Rechercher
Rechercher

Politique - Décryptage

Pour le Hezbollah, la priorité est d’aider son environnement populaire à tenir cinq ou six mois...

Qu’attend donc le Hezbollah pour intervenir et tenter une médiation entre ses alliés qui s’entredéchirent ? Depuis que la formation du gouvernement semble avoir été gelée et que les conflits politiques s’enveniment entre les différentes parties, notamment celles qui sont censées être dans le même camp stratégique, cette question est sur toutes les lèvres.

Le Hezbollah, qui n’avait pas caché son appui à la désignation de Saad Hariri pour former le prochain gouvernement, contre la volonté du chef de l’État qui avait d’ailleurs prononcé un violent discours visant à responsabiliser les députés à la veille des consultations parlementaires obligatoires du 22 octobre qui avaient abouti au retour de Saad Hariri à la présidence du Conseil, ne mène jusqu’à présent aucune médiation. Comme s’il ne se sentait pas concerné par le processus de formation du gouvernement, alors que les différentes parties se lancent réciproquement des accusations de plus en plus violentes.

Le Hezbollah affiche aussi une indifférence totale face au conflit de plus en plus profond qui a éclaté récemment entre le président de la République et son camp d’un côté, le président de la Chambre et son camp de l’autre et qui se traduit par des déclarations enflammées à travers les médias affiliés à chaque partie. Au point que certains observateurs affirment que désormais les relations entre Aoun et Berry ont atteint un point de non-retour. Certes, le chef du CPL a essayé d’arrondir les angles, dans le cadre de l’entretien qu’il a accordé à L’Orient-Le Jour mardi, d’ailleurs repris par la chaîne NBN, mais le fossé reste profond entre les deux camps. Le président de la Chambre et son camp se sentent en effet directement visés par la campagne menée par le chef de l’État pour lutter contre la corruption, et en particulier par ce que Michel Aoun appelle « les obstacles posés face à la réalisation de l’audit juricomptable ».

Lire aussi

Le Hezbollah veut les Transports, malgré un veto international

À plus d’un niveau, les institutions publiques et les différentes parties politiques semblent donc en état de décomposition, sur fond de crise sociale et économique sans précédent. Toutefois, ce tableau particulièrement sombre ne semble pas affecter le Hezbollah ni le pousser à agir. Ni pour pousser à la formation du gouvernement ni pour instaurer un minimum de coopération entre Baabda et Aïn el-Tiné. D’autant que l’un des principaux griefs adressés par le CPL au Hezbollah consiste en ce qu’il appelle « l’édification de l’État », laquelle, à ses yeux, repose essentiellement sur la lutte contre la corruption, notamment au sein de certaines institutions.

Dans ce climat de crise aiguë, l’inertie du Hezbollah suscite les questions. Mais les sources proches du parti rejettent les accusations d’indifférence qui lui sont portées.

Pour ces mêmes sources, le Hezbollah estime que la formation du gouvernement, en dépit des accusations que se lancent réciproquement les différentes parties, est un problème qui dépasse le Liban. Cette question s’inscrit désormais dans l’équation régionale et internationale, la communauté internationale, États-Unis en tête, faisant pression pour que le Hezbollah soit écarté du gouvernement, en guise de premier pas vers l’affaiblissement de son influence dans le pays. Et le Hezbollah ainsi que l’axe dont il fait partie estiment qu’il n’y a pas de raison de céder à cette exigence, d’autant que cet axe n’est pas en train de perdre dans la région : la République islamique d’Iran a tenu bon face aux lourdes pressions exercées sur elle et finalement, c’est l’administration américaine qui change et le régime des mollahs qui reste. Au Yémen, Ansarallah (les houthis) sont sur le point de prendre la province stratégique de Ma’rib, alors que leurs missiles atteignent en profondeur le territoire saoudien. En Syrie, le régime est en place et plus personne ne parle de le renverser, les dernières frictions se limitant au nord de la Syrie que se disputent les Américains, les Turcs et les Russes. À Gaza, le Hamas et le Jihad islamique ont amélioré leurs capacités au point que les Israéliens ne peuvent plus mener une guerre contre ce territoire, poursuivent ces sources. En Irak, en dépit de toutes les tentatives pour l’affaiblir, al-Hachd al-Chaabi reste une composante essentielle du pays et ce sont les Américains qui sont en train de procéder au retrait de leurs soldats dans ce pays.

