Alors que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, ne se prive pas de capitaliser sur la rencontre technique de délimitation des frontières de Naqoura pour plastronner à la Knesset, le ton est tout autre au Liban, où aucune déclaration officielle n’a été faite pour commenter la rencontre du 14 octobre.
Le parrain américain de la rencontre, David Schenker, qui assure le service après-vente de la réunion, a poursuivi hier une tournée entamée la veille par une visite au patriarche maronite, en se rendant chez le président de la Chambre, Nabih Berry, puis chez Walid Joumblatt. M. Schenker n’a pas fait de commentaire après ses réunions, mais de source bien informée il pourrait s’exprimer aujourd’hui au terme de ses entretiens, qu’il couronne par une rencontre avec le chef de l’État. Au cours de ces deux visites, le responsable américain était accompagné de Jan Kubis, le coordinateur spécial des Nations unies au Liban, second parrain du processus de délimitation des frontières.
Mercredi, rappelle-t-on, le Liban et Israël avaient engagé des pourparlers historiques inédits sous l’égide de Washington et de l’ONU pour délimiter leur frontière maritime et lever les obstacles à la prospection d’hydrocarbures. Beyrouth a déclaré qu’il espérait clore ce dossier « dans un délai raisonnable » et le second round de ces discussions a été fixé au 26 octobre. On ignore si les réunions vont continuer à se tenir à cette cadence, mais la proximité des deux dates reste significative.
Le litige entre les deux pays porte sur une zone triangulaire d’une superficie de 860 km2. Le Liban conteste le bien-fondé du point terrestre décidé unilatéralement par Israël, à partir duquel a été dessiné en projection le triangle, et exige d’en corriger l’emplacement de quelques mètres, de sorte à comprendre le triangle usurpé dans sa Zone économique exclusive.
Un protocole sans civilités
De source proche de la délégation libanaise, on a décrit la séance du 14 octobre de « protocolaire ». Elle aurait permis aux deux délégations libanaise et israélienne de faire connaissance, dans la mesure de chaleur humaine permise, et de s’entendre sur le mode de communication triangulaire qui a été retenu pour les échanges verbaux, de sorte que les deux délégations ne s’adressent jamais directement la parole et n’échangent pas de civilités.
La cérémonie a d’ailleurs été marquée par une légère tension quand la délégation libanaise a refusé de se faire photographier avec les membres de la délégation israélienne, ne serait-ce que pour l’archivage historique de la rencontre. On n’a rien su non plus des discours prononcés par les délégations présentes, des sources assurant de leur nature protocolaire.
Dans un communiqué commun, le gouvernement américain et le bureau du coordinateur spécial pour le Liban de l’ONU, parrains de ce processus, ont indiqué que « durant cette rencontre initiale, les représentants ont tenu des discussions productives et réaffirmé leur engagement à poursuivre les négociations dans le courant du mois ».
Un timing avantageux pour tous
Sur le timing de la rencontre de Naqoura, qu’il a fallu dix ans pour mettre au point (!), il en va autrement, et il semble que sa programmation en ce moment exact convient pratiquement à tout le monde.
À quelques jours de l’élection présidentielle américaine du 3 novembre, cette rencontre ne fera pas mauvaise figure dans la série de « points » que le président américain Donald Trump a marqués en politique étrangère, notamment sur le plan du courant de normalisation d’Israël avec le monde arabe, estiment des sources politiques.
Pour le mouvement Amal et le Hezbollah, et sans exclure l’intérêt économique et donc financier qu’ils représentent pour un Liban en banqueroute, les pourparlers ont un avantage subsidiaire : celui de gagner quelques mois de paix et d’adoucir la volonté américaine de sanctionner le Hezbollah et de tarir ses sources de financement, comme l’ont bien montré les sanctions prises contre le numéro deux du mouvement Amal, l’ancien ministre des Finances Ali Hassan Khalil, accusé d’aider en sous-main le parti pro-iranien.
Il va de soi toutefois qu’économiquement et financièrement, il y a loin de la coupe aux lèvres et que les ressources considérables en hydrocarbures de la zone litigieuse ne seront pas exploitables et rentables pour le Liban avant au moins sept années, assure Laury Haytayan, une experte en ressources énergétiques.
Netanyahu : « Une première brèche »
Pour sa part, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ne se prive pas de s’attribuer le mérite de l’ouverture des pourparlers entre le Liban et Israël sur le tracé de leur frontière maritime commune. Selon ce responsable, ces négociations et la médiation des États-Unis pourraient constituer « une première brèche pour conclure une véritable paix ». « Nous avons débuté hier des discussions avec le Liban autour de la frontière maritime qui auront des répercussions économiques (…). J’appelle le gouvernement libanais à poursuivre ces contacts pour clore ce dossier. Cela pourrait constituer une première brèche, un jour, dans le futur, pour conclure une paix véritable », a déclaré M. Netanyahu lors d’un discours à la Knesset, au cours d’une séance consacrée à la ratification de l’accord de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis, selon des déclarations rapportées par des médias israéliens.
Néanmoins, le Premier ministre israélien a prévenu qu’il n’y aura pas de paix avec le Liban « tant que le Hezbollah contrôle le pays ». « Ils disent que l’on fait la paix avec les ennemis. Non, on fait la paix avec ceux qui ont cessé d’être des ennemis. Par exemple, tant que le Hezbollah contrôle le Liban, il ne peut y avoir de véritable paix avec ce pays », a-t-il déclaré.
commentaires (5)
Ces insupportables yankees et américanosionistes ne pensent donc jamais au droit de retour des réfugiés palestiniens que leur maléfique Deal du Siècle nous laisse sur le dos pour toujours ! Ils ne pensent qu'à faire de bonnes affaires sur notre dos en nous lompant nos richesses ! Quelle injustice ! Le Liban sera gouverne par les réfugiés dans quelques années ! C'est le plan Kissinger !
Chucri Abboud
13 h 20, le 16 octobre 2020