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Société - Covid-19

Au deuxième jour du bouclage partiel, un bilan toujours mitigé

Hier, 1 175 nouveaux cas et huit décès ont été signalés.

Au deuxième jour du bouclage partiel, un bilan toujours mitigé

À Hadeth, les mesures de confinement étaient, hier, plutôt bien observées. Photo S.B.

Au deuxième jour du bouclage total de 111 villes et villages libanais, classés zone rouge selon les nouvelles normes adoptées la semaine dernière par le comité interministériel du suivi du coronavirus, le bilan est toujours mitigé. Certaines régions convaincues par la justesse d’une telle décision se sont pliées aux directives, alors que d’autres rechignent à s’y conformer. C’est le cas notamment des huit localités du caza de Saïda (Abra, Aïn Deleb, Babiliyé, Bramieh, Ghassanié, Hilaliyé, Majdelyoun, Miyé w Miyé et Qariyé) touchées par cette mesure, où de nombreux magasins et entreprises ont observé un jour de travail normal, rapporte notre correspondant Mountasser Abdallah. Les habitants de ces régions se déplaçaient normalement à pied ou en voiture. Si la police municipale effectuait des patrouilles, elle ne dressait pas des PV à l’encontre des contrevenants.

Idem à Minié, à Tripoli, où tous les commerces étaient ouverts hier, en l’absence de tout contrôle, rapporte notre correspondante Ornella Antar. Seules étaient fermées les administrations publiques.

Au Mont-Liban et au Kesrouan, par contre, la décision était respectée dans la majorité des localités, même si les les habitants circulaient librement en l’absence de points de contrôle.

Mais c’est au souk de Zalka que le paysage était totalement absurde, les boutiques situées à l’est, du côté de la partie résidentielle de la ville, étaient fermées, alors que celles situées à l’ouest étaient ouvertes. En cause, le plan cadastral de la ville. Une employée d’une boutique de chaussures explique ainsi que « la partie ouest du souk relève de Amaret Chalhoub, alors que celle à l’est relève de Zalka ». « Le matin, la police municipale a fermé les boutiques situées de l’autre côté de la rue, mais ne nous a rien dit », lance-t-elle.

Devant les boutiques vides, se tiennent des commerçants qui peinent à comprendre « la logique d’une telle décision ». « Le coronavirus se propage à Zalka et pas à Amaret Chalhoub ? Il n’y a pas de cas à Jal el-Dib et à Sabra et Chatila ? » se demande l’un deux. « Nous sommes en train de payer de l’électricité pour une semaine de travail perdue, lance une autre. Et peut-être que la semaine prochaine, ce sera au tour de Amaret Chalhoub d’être bouclée. » Et un troisième commerçant de renchérir : « Rien n’est logique dans ce pays. Il n’y a que la chaos qui règne. Le souk est totalement mort. »

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La décision d’isoler des localités risque de se solder par un échec

Un avis que ne partage pas la propriétaire d’un minimarket d’Antélias. Chez elle, deux clients sont autorisés à entrer à la fois. « C’est une décision justifiée vu le nombre croissant des cas de coronavirus », commente-t-elle.

Également à Hadeth, la décision était globalement respectée. Le propriétaire d’un magasin d’animaux est toutefois venu s’occuper d’eux. « Je suis obligé d’ouvrir tous les jours pour leur donner à manger et nettoyer leurs cages, sinon ils vont mourir, explique-t-il. Ce sont des êtres vivants. Je ne peux pas les abandonner. » Pour ce jeune homme, la décision de boucler partiellement certaines localités est « illogique » vu la crise économique qui sévit et la difficulté qu’ont les Libanais à joindre les deux bouts. « Une semaine ou un jour de bouclage sont suffisants pour nous ruiner », déplore-t-il.


Un magasin fermé, à Antélias, hier. Photo S.B.


Bassil en convalescence

Pour le ministre sortant de la Santé, Hamad Hassan, ce bouclage localisé constitue « la dernière chance » pour le pays de faire baisser le taux de contaminations au coronavirus afin d’éviter un scénario dramatique « à l’européenne », soulignant que le pays avait atteint le « pic » en ce qui concerne le nombre de cas quotidiens et de décès.

