
Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, lors d'une messe à Bkerké, le 22 novembre 2020. Photo ANI
Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a lancé dimanche une nouvelle salve de critiques à l'encontre des responsables politiques concernant notamment leur gestion du dossier gouvernemental, estimant que tout cabinet qui serait formé à l'image des précédents, avec la participation des principales formations politiques, risque de mener le pays à sa "ruine totale".
Les Libanais attendent "un nouveau gouvernement qui libérera le pays", a déclaré Mgr Raï dans son homélie dominicale, à Bkerké. "Tout le monde sait que les obstacles à la formation du cabinet sont liés à un retour à la politique du partage du gâteau et des portefeuilles" entre les différentes formations politiques et à la question du "tiers de blocage", a-t-il accusé. Les tractations gouvernementales se sont enlisées, rappelle-t-on, face aux revendications des partis et aux divergences opposant Saad Hariri, désigné Premier ministre il y a tout juste un mois, et le chef de l'Etat, Michel Aoun, en ce qui concerne le mécanisme de nomination des ministres. Ces pratiques et la politique du "renforcement d'une partie et la marginalisation d'autres" a, selon le patriarche maronite, "renforcé la corruption, l'accaparement et le gaspillage des fonds publics et elles ont mené le pays à la faillite et l'effondrement".
Equilibre confessionnel et non politique
"Ceux qui entravent la mise sur pied du cabinet ne savent-ils pas que le Produit intérieur brut (PIB) s'est écroulé cette année de 54 à 25 milliards de dollars et que nous avons perdu une année complète pour appliquer les réformes", a lancé le patriarche. Et d'estimer que si le futur cabinet est formé "à l'image des précédents, à Dieu ne plaise, cela provoquera la ruine totale" du pays. "Ce qui est bizarre, c'est qu'ils refusent les conseils et les remarques et qu'ils agissent en violant la Constitution", a-t-il encore accusé. Il a dans ce contexte souligné que la Constitution stipule que "les communautés doivent être représentées de manière équitable au sein du pouvoir exécutif, et non les forces politiques et les blocs parlementaires".
Le futur cabinet est censé être une équipe "de mission" resserrée, comme définie dans l'initiative du président français Emmanuel Macron, rendue publique le 1er septembre à Beyrouth. Le nouveau cabinet est attendu depuis la démission, il y a plus de trois mois, du Premier ministre sortant Hassane Diab, dans la foulée des explosions meurtrières du 4 août au port de Beyrouth. Ces atermoiements s'étirent alors que le pays connait, depuis plus d'un an, une crise économique et financière aigue, marquée par un effondrement de la monnaie nationale et une inflation galopante. Des aides ont été promises par la communauté internationale mais elles ne pourront être débloquées qu'en cas de réformes.
Le patriarche maronite a par ailleurs déclaré, à l'occasion du 77e anniversaire de l'Indépendance du Liban, que cet événement n'était pas seulement célébrer pour marquer la fin du mandat français, mais aussi "la sortie du pays de la politique des axes et le début de la neutralité". "Depuis l'Indépendance, chaque fois que le Liban s'est conformé à la neutralité, il a connu une période de croissance et son économie s'est épanouie". Il a dès lors appelé à un retour à un Etat "indépendant", au sein duquel il y aurait "une armée et pas plus", en référence implicite aux armes du Hezbollah, et "une allégeance et pas plus".
Et d'appeler enfin à ce que tous les responsables "peu importe leur importance" soient interrogés dans l'affaire des explosions du 4 août, qui ont fait plus de 200 morts.
commentaires (8)
RAÎ CONTINUE À NOUS ENDORMIR AVEC SES DISCOURS VIDES COMME S'IL VIENT DE DÉCOUVRIR LA SITUATION DU LIBAN QUE TOUT LE MONDE CONNAIT AVANT LUI. C'EST ENNUYEUX À DORMIR DEBOUT. AU LIEU DE NOMMER LES RESPONSABLES QUI SOUTIENNENT LE HEZBOLLAH QUI SONT AOUN, BASSIL ET SLEIMAN FRANGIÉ 2.
Gebran Eid
19 h 35, le 23 novembre 2020