Le bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf, a lancé lundi, au nom d'un rassemblement d'autorités spirituelles, de syndicats de professions libérales, d'agents économiques et d'universités, une "initiative de sauvetage", sous le titre "Ensemble, nous pouvons récupérer l'Etat - Indépendance 2020".
"Nous ne cherchons pas à prendre le pouvoir ou à le renverser, mais nous voulons surmonter la situation actuelle de manière constitutionnelle, légale et démocratique", a lancé le bâtonnier lors d'un événement organisé au Palais de Justice de Beyrouth, en présence de nombreux dignitaires et représentants de différents secteurs. "Nous n'accepterons pas que l'Etat continue à s'effondrer et, ensemble, nous pouvons le récupérer", a-t-il ajouté. Et de déclarer que cette initiative "100 % libanaise", et qui constitue en une série "d'étapes claires", vise à "reconstruire l'autorité et la nation". Cette initiative vise à mettre sur pied "un Etat 'propre', de droit, qui respecte les droits de l'homme et les libertés, qui protège ses citoyens et exerce efficacement sa souveraineté sur tous ses territoires", a-t-il lancé.
Il a encore souligné que les principes sur lesquels se base cette initiative sont "à la hauteur des souffrances des gens et de leurs espoirs et peuvent être débattus". Il a dans ce cadre appelé tous les citoyens à la rejoindre et les responsables politiques à la consulter "le plus rapidement possible". "Nous mènerons cette initiative à son terme", a-t-il promis.
Cette initiative prévoit, pour commencer, la formation d'un gouvernement de technocrates indépendants chargé en priorité de trouver des réponses aux grandes questions socioéconomiques et de mettre en œuvre les réformes requises par la communauté internationale, et l'organisation d'élections législatives sur base d'une loi électorale non-confessionnelle. Elle prévoit encore un audit juricomptable de la Banque du Liban et des institutions.
Elle a été lancée alors que le pays connaît, depuis plus d'un an, une crise économique et financière aiguë, marquée par un effondrement de la monnaie nationale et une inflation galopante. Des aides ont été promises par la communauté internationale mais elles ne pourront être débloquées qu'en cas de réformes. Le Liban traverse également une crise politique d'envergure, alors que les autorités sont contestées par la rue, qui estime que tous les responsables au pouvoir sont corrompus et ont mené à l'effondrement du pays. Suite à la double explosion meurtrière du 4 août, qui a fait plus de 200 morts, le gouvernement de Hassane Diab avait démissionné mais, depuis, aucun nouveau cabinet n'a été mis sur pied, en raison des revendications des différentes formations politiques.
commentaires (10)
"Cette initiative prévoit, pour commencer, la formation d'un gouvernement de technocrates indépendants".... et ça s'arrête là. Pas de gouvernement indépendant en perspective tant qu'il se négocie avec tous les anciens dirigeants. Il n'est toujours pas formé d'ailleurs ... La suite ne peut avoir donc lieu. Le message donne de l'espoir, mais nous ne pouvons plus croire que nous récupèrerons le Liban un jour. Tout le monde lutte contre la corruption, tout le monde considère qu'il est le meilleur pour gérer ce pays. Et nous n'avons jamais vu un seul corrompu nommé ou poursuivi en justice... nous ne croyons plus à rien. Le Liban, c'est fini. Il n'intéresse même plus les pays du Monde.
C EL K
05 h 34, le 24 novembre 2020