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Politique - Formation du gouvernement

Hariri et la présidence s'accusent mutuellement du retard dans les tractations

Les communiqués acerbes fusent entre Salim Jreissati, le bureau de presse du Premier ministre désigné et Baabda.

Hariri et la présidence s'accusent mutuellement du retard dans les tractations

Le Premier ministre libanais désigné, Saad Hariri (g) et le président Michel Aoun lors d'un Conseil des ministres au palais de Baabda. Photo d'archives AFP

Dans un échange de communiqués acerbes, la présidence de la République et le Premier ministre désigné, Saad Hariri, se sont mutuellement accusés d'être responsables du retard dans la formation du futur gouvernement, attendu depuis la démission du cabinet de Hassane Diab début août, illustrant la montée des tensions. 

Depuis sa désignation pour former le cabinet, Saad Hariri et le chef de l'Etat, Michel Aoun, peinent à trouver un terrain d'entente. Leurs négociations butent notamment sur la répartition des portefeuilles et la nomination des ministrables. Au cœur de cette polémique se trouve également le refus du chef du courant du Futur d'accorder le tiers de blocage au Courant patriotique libre (aouniste) et au chef de l'Etat. Les tensions entre les deux hommes ont empiré depuis la mise en accusation, la semaine dernière, du Premier ministre sortant, Hassane Diab, et de trois anciens ministres, dans le cadre de l'enquête des explosions du port. Un dossier qui a, ces derniers jours, fait l'objet d'une politisation et d'une confessionnalisation exacerbées.

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Ces tiraillements interviennent alors que le Liban continue de s'enfoncer dans la pire crise économique et financière de son histoire moderne, qui dure depuis des mois. La formation d'un nouveau gouvernement est donc essentielle pour faire face à cette crise, plus de quatre mois après la démission du gouvernement de Hassane Diab, consécutivement au drame du port de Beyrouth. Désigné dans la foulée de cette démission, avant la seconde visite à Beyrouth du président français Emmanuel Macron,  le Premier ministre Moustapha Adib avait finalement jeté l'éponge sans parvenir à former son équipe. Quant à Saad Hariri, le nouveau Premier ministre désigné le 22 octobre, il n'a toujours pas réussi à mettre sur pied un cabinet en raison des tiraillements entre les partis politiques au pouvoir qui réclament leur part au sein du gouvernement.

La polémique a enflé ce lundi avec la publication d'une lettre ouverte par le conseiller de Michel Aoun, Salim Jreissati, à l'intention de M. Hariri. Dans son texte, publié dans le quotidien An-Nahar, M. Jreissati appelait notamment le Premier ministre désigné à coopérer avec le chef de l'Etat afin de "trouver ensemble une façon de sauver le Liban". Il a estimé que le "délai raisonnable" pour former un gouvernement, dans les conditions actuelles que connaît le pays, "est écoulé", accusant le chef du courant du Futur d'être à l'origine de la décision de faire "s'éterniser" ce processus. Revenant sur les difficultés rencontrées, selon lui, par Saad Hariri dans la mise sur pied de son cabinet, notamment en ce qui concerne ses différentes promesses faites, entre autres, au tandem chiite et les craintes de représailles de la part de la communauté internationale en cas de participation du Hezbollah au cabinet, Salim Jreissati a estimé que "la seule personne capable" d'aider le Premier ministre désigné à surmonter ces difficultés est le président Aoun.

"Mettre de côté le tiers de blocage"

En réponse, le bureau de presse de Saad Hariri affirme dans un communiqué que ce dernier veut former "un cabinet de technocrates non-partisans, qui pourra mettre un terme à l'effondrement que vit le pays et reconstruire tout ce qui a été détruit dans l'explosion du port". "Mais le président Aoun demande un gouvernement dans lequel tous les partis politiques sont représentés, qu'ils aient approuvé ou non la désignation de Saad Hariri, ajoute le communiqué. Cela risque de réitérer l'expérience des gouvernements précédents, qui travaillaient sur base du "partage du gâteau" et des tiraillements politiques, souligne le communiqué.

