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Culture - Festival

Treizième édition de Beirut Chants, envers et contre tout...

Comme un souffle de vie, la treizième édition de Beirut Chants*, placée sous le thème « The Will of Life », tient sa promesse, celles de la culture et de l’art démocratisés, à travers dix-neuf concerts gratuits qui démarrent le 1er décembre et se tiendront entre les églises de la capitale et les souks du centre-Ville. La programmation, toujours aussi pointue, comporte des grands noms tels Abdel Rahman el-Bacha, Ibrahim Maalouf, le violoncelliste français Henri de Marquette, la violoniste italienne Daniela Cammarano, le ténor brésilien Paolo Paollilo ou les pianistes Lise de la Salle, Nicolas Chevereau et Fausto de Benedetto...

Treizième édition de Beirut Chants, envers et contre tout...

Au fil de ses douze éditions précédentes, le festival Beirut Chants a (en)chanté les spectateurs durant le mois de décembre. Photo DR

Au regard de cette année éminemment pénible et de tous les défis que celle-ci aura engendrés, que ce soit au niveau financier, politique, sanitaire ou même moral, on aurait pu s’attendre, comme d’ailleurs beaucoup de festivals ont été contraints de le faire, à ce que Beirut Chants soit mis en sourdine et annule sa programmation qui n’a pourtant cessé d’insuffler à Beyrouth, au cours des douze dernières éditions, quelque chose de l’âme de Noël. Erreur. « Aucune situation ou défi ne pourra nous faire arrêter ou reculer sur notre mission. Et cette année particulièrement, mener à bien ce projet relève presque d’une nécessité. On espère que ce festival, né d’une joie et d’une fierté, servira, peut-être, à consoler l’immense peine des Libanais par le biais de la musique », rétorque ainsi, résolue et audacieuse, Micheline Abi Samra, la fondatrice et présidente de ce festival qui se voue à parsemer, envers et contre tout, ses sonorités chamarrées dans un Beyrouth triste et sans horizons. Et si cette treizième édition de Beirut Chants se veut être sinon un parangon de ce que notre culture produit de mieux, au moins une promesse de résister contre toute tentative de défigurer le Liban, chacun des 19 concerts prévus du 1er au 23 décembre dans des églises beyrouthines ou, nouveauté, en plein air, dans les souks du centre-ville, « se doublera d’un hommage au peuple libanais, aux victimes de la double explosion du 4 août, à ceux qui ont quitté ce monde, à leurs proches qui souffrent de leur absence et à la lutte de chaque citoyen dont les droits et les rêves lui ont été arrachés ».

La grand pianiste libanais Abdel Rahman el-Bacha en concert d’ouverture de Beirut Chants le 1er décembre. Photo Carole Bellaïche

La musique démocratisée

À l’heure où l’art est souvent relégué au dernier rang des priorités et où les Libanais sont voués à faire semblant de vivre, Beirut Chants, dont le cru 2020 est placé sous le thème de « The Will of Life » (la volonté de vie, NDLR), semble venir conjurer ce sort. « Alors que l’État brille par son absence et que le peuple libanais, notamment au lendemain du 4 août, a prouvé à quel point il est extraordinaire, on a tous réalisé que chacun d’entre nous, à sa manière et à son échelle, est capable de faire avancer les choses dans la bonne direction. Ce festival est une pierre dans cet édifice », confirme la présidente de Beirut Chants, qui ajoute : « L’idée pour nous, à travers ces concerts gratuits, est de continuer à affirmer que la culture n’est pas un luxe. Et aussi de s’assurer que celle-ci se démocratise autant que possible, réunissant autour de nos soirées variées qui allient le baroque, l’ethnique ou l’islamo-chrétien, un public d’horizons différents. » Autre défi de taille qui s’est présenté aux organisateurs du festival : la pandémie du Covid-19. « Nous avons pris toutes les mesures de sécurité nécessaires à respecter la distanciation sociale et rassurer notre audience.

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En plus de la retransmission de tous les concerts sur nos plates-formes digitales et sur les chaînes télévisées MTV et al-Jadeed, nous nous sommes engagés, grâce à notre partenaire Boecker, à désinfecter au préalable les églises où se dérouleront les performances. Et par souci de limiter l’audience, des billets gratuits sont disponibles sur le site de Virgin Ticketing », précise à ce propos Micheline Abi Samra, qui a confié, comme à chaque édition, la direction artistique du festival au chef d’orchestre Toufic Maatouk. Beyrouth, ses places et ses églises se verront ainsi caressées par une foultitude de sons, d’instruments et de cordes vocales dont aucune n’a hésité à faire le voyage jusqu’au Liban, en dépit de la situation désastreuse du pays. De fait, et si la programmation réserve une place importante aux artistes libanais, puisqu’il s’agit aussi et surtout de les honorer, c’est d’Italie, du Brésil, de la France et de la Suisse « et grâce au soutien indéfectible des ambassades en question » que de grands noms de la musique viendront se poser au chevet de Beyrouth.

