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Politique - Frontière méridionale

Au second round de pourparlers avec Israël, le Liban élargit sa zone économique exclusive

Trois membres du Hezbollah s’en prennent aux équipes de télévision sur place.

Au second round de pourparlers avec Israël, le Liban élargit sa zone économique exclusive

Les tracés libanais et israélien comparés, à Ras Naqoura (partie supérieure de la photo). Photo D.R.

Le second round des pourparlers officiels entre le Liban et Israël visant à clarifier le tracé de leur frontière maritime commune, placés sous l’égide de l’ONU et organisés avec la médiation de Washington, s’est tenu hier sous la tente dressée à cette fin au siège de la Force intérimaire des Nations unies (Finul) à Naqoura. La session, prévue en deux temps, a débuté à 10h et s’est achevée peu avant 14h. Elle reprendra aujourd’hui à 10h. Selon une source proche de la délégation libanaise citée par notre correspondante Hoda Chedid, le Liban revendiquerait désormais une superficie maritime pour sa zone économique exclusive (ZEE) de 2 290 km2 contre 860 km2, comme établi jusqu’à présent. Ce qu’Israël contestait déjà en partie. Ce nouveau chiffre figure dans une étude du colonel Mazen Basbous, l’un des deux officiers membres de la délégation, que le commandement de l’armée et la présidence de la République ont décidé de retenir pour les négociations. Le calcul de l’officier est effectué en fonction du dernier point de la côte bordant la mer à Ras Naqoura. Le calcul ajoute une superficie de 1 430 km2 supplémentaire au triangle de 860 km2, objet des négociations précédentes du Liban. Un émissaire américain dans la région, Frederick Hoff, avait proposé, au nom des États-Unis, un partage inégal de la zone de litige de 860 km2, accordant au Liban 500 km2 et 360 km2 à Israël. Le Liban avait toutefois refusé ce marché, considérant comme sienne la totalité de la zone contestée.


La ligne tracée par l’armée à partir du point de contact de la ligne bleue avec la Méditerranée, et élargissant la zone économique exclusive du Liban. Photo D.R.


« Réclamer le maximum »

« La séance du jour est la première session technique, celle où les discussions détaillées sur la démarcation devraient débuter », avait annoncé hier matin Laury Haytayan, experte en bonne gouvernance des ressources en hydrocarbures au Moyen-Orient, dans des propos accordés à l’AFP. Pour Mme Haytayan, le Liban compte « réclamer le maximum qu’il puisse obtenir » pour englober le gisement de gaz naturel Karish, actuellement exploité par Israël. « Il faut attendre la réaction des Israéliens », avait dit Mme Haytayan.

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Confirmant ce pronostic, Marc Ayoub, chercheur en énergie à l’Institut Issam Farès de l’AUB, confirme que le Liban rejette la ligne adoptée par Israël pour calculer sa ZEE. « Ce n’est pas une tactique de pourparlers, insiste M. Ayoub. Le Land Terminus Point (LTP) adopté par Israël est distinct de celui que le Liban. Les Israéliens tracent leur ligne de démarcation à partir de trois rochers qui surnagent dans leurs eaux territoriales, qu’ils tiennent pour des îles (les “îles Tekhilit”). Pour le Liban, ces roches ne sauraient être classées comme îles, n’étant que des formations rocheuses inhabitables. » Et de poursuivre : « Le Liban part du point de contact avec la Méditerranée d’une ligne qui part de la pointe de la ligne bleue terrestre dessinée par la Finul, un promontoire qui a donné son nom (Ras Naqoura) à cet endroit de la côte. De ce point, le tracé plonge vers la mer puis effectue une légère courbe qui passe par des rochers en mer situés dans les eaux territoriales libanaises, avant de se diriger en ligne droite vers le large. » « À ce compte-là, commente M. Ayoub, effectivement, la ligne tracée par le Liban coupe en deux le gisement de Karish, et un projet d’exploration d’un nouveau puits, qu’Israël allait lancer et qu’il s’est retenu de faire pour ne pas compromettre les pourparlers, s’avère effectivement être situé dans les eaux territoriales libanaises. » Tout comme Mme Haytayan, M. Ayoub attend de voir quelles seront les réactions israéliennes à ce nouveau tracé.

Les délégations

La délégation du Liban, arrivée à bord d’un hélicoptère aux alentours de 9h à Naqoura, était conduite par le général Bassam Yassine, chef d’état-major pour les opérations. Elle est composée du colonel Mazen Basbous, qui a occupé le poste d’adjoint du commandant des forces navales, et de deux civils, Wissam Chbat, président sortant du conseil d’administration de l’Autorité de l’énergie (LPA, principalement chargée de suivre le dossier des hydrocarbures offshore), et Nagib Massihi, expert en droit international et spécialiste du dossier des frontières maritimes, connu pour son travail dans le domaine de la cartographie auprès du commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun.