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Les réponses aux questions que se pose M. Jreissati dans sa lettre ouverte "se trouvent toutes auprès du président de la République", a répondu Saad Hariri, qui a estimé que le conseiller du chef de l'Etat "n'a probablement pas eu connaissance de toutes les informations" qui sont en possession du président. Ainsi, le bureau de presse précise notamment que dans la mouture présentée la semaine dernière au chef de l'Etat se trouvaient quatre noms qui avaient été proposés par M. Aoun lui-même lors d'une réunion précédente. Saad Hariri précise encore que, depuis sa désignation, il est resté en contact permanent avec les "fonds internationaux et organisations mondiales de financement et les gouvernements étrangers, afin de mettre sur pied un programme complet avec un mécanisme qui permettrait d'arrêter l'effondrement du pays". "Tout cela n'attend que la signature du président Aoun sur la mouture gouvernementale proposée", souligne le communiqué qui appelle le chef de l'Etat à "mettre de côté les intérêts partisans qui font pression sur lui, notamment la revendication du tiers de blocage" pour une partie spécifique, en référence au Courant patriotique libre. "Cela n'arrivera sous aucun prétexte", ajoute le texte. Et de conclure : "Il vaudrait mieux que Salim Jreissati adresse sa lettre à la partie responsable du retard de la formation, qui se trouve à quelques pas de son bureau au palais présidentiel".

Aoun appelé à "contrôler" ses conseillers

Réagissant à son tour au communiqué de Saad Hariri, le bureau de presse de la présidence a dénoncé "une série d'inexactitudes" dans les prises de position du Premier ministre désigné. Selon ce texte, le chef de l'Etat ne s'est pas opposé aux noms proposés dans la mouture de M. Hariri, mais "à la répartition confessionnelle des portefeuilles ministériels", notamment parce qu'aucun critère unifié n'a été observé pour cette répartition. Le président revient par ailleurs sur l'affirmation du leader sunnite selon lequel il a utilisé dans sa mouture des noms qu'il aurait lui-même suggéré : "Le président Aoun n'a jamais proposé de noms de ministrables, mais a proposé une série de noms au cours d'une discussion". Et Baabda de souligner que Michel Aoun a toujours "insisté sur la nécessité de discuter avec les chefs des différents groupes parlementaires qui devront donner leur confiance au cabinet".

Le bureau de presse du PM désigné a de nouveau réagi en réitérant les propos qu'il avait tenus précédemment, dans sa réponse à Salim Jreissati. Dans ce texte, il revient sur les différentes tractations menées lors de ses rencontres avec le chef de l'Etat, qu'il invite à "contrôler" ses conseillers de manière à faciliter le processus de formation du cabinet, plutôt que de l'entraver, dans une allusion claire à Salim Jreissati.

Dans un échange de communiqués acerbes, la présidence de la République et le Premier ministre désigné, Saad Hariri, se sont mutuellement accusés d'être responsables du retard dans la formation du futur gouvernement, attendu depuis la démission du cabinet de Hassane Diab début août, illustrant la montée des tensions. Depuis sa désignation pour former le cabinet, Saad Hariri et le...

commentaires (3)

POURQUOI LE PARAVENT INSISTE SUR LE TIERS DE BLOCAGE ET SUR LA NOMINATION DE SES MINISTRES SI CE N,EST PAR ORDRE DE SON MAITRE BARBU ? Y A-T-IL DES ORDRES EXECUTES SANS REMUNERATION QUELCONQUE ? PROBABLEMENT PAS !

LA LIBRE EXPRESSION

21 h 41, le 14 décembre 2020

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Commentaires (3)

  • POURQUOI LE PARAVENT INSISTE SUR LE TIERS DE BLOCAGE ET SUR LA NOMINATION DE SES MINISTRES SI CE N,EST PAR ORDRE DE SON MAITRE BARBU ? Y A-T-IL DES ORDRES EXECUTES SANS REMUNERATION QUELCONQUE ? PROBABLEMENT PAS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 41, le 14 décembre 2020

  • "coopérer avec le chef de l'Etat afin de trouver ensemble une façon de sauver le Liban". Difficile! Puisque c'est le chef de l'Etat lui-même qui refuse un gouvernement non-politique seul capable pourtant de sauver le pays.

    Yves Prevost

    19 h 32, le 14 décembre 2020

  • La meilleure solution pour que le Liban soit sauvé est que ceux qui prétendent le sauver partent ! Et vite!

    LeRougeEtLeNoir

    16 h 29, le 14 décembre 2020

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