
Des contestataires rassemblés devant le sérail de Saïda, le 16 octobre 2020. Photo Mountasser Abdallah
A la veille du premier anniversaire de la révolte populaire du 17 octobre 2019, et alors que le Liban continue de s'enfoncer dans la crise, des contestataires sont descendus dans les rues à travers le pays pour crier leur rejet de la classe politique actuelle et affirmer que "la confrontation continue".
Du Nord au Sud, les manifestants, qui se sont réunis par dizaines à l'appel du collectif "Drabzine" ("Parapet"), brandissaient des pancartes accusant la classe politique au pouvoir d'être, dans son entièreté, "responsable d'avoir plongé le pays dans la faillite et appauvri les Libanais". "La confrontation continue", pouvait-on également lire sur ces affiches.
A Saïda (Sud), des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le sérail afin de crier "leur colère" face à la crise, selon notre correspondant Mountasser Abdallah. Les contestataires ont brandi des drapeaux libanais et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire que "la reddition des comptes est le droit de tous". Les manifestants ont encore réclamé la formation d'un gouvernement de sauvetage composé de personnalités indépendantes.
"La manifestation d'aujourd'hui a pour objectif de raviver la révolution, et nous ne nous arrêterons que lorsque l'ensemble de la classe politique sera tombée", a affirmé Waddah, un activiste, à notre correspondant. "Mes enfants sont menacés par la famine, nous ne pouvons plus supporter cette situation et n'allons pas laisser les responsables nous tuer à petit feu", a lancé de son côté Zeina, une mère de famille.
Les manifestants se sont ensuite dirigés vers la place Elia, dont ils ont voulu fermer partiellement l'accès aux automobilistes, avant d'en être empêchés par l'armée.
Dans le Nord, à Tripoli, les manifestants se sont d'abord rassemblés devant le sérail puis ont lancé une procession dans les rues de la ville, passant notamment par la place el-Nour, épicentre de la contestation tripolitaine, où ils ont chanté l'hymne national. "Nous poursuivons notre mouvement, en mémoire des victimes du 4 août", pouvait-on lire sur une pancarte brandie par des manifestants lors de cette marche.
"Nous ne reculerons plus"
A Halba, dans le Akkar, les manifestants se sont rassemblés devant une tente érigée par des activistes sur la place principale, afin de réclamer la libération de deux des leurs, arrêtés dans la semaine pour avoir mis le feu au bureau local du Courant patriotique libre (CPL, aouniste). "Nous ne reculerons plus et poursuivrons nos manifestations, jusqu'à ce que toutes nos revendications soient entendues", a déclaré un porte-parole du mouvement local. La route principale de cette localité avait été fermée entre mercredi soir et vendredi matin, afin de réclamer la libération des activistes.
Devant le sérail de Jounieh (Kesrouan), des dizaines de manifestants ont notamment scandé que les dirigeants ont "perdu leur légitimité depuis le 17 octobre". Des rassemblements similaires ont drainé des dizaines de personnes à Baalbeck, Nabatiyé, Zahlé, Hasbaya, Zghorta et Tyr.
Des manifestants anti-pouvoir rassemblés le 16 octobre 2020 à Baableck. Photo ANI
Samedi, pour marquer le premier anniversaire du soulèvement, le collectif "Khatt Ahmar", fondé par le publicitaire Sami Saab, a annoncé l'organisation d'un événement samedi 17 octobre. Ainsi, des torches seront allumées sur l'ensemble du territoire libanais et seront ramenées dans quatre lieux de Beyrouth - le Forum de Beyrouth pour les régions au nord de la capitale, Corniche el-Nahr pour les régions est, Saïfi pour les quartiers de Beyrouth et à Biel pour les régions au sud de la capitale. De ces quatre points, les contestataires convergeront ensuite vers le port de Beyrouth à 18h07, heure à laquelle est survenue la double explosion meurtrière le 4 août dernier qui a fait plus de 200 morts, plus de 6.500 blessés et dévasté des pans entiers de la capitale, laissant 300.000 sans abris. Dans la journée de vendredi, une structure sur laquelle on peut lire "17 octobre", écrit en arabe, était en cours de construction devant le port.
commentaires (2)
Quelques dizaines, par ci par la. Le régime a gagné... C'est triste, mais ceux qui veulent autre chose, quittent.
Bachir Karim
14 h 34, le 17 octobre 2020