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Économie - Infrastructures

Arriérés dus aux partenaires d’EDL : une réunion décisive à la BDL cette semaine ?

Des sources interrogées estiment qu’une solution doit être trouvée rapidement pour éviter que ces difficultés ne se répercutent sur la production et la distribution de courant dans le pays.

Arriérés dus aux partenaires d’EDL : une réunion décisive à la BDL cette semaine ?

Le siège d’EDL, partiellement détruit lors de la catastrophe du 4 août dernier. Photo P.H.B.

Une réunion doit se tenir cette semaine entre des responsables de la Banque du Liban et le directeur d’Électricité du Liban, Kamal Hayek, pour aborder le dossier des arriérés de paiement dus à l’ensemble des sociétés en contrat avec le fournisseur national d’électricité, selon plusieurs sources concordantes, dont une au sein du fournisseur public de courant.

Si la BDL n’était pas joignable ce week-end pour confirmer l’information, une partie des sources contactées ont évoqué la possibilité que cette réunion « cruciale » pour le maintien de la production de courant se tienne aujourd’hui. La source à EDL a, elle, évoqué un rendez-vous « cette semaine » auquel participeront les vice-gouverneurs de la BDL d’un côté, le ministre de l’Énergie et de l’Eau et plusieurs de ses directeurs généraux et responsables d’établissements publics de l’autre.

Factures en dollars

« Le dossier dépasse le simple cas d’EDL et englobe plus généralement les difficultés rencontrées par les institutions de l’État pour payer les prestations facturées en dollars par leurs partenaires », explique-t-elle, ajoutant que concernant le secteur de l’électricité, plusieurs réunions ont déjà eu lieu entre la BDL et les différents prestataires concernés pour trouver un terrain d’entente. « Il y a une marge de négociation pour tout ce que ces sociétés peuvent payer en livres, mais il y a aussi une partie incompressible des montants dus qui doivent leur être déboursés en dollars », ajoute-t-elle.

« Les sociétés concernées espèrent de leur côté que la BDL va mettre en place un mécanisme viable pour pallier ces difficultés qui durent depuis plusieurs mois », souligne une autre des sources contactées. La situation qu’elle décrit est, elle, liée à la crise multidimensionnelle que traverse le pays depuis plus d’un an, période au cours de laquelle la monnaie nationale, arrimée au dollar depuis 1997 pour un taux de 1 507,5 livres, s’est progressivement effondrée. Il fallait 7 200/7 400 livres pour acheter un dollar hier sur le marché noir, devenu au fil du temps et de manière assez suspecte le véritable marqueur de la valeur de la monnaie nationale. La crise de liquidités en dollars qui a poussé la livre dans les abysses a également été à l’origine des restrictions – toujours illégales – mises en place par les banques pour tenter de limiter les conséquences de la panique bancaire qui s’est manifestée dès les premiers signes de la crise. Restrictions qui ont considérablement pénalisé le fonctionnement des entreprises dans le pays et favorisé le développement d’une « cash economy ». Il reste à savoir comment la BDL, dont les réserves de devises sont dans le rouge vif depuis des mois, peut trouver une solution, alors que rien ne semble encore indiquer que la classe politique soit à même d’adopter les réformes nécessaires pour débloquer une aide internationale pour financer le redressement du pays.

Pour mémoire

Navires-centrales : Karadeniz réclame plus de 160 millions de dollars à EDL


S’agissant des prestataires d’EDL, les montants dus s’élèveraient à plusieurs centaines de millions de dollars, selon des informations publiées dans la presse en octobre. Les sociétés concernées sont les opérateurs chargés de gérer les centrales du pays – Primesouth, qui opère les centrales de Deir Ammar (Liban-Nord) et Zahrani (Liban-Sud) ; MEP (Middle East Power), chargée de celles de Zouk (Kesrouan) et Jiyeh (Chouf) ; et Karadeniz, à qui l’État loue deux navires-centrales depuis 2013. Il s’agit aussi de celles qui s’occupent du réseau de distribution (maintenance et collecte des factures) : Bus (groupe Butec) ; KVA (Khatib & Alami/Arabian Construction Company) ; National Electricity Utility Company (NEUC, groupe Debbas) ; et Mrad for Trading. Et enfin des consultants engagés par EDL pour des missions ponctuelles : Mott McDonald ou encore EDF.

Répercussion sur EDL

L’affaire avait été révélée au grand jour en octobre après la fuite d’un courrier de mise en demeure adressé par Karadeniz à EDL et réclamant plus de 160 millions de dollars pour des arriérés dus sur une période de près d’un an.

Les sources interrogées estiment qu’une solution doit être trouvée rapidement pour éviter que ces difficultés ne se répercutent sur la production et la distribution de courant dans le pays.

Or, alors que les livraisons de carburant consommé par les centrales d’EDL avaient été très perturbées par plusieurs facteurs au début de l’année (baisse des avances du Trésor à EDL et affaire du carburant défectueux livré par Sonatrach au fournisseur au printemps), elles se déroulent sans incident depuis la tragique double explosion qui a emporté le port de Beyrouth ainsi qu’une partie de la ville le 4 août dernier. Selon une des sources interrogées, les livraisons devraient se poursuivre normalement ce mois-ci. Pour rappel, Sonatrach a annoncé en juin dernier qu’il ne renouvellera pas son contrat avec EDL, obligeant l’État à trouver un nouveau fournisseur pour 2021.Une autre source s’interroge enfin sur l’utilité de « tous ces prestataires payés en dollars » alors que le secteur de l’électricité au Liban est peu performant et très coûteux. De fait, EDL coûte beaucoup d’argent au Trésor public car ses tarifs sont figés depuis le 1994 sur la base d’un baril de pétrole à 23 dollars, tandis que les pertes techniques et non techniques (les pannes et les vols) représentent 40 % de la production environ, selon une étude rendue par le ministère de l’Énergie en 2019. L’établissement public opère en outre des centrales peu productives, déployant une capacité totale atteignant à peine 2 000 mégawatts à plein régime, pour une demande généralement bien supérieure. Enfin, « si la réforme d’EDL fait partie des principaux chantiers réclamés par les soutiens du Liban, sa mise en œuvre pourra difficilement occulter la charge des différentes populations réfugiées au Liban (Palestiniens et Syriens principalement) et qui ne payent pas souvent de factures », souligne une des sources interrogées. Elle rappelle de plus que le bâtiment du siège d’EDL est toujours partiellement détruit depuis le 4 août – tout comme le centre de commande national qui était déployé sur l’un de ses étages.



Une réunion doit se tenir cette semaine entre des responsables de la Banque du Liban et le directeur d’Électricité du Liban, Kamal Hayek, pour aborder le dossier des arriérés de paiement dus à l’ensemble des sociétés en contrat avec le fournisseur national d’électricité, selon plusieurs sources concordantes, dont une au sein du fournisseur public de courant.Si la BDL n’était...

commentaires (1)

Et s'ils commençaient par le commencement .... Dans la région du Keserwan , les agents EDL viennent d'encaisser les factures des mois de Janvier/ Février 2020 fois (probablement) 200000 foyers, compte non tenu des autres régions, cela nous fait une somme rondelette....

C…

18 h 09, le 09 novembre 2020

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Commentaires (1)

  • Et s'ils commençaient par le commencement .... Dans la région du Keserwan , les agents EDL viennent d'encaisser les factures des mois de Janvier/ Février 2020 fois (probablement) 200000 foyers, compte non tenu des autres régions, cela nous fait une somme rondelette....

    C…

    18 h 09, le 09 novembre 2020

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