Les Forces libanaises (FL) de Samir Geagea et le Courant patriotique libre (CPL) de Gebran Bassil se sont opposés comme prévu, mercredi, à l'adoption de la loi électorale proposée par le mouvement chiite Amal du président du Parlement Nabih Berry, estimant qu'une telle loi "changerait le système politique", alors que les prochaines législatives doivent se tenir en 2022.
Le texte proposé par les députés Anwar Khalil et Ibrahim Azar, membres du groupe parlementaires affilié à Amal, prévoit la proportionnelle appliquée au Liban en tant que circonscription unique, alors que les deux grandes formations chrétiennes, les FL et le CPL, se félicitent du fait que la loi en vigueur (la proportionnelle appliquée à 15 circonscriptions avec vote préférentiel au niveau du caza) avait permis aux chrétiens de choisir leurs représentants dans l’hémicycle, un objectif pour lequel ils luttaient depuis des décennies. Le double veto chrétien à la relance de ce débat était donc attendu mercredi.
"Changement du système politique"
"Ce qui est proposé ne concerne pas la modification de la loi électorale, mais plutôt le changement du système politique au Liban", a dénoncé le député FL, Georges Adwan, à la suite d'une réunion conjointe des commissions parlementaires mixtes. "Notre position sur la question de la loi électorale est claire. Il y a une loi en vigueur avec l'accord des députés. Tout pari sur le report des élections est voué à l'échec car il existe une loi valide et les élections peuvent être fondées sur elle. "Nous ne sommes pas prêts à changer la justesse et l'efficacité de la représentation populaire, car ce droit est lié à la composition libanaise et à sa pluralité".
"Affrontements dans la rue"
Une position à laquelle ont fait écho les propos d'un autre député des Forces libanaises, Pierre Bou Assi. "Proposer de débattre de cette proposition de loi est trompeur, car derrière les apparences de respect de la Constitution, il y a quelque chose de très dangereux concernant la justesse de la représentativité (...)", a mis en garde le député. "Si la loi proposée est adoptée, la représentation et le rôle des chrétiens reculeront à nouveau", a-t-il averti, faisant état de craintes d'"affrontements dans la rue à la suite des tentatives successives de modifier la loi électorale".
"Il y a un danger lié à la justesse de la représentation politique du peuple qui suscite une grande inquiétude parmi les classes sociales et politiques chrétiennes, lesquelles ne veulent pas voir se répéter la très mauvaise expérience vécue entre 1990 et 2005 (NDLR, sous l'occupation syrienne). Changer la loi ne changera pas la nature de la composition de la société libanaise, là n'est pas non plus son rôle", a encore mis en garde Pierre Bou Assi. "Nous avons une loi en vigueur, organisons les élections sur cette base". Le député s'est dans ce contexte félicité d'une concordance des points de vue de sa formation avec celle du CPL, son rival chrétien.
En effet, le député de Baabda, Alain Aoun, membre du parti fondé par le président de la République, Michel Aoun, a exprimé un point de vue similaire à celui des FL. "Nous sommes en présence d'une proposition qui a trait à des affaires constitutionnelles et qui comporte un changement dans le système politique", a-t-il averti.
"Dialogue national"
Au vu des désaccords au sein du Parlement, des voix se sont élevées pour appeler au dialogue. Comme celle du vice-président de la Chambre, Elie Ferzli. "Les députés ont le droit de présenter des projets visant à développer la vie démocratique, en tenant compte des droits énoncés dans la Constitution", a-t-il estimé. "Si l’intention du Parlement était de confirmer que les élections auront lieu à temps, nous confirmons qu’il existe une loi à appliquer et que ce problème n’est pas à craindre". "Il existe une loi électorale en place et nous avons besoin d'un véritable dialogue dans le pays", a répété M. Ferzli.
"Une loi électorale moderne"
Du côté du groupe parlementaire affilié à Amal, le député Kassem Hachem a fait état d'une réunion "objective" et de débats "avancés de manière à servir l'intérêt du pays en améliorant le système". Il a estimé que sa formation avait proposé une "loi électorale moderne pour parvenir à un Etat civil", affirmant que le texte actuel "n'est pas le meilleur".
Le député Ali Fayad, affilié au Hezbollah, s'est pour sa part montré plus prudent. "Rien n'empêche de discuter de certains points faibles de la loi électorale" en vigueur, a-t-il estimé. "Nous avons certaines remarques techniques, et nous penchons vers des circonscriptions mixtes du point du vue communautaire", a souligné M. Fayad. "Il n'y a pas d'opposition à ce que la loi actuelle reste en vigueur", a-t-il toutefois concédé.
commentaires (3)
Nabih Berri...responsable de tous nos maux
Lebinlon
18 h 40, le 25 novembre 2020