail exceptionnelle". "Ma visite consiste à sonder la situation et je ne suis pas venu avec une initiative", a toutefois précisé M. Zaki. "Je suis ici sur mandat du secrétaire général de la Ligue pour me familiariser avec la situation politique du pays et ses difficultés, autour de la formation du gouvernement notamment. Nous espérons que le gouvernement verra la lumière le plus tôt possible", a-t-il ajouté avant de faire part du souhait de la Ligue arabe d'aider le Liban à sortir de sa crise. "Je ne suis pas sûr que l'utilisation du terme de blocus économique et politique reflète bien la situation. Je respecte ce terme, mais une fois encore, lorsque les politiciens libanais s'accordent sur une sortie de crise, cela peut constituer un signal clair en direction de la communauté arabe ou internationale", a poursuivi Houssam Zaki. (...) "Maintenant, quand on regarde d'un œil extérieur, on voit que la question de la formation du gouvernement est traitée comme en temps normal, comme si le pays ne traversait pas de véritables crises menaçant l'entité même de l'État", s'est étonné le secrétaire adjoint. Et M. Zaki de conclure en espérant que la formation d'un gouvernement "ouvrira la voie à tous ceux qui ont une intention sincère d'aider le Liban, qu'il soit arabe ou étranger".
"Critères unifiés"
"Le Liban attend une position arabe unifiée concernant les difficultés économiques et sociales dont il souffre, après la série d'événements survenus au cours des dernières années, notamment avec l'afflux de déplacés syriens dont le nombre dépasse désormais un million et demi de personnes dans notre pays", a affirmé pour sa part Michel Aoun. "La responsabilité des pays arabes est d’aider le Liban à surmonter les circonstances difficiles qu’il traverse, d'autant que le pays a beaucoup enduré pour le bien des causes arabes, dont la question palestinienne au premier chef", a-t-il poursuivi.
"Le prochain gouvernement entreprendra les réformes nécessaires parallèlement à un audit financier et juricomptable des comptes de la Banque du Liban, des institutions et de toutes les administrations publiques pour lutter contre la corruption et empêcher la répétition des erreurs survenues dans le pays il y a des années", a en outre promis Michel Aoun. Le cabinet en charge de l'audit juricomptable de la BDL a jeté l'éponge face au manque de coopération de la Banque centrale qui prétextait du secret bancaire. "La formation du gouvernement se heurte à des difficultés qui peuvent être surmontées si des critères unifiés sont adoptés", a ensuite estimé le président libanais.
Le pays, toujours dépourvu de gouvernement après la démission du Premier ministre Hassane Diab, a vu sa monnaie dégringoler face au dollar. Le billet vert s'échange actuellement à plus de 8.000 LL sur le marché noir. Le Premier ministre désigné le 22 octobre, Saad Hariri, et le président de la République n'arrivent toujours pas à se mettre d'accord sur une mouture pour former un nouveau cabinet à même de mettre en œuvre les réformes requises.
Houssam Zaki a également été reçu par le Premier ministre désigné, Saad Hariri, à la Maison du Centre. Il s'est ensuite entretenu à Aïn el-Tiné avec le président du Parlement, Nabih Berry. "Nous avons évoqué les moyens à travers lesquels la Ligue peut aider le Liban, si cela est faisable", a indiqué le responsable. "De nombreux facteurs aggravent la difficulté de la situation, surtout sur les plans social et économique. Nous espérons que les responsables politiques trouveront la solution convenable pour sortir de la crise et la Ligue est prête à toute aide sur ce plan", a ajouté Houssam Zaki. Le Premier ministre sortant Hassane Diab a lui aussi reçu à sa résidence de Tallet el Khayyat le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe. Les deux hommes ont passé en revue la situation générale au Liban et dans la région, la formation du gouvernement et le rôle de la Ligue en matière d’aide au Liban. La réunion a également abordé la cause palestinienne et l'Initiative de paix arabe de Beyrouth.
commentaires (4)
La formation du gouvernement se heurte à des difficultés se plaît à répéter à qui veut l’entendre ce chef de la république bananière. Il,oublie d’ajouter bloquer par moi même tant que mon gendron et mes alliés vendus sont exclus du nouveau gouvernement. Ce sera plus clair pour une fois. Il se paie la tête de tous les responsables politiques qu’il rencontre, car parmi eux il y en a qui sont à mille lieux de penser qu’un chef d’état puisse agir de la sorte et rester dans son fauteuil à faire saigner le pays. La plus grosse erreur de l’histoire du pays. Cependant on peut toujours y remédier.
Sissi zayyat
13 h 32, le 18 décembre 2020