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Politique - Éclairage

Avec Biden, quelle politique américaine au Liban ?

La nouvelle administration devrait adopter un style plus traditionnel, mais globalement dans la continuité du mandat Trump.


Avec Biden, quelle politique américaine au Liban ?

Le candidat démocrate à l’élection présidentielle Joe Biden, le 5 novembre 2020 à Wilmington. Drew Angerer/Getty Images/AFP

Hassan Nasrallah a gagné, Samir Geagea a perdu. Voilà comment on pourrait résumer, de façon un peu caricaturale, la façon dont une partie des Libanais vont lire la victoire, annoncée samedi 7 au soir par les médias américains, du candidat démocrate Joe Biden. L’élection présidentielle américaine a suscité beaucoup de fantasmes sur la scène politique libanaise au cours de ces derniers mois, chaque partie politique étant convaincue de pouvoir en être directement bénéficiaire ou déficitaire selon le dénouement. Le pays a beau vivre un moment inédit de crise politique et économique, la classe dirigeante semble avoir lié la formation du gouvernement, attendue depuis maintenant des mois, à l’élection présidentielle américaine, comme s’il était nécessaire de prendre en compte une nouvelle dynamique géopolitique pour attribuer les maroquins aux différentes formations locales. « Les Libanais ont toujours tendance à attendre les élections américaines comme on attend Godot. Ils sont persuadés qu’elles vont changer la donne, alors que c’est très rarement le cas », résume Karim Émile Bitar, directeur de l’Institut des sciences politiques à l’Université Saint-Joseph. Les partis locaux qui attendent que les résultats de l’élection américaine bouleversent la donne au Liban risquent en effet d’être déçus.

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D’une part parce que le nouveau président américain n’entrera pas en fonctions avant le 20 janvier prochain, alors que le Liban doit mettre en œuvre au plus vite les réformes attendues par la communauté internationale s’il veut pouvoir disposer d’une aide extérieure, seule façon de remettre le pays sur les rails. D’autre part parce que si la politique de Joe Biden au Liban devrait retrouver une allure plus traditionnelle, elle ne devrait pas pour autant s’inscrire en rupture par rapport à celle de son prédécesseur. « L’élection américaine ne changera rien à la situation libanaise », affirme un diplomate occidental sous couvert d’anonymat.

Illisibilité

La politique libanaise de Donald Trump pourrait être résumée en quatre points : une forte pression contre le Hezbollah et ses alliés dans une volonté plus large de faire plier le régime iranien ; une action diplomatique intense focalisée sur la question du règlement du partage des frontières maritimes avec Israël ; une certaine illisibilité du fait de la présence de deux lignes divergentes au sein de l’administration ; un désintérêt grandissant pour le Liban qui s’inscrit dans une logique plus large de désengagement américain dans la région.

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La politique de sanctions contre le Hezbollah ne devrait pas être remise en question par la future administration Biden, même si l’approche sera probablement plus diplomatique. « Biden ne va certainement pas se montrer souple avec les alliés de l’Iran », confirme Karim Bitar. La lutte contre l’influence iranienne au Moyen-Orient bénéficie d’un certain consensus bipartisan aux États-Unis, même s’il y a des divergences importantes sur les méthodes et sur les objectifs de celle-ci. Le Trésor américain avait annoncé au début du mois de septembre de nouvelles sanctions, pour la première fois étendues aux alliés politique du Hezbollah, contre Youssef Fenianos, du parti Marada, et contre Ali Hassan Khalil, bras droit de Nabih Berry. « La politique de sanctions va se poursuivre », soutient un diplomate américain ayant requis l’anonymat.

La continuité devrait également être de mise concernant le dossier des frontières maritimes. Les négociations ont repris depuis le mois d’octobre entre Israël et le Liban et l’administration Biden aura certainement à cœur de tenter d’obtenir des avancements dans ce dossier, important dans sa volonté de pacifier les relations entre l’État hébreu et ses voisins.

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L’arrivée au pouvoir de Joe Biden devrait au moins permettre de clarifier la politique américaine vis-à-vis du Liban. À la question de savoir ce que pensent les Américains de tel ou tel dossier, les diplomates occidentaux avaient tendance ces dernières années à apporter toujours la même réponse, sur le ton de l’humour : « Mais lesquels ? » Des divergences importantes étaient en effet perceptibles au sein de l’administration entre ce que l’on a appelé la ligne Hale, plus modérée, et la ligne Schenker.