De fait, hier encore, les chiffres étaient élevés au compteur du coronavirus, 1 175 nouvelles contaminations et huit décès ayant été signalés. Ce qui fait grimper à 45 657 le nombre des cas cumulés depuis la déclaration de la pandémie au Liban le 21 février, au nombre desquels 414 décès et 20 243 guérisons selon le rapport quotidien du ministère de la Santé. Par ailleurs, 624 patients sont hospitalisés dont 127 en unités de soins intensifs. Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui avait annoncé le 27 septembre dernier avoir été testé positif au coronavirus, est sorti guéri hier de l’Hôtel-Dieu, à Beyrouth, où il était hospitalisé depuis cinq jours. Il doit poursuivre sa convalescence chez lui.

« Le taux de contamination au Liban atteint chaque semaine les 120 cas pour 100 000 habitants, ce qui est considéré comme un pic nous rapprochant des scénarios européens », a averti M. Hassan, lors d’une conférence de presse tenue à l’issue d’une réunion du comité scientifique du ministère en charge du suivi de la pandémie au Liban. À titre de comparaison, le taux d’incidence à Paris dépasse les 250 cas pour 100 000 habitants, d’après des chiffres officiels. M. Hassan note en outre que le taux de mortalité au Liban a atteint « un pic » de 1,2 %, un chiffre qui ne doit pas être « pris à la légère ». « Ces deux semaines représentent une opportunité de faire baisser le nombre de contaminations » et d’éviter un scénario du pire, a-t-il déclaré, soulignant que « la décision de boucler partiellement certaines régions est audacieuse, mais elle constitue la dernière chance » d’infléchir la tendance.

« Irresponsabilité » des hôpitaux privés

Le ministre sortant a, en outre, insisté sur l’importance de l’ouverture de centres de quarantaine dans les différentes régions, afin d’isoler tous les cas positifs. Cette initiative, annoncée à plusieurs reprises dans différentes zones du pays, peine toujours à voir le jour. Il a par ailleurs demandé à la Croix-Rouge libanaise de transporter les patients atteints du Covid-19 dans les hôpitaux les plus proches, d’où ils seront éventuellement transférés vers des hôpitaux « spécialisés » pour accueillir les personnes contaminées. « Quinze hôpitaux gouvernementaux sur trente-trois accueillent des patients atteints du Covid-19, alors que seuls quinze établissements privés sur 130 le font », a encore fustigé M. Hassan, voyant là « un manquement » et une volonté « d’échapper à la responsabilité ».

Du côté de prisons où des centaines de cas avaient été confirmés ces dernières semaines, les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont démenti hier le décès d’un détenu de Roumieh des suites de cette maladie. « Les informations concernant le décès d’un détenu du bâtiment D de Roumieh suite à sa contamination au coronavirus sont erronées, ont-elles souligné dans un communiqué. Cette personne avait été hospitalisée le 30 août, avant la propagation du virus dans la prison, afin d’être soignée pour une maladie cardio-vasculaire. Jusqu’à présent, il n’y a pas de cas de coronavirus dans le bâtiment D. »

En outre, le syndicat des propriétaires de restaurants, cafés, bars et pâtisseries du Liban a affirmé que sur base d’une opération d’inspection menée par une société de consulting, 83,05 % du secteur de l’Horeca, dans la majorité des régions du pays, se conforment aux mesures de prévention édictées par les autorités pour lutter contre la pandémie. Dans un communiqué, il a appelé les responsables à ne pas imposer de fermeture du secteur afin de permettre aux établissements de « prendre une dernière bouffée d’oxygène » avec la fin de la saison touristique.

Au deuxième jour du bouclage total de 111 villes et villages libanais, classés zone rouge selon les nouvelles normes adoptées la semaine dernière par le comité interministériel du suivi du coronavirus, le bilan est toujours mitigé. Certaines régions convaincues par la justesse d’une telle décision se sont pliées aux directives, alors que d’autres rechignent à s’y conformer....

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