Le secrétaire général adjoint du Hezbollah, le cheikh Naïm Kassem, a critiqué jeudi la France après les propos du président français Emmanuel Macron défendant les caricatures du Prophète Mahomet, affirmant que Paris "ne récoltera que des déceptions et un isolement de la part des musulmans". Ces propos interviennent le même jour d'un nouvel attentat terroriste à Nice, qui a fait trois morts. L'attaque au couteau a été condamnée à travers le monde ainsi que de la part de la classe politique libanaise, le chef de l'État Michel Aoun, et le Premier ministre désigné Saad Hariri ayant exprimé leur solidarité avec la France.
"L'Occident prétend être en faveur de la liberté d'expression, mais les insultes et les injures ne relèvent pas de la liberté d'expression. Elles constituent plutôt une agression morale et un comportement belliqueux, et sont la preuve d'une faiblesse de raisonnement conduisant au choix de la répression contre tout ce qui est différent", a affirmé le numéro deux du Hezbollah, lors d'un discours prononcé à l'occasion de l'ouverture du congrès annuel d'une association œuvrant pour le rapprochement entre les communautés religieuses. "Le fait que le président français et le pouvoir en place montent au créneau pour justifier les insultes faites au Prophète et défendre ceux qui les profèrent montre la superficialité du système de valeurs occidental et le retour aux moyens obscurantistes. La France ne récoltera que des déceptions et un isolement de la part des musulmans et des libres de par le monde. La France doit corriger sa façon de traiter l'islam et les musulmans, sinon elle en sera l'unique perdante", a-t-il encore prévenu.
Sur le terrain, les services de renseignement ont arrêté à Zghorta (Nord) un homme, M. K., pour avoir "partagé un message insultant à l'égard du Prophète Mahomet", rapporte l'Agence nationale d'information. L'individu a été "déféré devant les instances compétentes pour que les mesures nécessaires soient prises".
Le 16 octobre, un enseignant français, Samuel Paty, avait été décapité par un islamiste russe tchétchène radicalisé, pour avoir montré en classe des caricatures de Mahomet. Après cet attentat terroriste, le président Macron a promis au nom de la liberté d'expression que la France ne renoncerait pas aux caricatures. Ses propos ont entraîné de vives tensions dans plusieurs pays musulmans, allant des manifestations jusqu'au boycott de produits français.
"Aux côtés de la France"
Jeudi, à quelques jours de la fête catholique de la Toussaint, trois personnes ont été tuées, dont une au moins égorgée, à Nice dans le sud-est de la France, dans une attaque au couteau dans une église. L'agression a été qualifiée d'acte terroriste et son auteur a été interpellé.
Cet énième attentat contre la France a été condamné par de nombreux dirigeants à travers le monde. Au Liban, le président de la République Michel Aoun a adressé un télégramme de condoléances à son homologue français lui affirmant que le Liban "se tient aux côtés de la France". "Nous condamnons l'attaque terroriste à Nice et nous nous tenons aux côtés de la France", a écrit la présidence libanaise. Le chef de l'État a présenté "ses condoléances personnelles et celles du peuple libanais aux victimes de l'agression, souhaitant un prompt rétablissement aux blessés". Un peu plus tôt, le Premier ministre désigné Saad Hariri avait condamné l'attaque. "Je condamne avec la plus grande fermeté et indignation l'attaque criminelle odieuse en l'église Notre-Dame dans la ville française de Nice. Le terrorisme n'a pas de religion. L'ensemble des musulmans sont appelés à rejeter cet acte criminel qui n'a rien à voir sur le plan religieux, moral et humanitaire avec l'islam et le Prophète", a écrit M. Hariri sur son compte Twitter.
Le chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil, a lui aussi condamné l'attaque de Nice. "Le Liban se tient aux côtés de la France contre la sauvagerie. Pensées fraternelles et solidaires", a-t-il écrit en français sur son compte Twitter. De même pour le leader druze et chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt : "Je dénonce le crime de Nice contre le peuple français, mais j’appelle à la distinction entre terroristes et islam pour ne pas tomber dans le piège des extrémistes qui ne visent qu’à réveiller le volcan des 'ismes' qui ne mènent qu’à la guerre".
Les sanctions US
Sur un autre plan, Naïm Kassem a commenté les sanctions américaines qui ne cessent de se renforcer contre le parti chiite et ses soutiens. "Les sanctions américaines constituent une agression économique pour atteindre des objectifs politiques que l'Amérique veut imposer à l'Iran (...)". "Les sanctions contre le Hezbollah ont prouvé la capacité de celui-ci à résister, à libérer et à protéger l'indépendance du Liban. Comme nous avons fait face aux sanctions en résistant de toutes les manières, nous devons continuer à résister et à renforcer ce programme en l'inculquant aux générations futures. Nous récolterons des victoires supplémentaires si Dieu le veut".
Une dizaine de pays, avec à leur tête les États-Unis, considèrent le Hezbollah comme un groupe terroriste. Le 22 octobre, le Trésor américain avait sanctionné deux hauts responsables du parti pro-iranien, Nabil Kaouk et Hassan Baghdadi. Le mois dernier, les États-Unis avaient annoncé des sanctions visant en particulier deux sociétés basées au Liban et un individu pour leurs liens avec le parti chiite. Quelques jours auparavant, ils avaient imposé pour la première fois des sanctions contre des responsables appartenant à des formations politiques alliées au Hezbollah. Ces sanctions avaient frappé les anciens ministres libanais des Travaux publics Youssef Fenianos, et des Finances Ali Hassan Khalil, pour "corruption" et soutien au Hezbollah.
commentaires (11)
Le chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil, a lui aussi condamné l'attaque de Nice. "Le Liban se tient aux côtés de la France contre la sauvagerie. Pensées fraternelles et solidaires" De quoi je me mêle ?????
DJACK
12 h 15, le 01 novembre 2020