David Hale, sous-secrétaire d’État américain, adopte une ligne plus traditionnelle qui distingue l’aide américaine au Liban de la politique de sanctions contre le Hezbollah. David Schenker, chargé du lourd dossier du tracé des frontières entre le Liban et Israël, se veut le fer de lance d’un courant politique qui n’établit aucune distinction entre les deux volets et prône le maintien de la politique de confrontation directe avec le parti. « Nous ne croyons pas que le Hezbollah soit un parti politique légitime. Nous estimons qu’il faut choisir entre les balles et les bulletins de vote », avait déclaré David Schenker dans une visioconférence il y a quelques semaines. Une façon de retirer au Hezbollah la couverture politique dont il bénéficie.

Transition tendue

Plusieurs bras de fer ont opposé ces deux lignes pendant le mandat Trump, notamment autour de la question du soutien américain à l’armée libanaise, accusée par les faucons américains d’être complaisante vis-à-vis du Hezbollah. La ligne Hale avait fini par l’emporter et cette position devrait être maintenue par la nouvelle administration. « Le soutien à l’armée libanaise ne va pas être remis en question », dit le diplomate américain précité.

Alors que l’administration américaine a probablement compliqué l’initiative française au Liban, l’arrivée à la Maison-Blanche de Joe Biden devrait favoriser une approche plus coopérative avec les alliés européens. « Il y aura un réchauffement des relations entre l’Europe et les États-Unis qui pourrait servir le Liban », décrypte Karim Émile Bitar.

Pas de big bang donc pour le Liban, mais une méthode plus diplomatique à même de faire baisser les tensions. L’administration Trump, poussée par ses alliés régionaux, pourrait d’ailleurs être tentée de les faire monter pendant les semaines de transition à venir, comme le laissent entrevoir les sanctions annoncées hier contre le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil.


Rq : cet article a été actualisé le 7 novembre à 19h, après l'annonce par des médias américains de la victoire de Joe Biden.

Hassan Nasrallah a gagné, Samir Geagea a perdu. Voilà comment on pourrait résumer, de façon un peu caricaturale, la façon dont une partie des Libanais vont lire la victoire, annoncée samedi 7 au soir par les médias américains, du candidat démocrate Joe Biden. L’élection présidentielle américaine a suscité beaucoup de fantasmes sur la scène politique libanaise au cours de ces...

commentaires (2)

Pas du tout d’accords avec Mr Bitar ... car Biden était celui qui voulait bombarder la syrie de Bachar, il l’a toujours dans sa ligne de mire, ce qu’il vas faire c’est qu’il vas revenir dans l’accords avec l’Iran mais en contre partie il vas mieux dealer avec eux que l’a fait Obama car tous les contrats juteux étaient destiner pour l’Europe et rien pour les us voilà pq Trump c est retirer et avec raison !! Donc Biden vas dealer un meilleur contrat mais en contre partie il vas laisser le Liban et le Yémen sous la coupe iranienne mais vas absolument régler ses comptes avec la Syrie et l’Irak !!

Bery tus

15 h 10, le 07 novembre 2020

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Commentaires (2)

  • Pas du tout d’accords avec Mr Bitar ... car Biden était celui qui voulait bombarder la syrie de Bachar, il l’a toujours dans sa ligne de mire, ce qu’il vas faire c’est qu’il vas revenir dans l’accords avec l’Iran mais en contre partie il vas mieux dealer avec eux que l’a fait Obama car tous les contrats juteux étaient destiner pour l’Europe et rien pour les us voilà pq Trump c est retirer et avec raison !! Donc Biden vas dealer un meilleur contrat mais en contre partie il vas laisser le Liban et le Yémen sous la coupe iranienne mais vas absolument régler ses comptes avec la Syrie et l’Irak !!

    Bery tus

    15 h 10, le 07 novembre 2020

  • Les démocrates ont toujours été de mauvaise augure pour le Liban , Trump aurait été un meilleur allié au peuple libanais meurtri

    Robert Moumdjian

    04 h 24, le 07 novembre 2020

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