Lire aussi

Hariri à Bkerké : Le but n’est pas de former le gouvernement « n’importe comment »

Enfin, au Liban, le Hezbollah reste une force considérable. S’il préfère ne pas intervenir dans les détails de la vie politique, c’est d’abord pour éviter tout enlisement interne dans des polémiques aussi inutiles qu’interminables. De plus, la priorité du Hezbollah au Liban est aujourd’hui d’aider son environnement, et la population en général, à tenir quelques mois (cinq ou six), avant que les effets de la nouvelle politique américaine dans la région commencent à se faire sentir. Le Hezbollah s’emploie donc à assurer à son assise populaire, et aux Libanais qui le souhaitent, les denrées alimentaires nécessaires, le mazout et l’essence, ainsi que les médicaments, à des prix préférentiels. Il compte ouvrir prochainement des coopératives pour mettre à la disposition des clients tous ces produits vendus à bas prix, ayant désormais accès aux réserves iraniennes mais aussi aux produits irakiens. Dans ce contexte, la politique n’est pas son premier souci, parce qu’il est convaincu qu’après l’entrée en fonctions de la nouvelle administration américaine, la tendance sera au dialogue dans la région. Ce qui aura forcément un impact sur la situation libanaise et devrait favoriser un déblocage politique au Liban. L’essentiel est donc de tenir jusque-là...

Qu’attend donc le Hezbollah pour intervenir et tenter une médiation entre ses alliés qui s’entredéchirent ? Depuis que la formation du gouvernement semble avoir été gelée et que les conflits politiques s’enveniment entre les différentes parties, notamment celles qui sont censées être dans le même camp stratégique, cette question est sur toutes les lèvres. Le Hezbollah, qui...

commentaires (13)

Excellent article. Merci pour cette analyse Mme Haddad .

nabil zorkot

22 h 50, le 17 décembre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (13)

  • Excellent article. Merci pour cette analyse Mme Haddad .

    nabil zorkot

    22 h 50, le 17 décembre 2020

  • Mme Haddad bonsoir! Je fais partie de la "population en général" ainsi que par la même occasion "des Libanais qui souhaitent les denrées alimentaires nécessaires, du mazout, de l'essence et des médicaments à des prix préférentiels" qui seront assurés par le hezbola, selon votre article. Comment faire, dois-je adhérer au cpl ou au hizb ou seul ma carte d'identité libanaise suffit? En tous cas merci à vous pour l'info. et merci le hezb.

    DJACK

    17 h 01, le 17 décembre 2020

  • Qu’attend donc le Hezbollah pour intervenir et tenter une médiation entre ses alliés qui s’entredéchirent ?cette question est sur toutes les lèvres. VOILA TOUT DIT DANS LE PREMIER PARAGRAPHE CAD HEZBOLLAH CONTROLE TOUT LE PAYS ET TOUS LES PARTIS Dans ce climat de crise aiguë, l’inertie du Hezbollah suscite les questions. INERTIE? VOUS VOULEZ DIRE LA POLITIQUE RAMENER LA PAYS AU NIVEAU DE LA SOMALIE ce tableau particulièrement sombre ne semble pas affecter le Hezbollah ni le pousser à agir. Ni pour pousser à la formation du gouvernement C'EST VRAI CAR SON BUT EST L'AFFAIBLISSEMENT DU LIBAN ET LE RENDRE DEPENDANT DE L'IRAN UNIQUEMENT la République islamique d’Iran a tenu bon face aux lourdes pressions A TENU TRES BON EN FAISANT ASSASSINER SES LEADERS Au Yémen, Ansarallah (les houthis) sont sur le point de prendre la province stratégique de Ma’rib, BELLE VICTOIRE FAITONS DONC CEL AU LIBAN En Syrie, le régime est en place et plus personne ne parle de le renverser, AU PRIX DE JUSTE PLUS DE 10 MILLIONS DE DEPLACES ET QUELQUES CENTAINES DE MILLIERS DE MORTS BRAVO le Hamas et le Jihad islamique ont amélioré leurs capacités au point que les Israéliens ne peuvent plus mener une guerre contre ce territoire, VICTOIRE ECLATANTE QUI FAIT FAIRE DANS LEUR FROC LES ISRAELIENS ET C'EST POUR CELA QU'ILS ACCEPTENT DE FAIRE LA PAIX AVEC LE MONDE ARABE LA VERITE MERCI MADAME DE NOUS ECLAIRERCIR CHAQUE SEMAINE , UN DELICE A LIRE

    LA VERITE

    15 h 16, le 17 décembre 2020

  • Anciennement les conquérants faisaient le siège pour appauvrir une ville et en achetant une cinquième colonne logée intramuros pour la soumettre. Une cinquième colonne nourri par la contrebande bien organisée avec le conquérant. Au 21ième siècle l'objectif est le même mais la méthode a pris un autre visage.

    DAMMOUS Hanna

    13 h 26, le 17 décembre 2020

  • Le même jour nous lisons d'une part que la milice iranienne au Liban a sauvé divinement la Terre entière, dont l'Irak grâce à l'ouverture d'esprit et les bonnes actions d'al-Hachd al-Chaabi, et d'autre part que des milices iraniennes appartenant au même Hachd al-Chaabi sont en train d'imposer leur doctrine obscure par leurs exactions et leurs crimes (cf. l'article "Attaques contre des magasins d'alcool à Bagdad..."). Belle victoire en effet.

