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Société - Université libanaise

« Nous n’avons rien à cacher, surtout pas nos faiblesses », dit à « L’OLJ » le recteur Fouad Ayoub

Le concours d’entrée aux facultés médicales continue de faire couler de l’encre après un couac dans les corrections.

« Nous n’avons rien à cacher, surtout pas nos faiblesses », dit à « L’OLJ » le recteur Fouad Ayoub

Le recteur de l’Université libanaise, Fouad Ayoub, sans son masque, juste le temps d’une photo. A.-M.H.

« Nous n’avons rien à cacher, surtout pas nos faiblesses. C’est là où réside notre force. » C’est en ces termes que le recteur de l’Université libanaise, Fouad Ayoub, odontologiste de profession, se défend de corruption et d’irrégularité dans l’incident qui a entaché la publication des résultats au concours d’entrée des facultés de médecine, de médecine dentaire et de pharmacie, le 27 octobre. « Une simple erreur humaine », explique-t-il à L’Orient-Le Jour, lors d’une interview exclusive. « Nous nous en sommes rapidement excusés avant de la réparer. Nous menons d’ailleurs une enquête administrative pour éviter que cela ne se reproduise », précise-t-il.

L’erreur a pourtant suscité un tollé sur les réseaux sociaux. Elle a aussi poussé le ministre sortant de l’Éducation, Tarek Majzoub, à saisir la justice. Et cette polémique n’a cessé d’enfler, alimentée par les soupçons de corruption qui planent sur la seule institution universitaire publique du pays, connue pour être le théâtre d’interventions politiques, plus particulièrement du tandem chiite Amal-Hezbollah.

71 élèves de plus et une polémique qui enfle

Tout a commencé le 24 octobre. À l’issue de deux jours d’un concours d’entrée aux trois filières médicales, la liste des étudiants reçus est publiée. Peu après, l’Université libanaise présente sur son site ses excuses aux candidats et annonce « la suspension des résultats jusqu’au réexamen de l’épreuve de français ». « Nous avions reçu des plaintes d’étudiants dont les notes de français étaient anormalement basses », révèle le recteur. L’institution identifie « rapidement une erreur dans l’analyse des réponses de l’épreuve de français (sur le mode du questionnaire à choix multiple), qui a défavorisé les élèves francophones par rapport aux élèves anglophones ». La liste corrigée des candidats reçus est alors publiée après la révision du code de lecture des copies. « Sont admis pour l’année 2020-2021 en médecine 146 candidats, plus 26 enfants de professeurs et du personnel de l’UL ayant obtenu la moyenne de 12 sur 20 comme le veut la loi de l’institution, de même que 83 en médecine dentaire et 76 en pharmacie (enfants de professeurs et d’employés y compris) », indique le Dr Ayoub. Soit 38 supplémentaires à la faculté de médecine, 20 de plus à la faculté de médecine dentaire et 13 de plus à la faculté de pharmacie. « Nous avons pris compte de la note la plus basse obtenue par les premiers reçus, qui est de 16,33 sur 20 », note-t-il à ce sujet.

Pour mémoire

Majzoub réagit à un tweet sur une affaire de diplômes falsifiés et vendus

Mais ce surplus d’étudiants non prévus, 71 au total, n’est pas pour plaire à tous. Il est connu que les filières à concours font l’objet de quotas que se répartissent les universités du pays. De nombreuses voix ont donc crié au scandale, accusant de fraude l’UL son recteur Fouad Ayoub et le doyen de la faculté de médecine, Youssef Farès (tous deux membres de la communauté chiite). Certains ont même accusé l’institution d’avoir voulu privilégier des candidats chiites au détriment d’étudiants chrétiens. Le dossier n’a pas tardé à être politisé. Le mouvement chiite Amal, affilié au président du Parlement Nabih Berry et influent au sein de l’UL, s’est défendu de tout lien avec l’organisation des examens d’entrée.

Aider parents et étudiants

Face aux critiques, le Dr Ayoub, proche de Nabih Berry mais revendiquant son indépendance politique, assure inlassablement « n’avoir pas eu connaissance de la communauté religieuse des candidats ». Et puis « l’UL n’a pas accepté d’étudiants qui ne le méritent pas, martèle-t-il. Tous les étudiants reçus ont obtenu au moins l’excellente moyenne de 16,33. Nous ne pouvions donc pas recaler des candidats après leur acceptation, c’est une question de droit ». Sans compter que le fait d’accepter davantage d’étudiants dans les deux filières francophone et anglophone est une façon « d’aider les parents d’élèves et les étudiants eux-mêmes en ces temps durs ». « Après tout, conclut-il, la commission d’examen est maître de ses décisions. » Ces réflexions à L’OLJ, Fouad Ayoub les a rassemblées dans un communiqué hier soir sur le site de l’Université libanaise. C’est dans cet état des lieux que doit trancher la justice.

« Nous n’avons rien à cacher, surtout pas nos faiblesses. C’est là où réside notre force. » C’est en ces termes que le recteur de l’Université libanaise, Fouad Ayoub, odontologiste de profession, se défend de corruption et d’irrégularité dans l’incident qui a entaché la publication des résultats au concours d’entrée des facultés de médecine, de médecine...

commentaires (2)

Ils gangrènent toutes les institutions du pays. Du ménage à la javel s’impose rapidement. Jusqu’alors les diplômes des universités libanaises sont accueillis à bras ouverts dans le monde, il ne faut pas les laisser se salir et perdre leur bonne réputation.

Sissi zayyat

14 h 18, le 31 octobre 2020

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Commentaires (2)

  • Ils gangrènent toutes les institutions du pays. Du ménage à la javel s’impose rapidement. Jusqu’alors les diplômes des universités libanaises sont accueillis à bras ouverts dans le monde, il ne faut pas les laisser se salir et perdre leur bonne réputation.

    Sissi zayyat

    14 h 18, le 31 octobre 2020

  • Un élément de phrase me semble obscur: "...146 candidats, plus 26 enfants de professeurs et du personnel de l’UL ". Pourquoi les enfants de professeurs ou du personnel sont-ils comptabilisés à part?

    Yves Prevost

    06 h 51, le 31 octobre 2020

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