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La délégation israélienne était, elle, présidée par le directeur général du ministère de l’Énergie, Udi Adiri. Le diplomate américain John Desrocher et un représentant du coordonnateur spécial au Liban, Jan Kubis, étaient également présents. Lors du premier round, le médiateur et facilitateur américain était représenté par le secrétaire d’État adjoint pour le Moyen-Orient David Schenker, alors que l’ONU était représentée par M. Kubis.

Le Liban insiste sur le caractère « technique » et non politique des discussions, rappelant qu’il s’agit de négociations « indirectes », c’est-à-dire que les deux équipes ne s’adressent pas la parole.

Le Hezbollah s’en mêle

Sur un autre plan, la ministre sortante de l’Information, Manal Abdel Samad, a annoncé hier sur Twitter qu’une équipe de la chaîne publique Télé-Liban a été agressée lors de sa couverture des négociations à Naqoura. « D’autres journalistes ont été empêchés d’atteindre le secteur », a-t-elle également dénoncé. « Ce qui s’est passé est condamnable et nécessite l’intervention des services de sécurité pour protéger les journalistes et la dignité du métier », a-t-elle plaidé.

Dans les faits, rapporte Hoda Chedid, trois membres du Hezbollah, sous un prétexte de sécurité fallacieux, ont chassé les équipes de télévision du toit d’une maison de Naqoura-ville, où ils avaient obtenu d’installer leurs caméras avec l’accord du propriétaire et d’où ils pouvaient filmer le siège de la force italienne de la Finul et, près d’elle, la tente qui abrite les pourparlers sur le tracé de la frontière maritime. Avec Nayla Chehwan, la reporter de Télé-Liban, les membres du parti chiite ont été particulièrement brusques, lui arrachant son portable, en effaçant des images et une application et brisant le trépied sur lequel le cameraman de la station officielle avait installé son appareil.

Notons pour finir qu’une poignée de manifestants du Parti communiste libanais (PCL) ont manifesté hier à Naqoura contre la tenue de pourparlers. Brandissant un drapeau libanais frappé de la faucille et du marteau ainsi que des drapeaux palestiniens, ils ont été facilement contenus par les forces de sécurité et l’armée.

Le second round des pourparlers officiels entre le Liban et Israël visant à clarifier le tracé de leur frontière maritime commune, placés sous l’égide de l’ONU et organisés avec la médiation de Washington, s’est tenu hier sous la tente dressée à cette fin au siège de la Force intérimaire des Nations unies (Finul) à Naqoura. La session, prévue en deux temps, a débuté à 10h...

commentaires (4)

? AINSI ON CROIRAIT QUE TOUT EST TERMINE AU BOUT DE 2 SEANCES DE BAVARDAGE ! BRAVO ! LES LIBANAIS C'EST CONNU SONT LES ROIS DES NEGOCIATIONS QUI SAUVEGARDENT NOS INTERETS A NOUS, LES CITOYENS .

Gaby SIOUFI

09 h 46, le 29 octobre 2020

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Commentaires (4)

  • ? AINSI ON CROIRAIT QUE TOUT EST TERMINE AU BOUT DE 2 SEANCES DE BAVARDAGE ! BRAVO ! LES LIBANAIS C'EST CONNU SONT LES ROIS DES NEGOCIATIONS QUI SAUVEGARDENT NOS INTERETS A NOUS, LES CITOYENS .

    Gaby SIOUFI

    09 h 46, le 29 octobre 2020

  • QUAND AU NOUVEAU TRACE PASSER D,UNE RECLAMATION DE 850KM2 DEPUIS DES ANS ET CONTESTEE PAR ISRAEL A SOUDAINEMENT PLUS QUE 2200KM2 ET S,ATTENDRE A DES RESULTATS POSITIFS POUR LE LIBAN EST RISQUEE A MOINS QU,IL Y AIT DES ACCORDS SECRETS AVEC CONCESSIONS POLITIQUES. QUAND AUX ACTIONS BARBARES DU HB CONTRE LES REPORTERS ILS NE VEULENT PAS DE PHOTOS DES OFFICIERS LIBANAIS OFFRANT DU CAFE OU DES TISANES A LEURS VISITEURS ET NEGOCIATEURS ISRAELIENS COMME AVANT ET COMME LE COMMANDE L,HOSPITALITE LIBANAISE. DE LA MESQUINERIE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 49, le 29 octobre 2020

  • Un colonel de l armée libanaise at il l éducation. Et l intelligence nécessaire pour négocier pour le Liban? Pas d après ce que je vois et entend des officiers del armée , ce n est plus l école militaire sous le général genadry. ou les grands officiers allaient se parfaire à St Cyr où West Point J espère qu ils ne sont pas formés a. Sa3Sa3. En Syrie

    Robert Moumdjian

    02 h 50, le 29 octobre 2020

  • A never ending story from Neverland.

    Zovighian Michel

    01 h 38, le 29 octobre 2020

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