    Robert Malek

    13 h 13, le 17 décembre 2020

  • Face à cette accumulation de contre-vérités et d'atteintes graves à l'esprit de notre "Souveraineté Nationale", nous nous cantonnerons dans notre réaction, eu égard à notre profond respect des principes sacro-saints de la liberté d'expression, et face à la délicatesse de la situation sur la scène politique interne, à vous dire, chère Madame, que le "silence est d'or...!" à dire que le silence est d'or

    Salim Dahdah

    11 h 31, le 17 décembre 2020

  • L'axe de moumanaa a gagne et comment ? Partout ou cet axe est passe il a laisse que devastation et desolation deriere lui.

    EL KHALIL ABDALLAH

    10 h 33, le 17 décembre 2020

  • revoila sarlet comme bcp d'autres a "légitimer" le fait que les llbanais eux ne sont que des laquais et attendent chacun les desiderata de son Maitre . PARFAIT QUOI ! alors ainsi et en attendant, que les aounistes fassent com le hezb, assurent leur pain quotidien a leurs ouailles et le liban politique sera tranquille pour les mois prochains. pas de risque de revolte. Merci papa et frero hassan

    Gaby SIOUFI

    09 h 49, le 17 décembre 2020

  • Après nous avoir prédit une guerre imminente voilà que cette dame nous dit que le Hezbollah veut assurer à son assise populaire (sic) des denrées alimentaires cela veut dire qu’ils feront manger la communauté chiite, et elle ajoute pudiquement ? Et les libanais qui le souhaitent . Voilà que le but de ce fameux parti devient de faire manger ses gens pendant 5 à 6 mois plutôt que de résoudre les problèmes existentiels du Pays , bravo

    Farhat Raymond

    09 h 34, le 17 décembre 2020

  • Scarlett a mille fois raison, dix mille fois raison ! il est vrai que partout ou le Hezbollah et ses alliés ont appliqué leurs politiques humanistes et éclairés les conditions de vie se sont vraiment améliorées ! On en redemande ! vite, encore plus de Michel Aoun, plus de Gebran Bassil, plus de Nabih Berri (surtout lui), beaucoup plus de Saad Harriri et surtout, surtout ,20 fois, 30 fois plus de Hassan Nasrallah. Que le vie sera belle alors ! et vive les victoires de l'axe moumanaaiote ! Quel pied !

    Lebinlon

    09 h 22, le 17 décembre 2020

  • Il y a six mois le Hezbollah attendait le résultat des élections américaines. Aujourd'hui il attend six mois pour sentir l'effet de la politique Biden. El dans six mois les six mois seront reportés plusieurs fois. La réalité est que le Hezb veut que la situation du Liban pourrisse. Il n'a plus besoin ni du Liban ni de son allié Chrétien.

    Zovighian Michel

    06 h 28, le 17 décembre 2020

  • (suite) Le Hezbollah reste une force considérable au Liban, ça c'est vrai. Mais il ne faut pas se leurrer, ses armes ne sont pas du tout destinées à défendre les Palestiniens ou attaquer Israël (sinon on l'aurait su) mais à servir de menaces à l'encontre des Libanais pour avoir le contrôle politique du pays, des armes qui risquent de provoquer la destruction totale du Liban (nous en avons eu un aperçu le 4 aoüt dernier) si tout ne se passe pas comme il le souhaite. Mais il n'y a pas de quoi s'inquiéter, le Hezbollah va nous aider à tenir bon jusque-là !

    Robert Malek

    02 h 58, le 17 décembre 2020

  • Ce qu'il faut donc retenir de ce papier c'est que les victoires divines sont aussi attribuées aux mollahs d'Iran, au boucher de Damas, aux guérilleros de Gaza, etc. Mais oui, c'est tellement clair tout ça ! L'Iran est devenu le pays modèle de la liberté et de la croissance économique et sociale. La Syrie ne s'est jamais aussi bien portée, avec un enfant de choeur à sa tête qui est tout à l'écoute de son peuple, tout est reconstruit et les réfugiés syriens semblent on ne peut plus heureux de retourner y vivre en toute sécurité avec un avenir flamboyant tout tracé. Le Hamas fait peur à tout le monde, bien évidemment. Gaza est devenue une puissance régionale indestructible. Bref, non mais franchement, faire ainsi l'apologie du désastre et de la déchéance c'est à se demander ce que HN a fait à Mme Haddad pour qu'elle tombe à ce point en pâmoison devant cette milice iranienne. Après avoir sauvé tout ce beau monde, le Hezbollah va maintenant sauver le Liban : la population ne va plus manquer de rien, c'est fabuleux. Si ça continue comme ça il va même éradiquer le Covid-19.

    Robert Malek

    02 h 57, le 17 décembre 2020

Retour en haut