Le compositeur et musicien Ibrahim Maalouf enveloppera les souks de Beirut des comptines de sa trompette enchantée le 4 décembre. Photo DR

Un patchwork musical

Côté libanais, la treizième édition de Beirut Chants s’ouvrira le 1er décembre sur une performance du musicien et compositeur Abdel Rahman el-Bacha dont les longues étendues au piano ricocheront entre les voûtes de l’église Saint-Joseph à Monnot. Le 3 décembre, à la même adresse, les chorales de la NDU et de l’Université Antonine, accompagnées par l’Orchestre philharmonique, le ténor Paolo Paollilo et la soprano Caterina di Tonno, livreront un hommage à Beyrouth porté par le Requiem de Mozart. Le lendemain, 4 décembre, Ibrahim Maalouf enveloppera les souks de Beyrouth des comptines de sa trompette enchantée, avant qu’à leur tour les compositeurs Tarek Yamani (le 15 décembre), Guy Manoukian (le 19 décembre) et le Beirut Chants Christmas Carols (le 17 décembre), sous la houlette de Khalil Rahmeh et Toufic Maatouk, viennent s’y produire. Du côté de l’église Saint-Maron, à Gemmayzé, ce sont respectivement Ghada Shbeir (le 8 décembre), Jahida Wehbé (le 16 décembre), Matteo el-Khodr (le 17 décembre) et Abeer Nehmé (le 19 décembre) qui graviront les octaves de leurs cordes vocales musclées.

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Sur le versant international, la programmation du festival propose un patchwork de rythmes et de couleurs musicales, avec des concerts qui se déroulent à l’église Saint-Maron, de Gemmayzé, à 20h. On cite notamment le harpiste Xavier de Maistres (le mercredi 23 décembre, en collaboration avec l’ambassade de Suisse) ou encore le violoncelliste français Henri de Marquette (le lundi 7 décembre, en collaboration avec l’Institut français), ou la violoniste italienne Daniela Cammarano avec son compatriote Fausto Di Benedetto au piano (le lundi 14 décembre, en collaboration avec l’ambassade d’Italie). Sans oublier le ténor brésilien Paolo Paollilo, accompagné du pianiste français Nicolas Chevereau (le vendredi 4 décembre, en collaboration avec l’ambassade du Brésil et l’Institut fFrançais). Et, last but not least, la pianiste française Lise de la Salle en concert le dimanche 13 décembre (en collaboration avec l’Institut français).

La pianiste francaise Lise de la Salle en concert le dimanche 13 décembre. Photo Stéphane Gallois

Volontaires passionnés

Porté à bout de bras par une équipe de volontaires passionnés ainsi qu’une flopée de sponsors, « pour la plupart issus de la diaspora libanaise et sans lesquels ce festival n’aurait pas été possible », comme le souligne Micheline Abi Samra, cette édition de Beirut Chants ne peut que marquer le début d’une réconciliation, en musique, avec cette ville qu’on a été forcés de rejeter. « Quand on a tout perdu, il ne nous reste plus qu’à nous accrocher à ce qui fait que ce pays est tel qu’il est : sa culture, ses artistes », conclut la présidente, nous promettant donc qu’on pourra continuer à attendre, de décembre en décembre, ce rendez-vous nécessaire et émouvant. Et peut-être même oser croire en la magie de Noël.

*https://www.beirutchants.com

https://www.ticketingboxoffice.com

Au regard de cette année éminemment pénible et de tous les défis que celle-ci aura engendrés, que ce soit au niveau financier, politique, sanitaire ou même moral, on aurait pu s’attendre, comme d’ailleurs beaucoup de festivals ont été contraints de le faire, à ce que Beirut Chants soit mis en sourdine et annule sa programmation qui n’a pourtant cessé d’insuffler à Beyrouth, au...

commentaires (1)

Vraiment, ça fait chaud au cœur!!!

NAUFAL SORAYA

07 h 08, le 27 novembre 2020

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Commentaires (1)

  • Vraiment, ça fait chaud au cœur!!!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 08, le 27 novembre 2020

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