Rechercher
Rechercher

Politique - Enquête du port

Raï aux responsables politiques : Ôtez vos mains de la justice

"Personne n'a le droit de perdre du temps et d'opprimer les citoyens. L'heure de la reddition des comptes a sonné", prévient le chef de l'Église maronite.

Raï aux responsables politiques : Ôtez vos mains de la justice

Le patriarche maronite Béchara Raï (c), célébrant la messe du dimanche à Bkerké, le 13 décembre 2020. Photo ANI

Le patriarche maronite Béchara Raï a appelé dimanche les responsables politiques libanais à ne pas entraver le travail de la justice qui enquête sur l'explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth. Cette enquête a pris une tournure politique et confessionnelle après l'inculpation jeudi du Premier ministre sortant, Hassane Diab, et trois ex-ministres.

"Nous espérons que les dernières réactions politiques, confessionnelles et juridiques ne bloqueront pas le processus de l'enquête sur l'explosion au port, qui a détruit la moitié de la capitale et fait 200 victimes et 5.000 blessés, ainsi que des milliers de sinistrés désormais sans domicile", a affirmé le patriarche, lors de la messe dominicale célébrée à Bkerké. "Nous espérons également que les réactions ne provoqueront pas de schisme national sur une base confessionnelle qui serait injustifié, surtout que nous sommes tous attachés au poste de la présidence du Conseil ainsi que les autres postes officiels, nationaux et religieux", a ajouté le dignitaire maronite. "L'attachement à ces postes n'est pas censé être en contradiction avec la marche de la justice", a encore estimé Mgr Raï.

L'édito de Issa GORAIEB

Premiers pas

Les 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium qui ont explosé le 4 août se trouvaient dans le hangar 12 du port de Beyrouth depuis 2014. Elles étaient stockées selon les autorités sans mesure de précaution. Plusieurs avertissements avaient été lancés à ce propos au cours des dernières années jusqu'en juillet, sans qu'aucune disposition ne soit prise pour évacuer de manière sécurisée ces matières. Jeudi, plus de quatre mois après la double explosion qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés, les premières inculpations de responsables politiques ont été annoncées dans l'enquête du procureur général près la Cour de Justice, le juge Fadi Sawan. Sont visés le Premier ministre sortant, Hassane Diab, et les anciens ministre des Finances Ali Hassan Khalil, et des Travaux publics Youssef Fenianos et Ghazi Zeaïter. Depuis, les critiques se multiplient à l'encontre du juge Sawan et le dossier a pris une tournure politique et confessionnelle. Ainsi, les anciens Premiers ministres Saad Hariri, Tammam Salam, Fouad Siniora, Nagib Mikati et le mufti de la République, Abdellatif Deriane, ont dénoncé une atteinte à la présidence du Conseil, un poste réservé à la communauté sunnite en vertu du Pacte national de 1943. Certains accusent même la présidence de la République d'avoir poussé la justice à cibler certains personnalités et pas d'autres. Des accusations démenties par le palais de Baabda samedi. 

"L'heure de la reddition des compte a sonné"

"Nous ne couvrons personne et défendons personne. Nous ne nous mêlons pas des enquêtes judiciaires, ce qui nous importe, ce sont les droits du peuple", a martelé le chef de l'Église maronite. "Tout le monde, notamment les dirigeants, sont sous le parapluie de la loi et des tribunaux spécialisés. Le prestige des institutions doit être source de force pour la justice. Il n'y a aucune contradiction entre le respect des instances publiques et le travail de la justice", a répété le prélat. 

Lire aussi

Baabda se défend de toute ingérence dans l'enquête

S'adressant ensuite aux responsables politiques, il leur a dit : "Ôtez vos mains de la justice, vous les politiques communautaires, afin que celle-ci puisse se purifier et maintenir en place uniquement les juges honorables et courageux". Et de conclure : "Nous ne voulons pas mélangez les affaires. La formation d'un gouvernement de sauvetage qui redresse le pays sur tous les plans reste un devoir pressant à la charge du président de la République et du Premier ministre désigné. Et l'enquête judiciaire au sujet de l'explosion au port reste un dossier urgent à la charge du procureur. Les citoyens attendent les résultats dans ces deux affaires. Personne n'a le droit de perdre du temps et d'opprimer les citoyens. L'heure de la reddition des comptes a sonné".

Suite à la démission du gouvernement de Hassane Diab six jours après l'explosion du 4 août, Moustapha Adib avait été désigné pour former un nouveau gouvernement. Mais il avait finalement jeté l'éponge. Saad Hariri a pris la relève en octobre dernier, mais il n'a toujours pas réussi à former son équipe sur fond de tiraillements politiques autour de la répartition des portefeuilles entre les partis au pouvoir.

Le patriarche maronite Béchara Raï a appelé dimanche les responsables politiques libanais à ne pas entraver le travail de la justice qui enquête sur l'explosion meurtrière du 4 août au port de Beyrouth. Cette enquête a pris une tournure politique et confessionnelle après l'inculpation jeudi du Premier ministre sortant, Hassane Diab, et trois ex-ministres."Nous espérons que les...

commentaires (1)

L’heure de la reddition des comptes a sonné! En effet! S’il est vrai que le dossier remonte à 2014 , bien avant que le nom de Hassan Diab n’ait pu être connu, excepté peut-être de ses étudiants à AUB, les complicités et collusions étaient déjà bien en place. Il n’empêche, qu’un pénultième avertissement général, a toute la classe politique a été lancé, et totalement ignoré, on peut le supposer pour les mêmes raisons qu’en 2014, et à ce titre, Hassan Diab et même plus haut que lui doivent rendre des comptes. Certains lanceurs d’alerte ayant rendu l’âme dans la foulée, aidés par les mêmes mains criminelles qui ont mené le pays où il se trouve... Osons espérer que le glas a sonné pour cette mafia criminelle !

LeRougeEtLeNoir

19 h 23, le 13 décembre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • L’heure de la reddition des comptes a sonné! En effet! S’il est vrai que le dossier remonte à 2014 , bien avant que le nom de Hassan Diab n’ait pu être connu, excepté peut-être de ses étudiants à AUB, les complicités et collusions étaient déjà bien en place. Il n’empêche, qu’un pénultième avertissement général, a toute la classe politique a été lancé, et totalement ignoré, on peut le supposer pour les mêmes raisons qu’en 2014, et à ce titre, Hassan Diab et même plus haut que lui doivent rendre des comptes. Certains lanceurs d’alerte ayant rendu l’âme dans la foulée, aidés par les mêmes mains criminelles qui ont mené le pays où il se trouve... Osons espérer que le glas a sonné pour cette mafia criminelle !

    LeRougeEtLeNoir

    19 h 23, le 13 décembre 2020

Retour en haut