On l’aura compris, ce n’est pas demain l’avant-veille que les Libanais auront un gouvernement, tant que celui-ci refusera de parler persan. Faut dire que la procrastination est désormais bien enracinée dans la classe politique. C’est une engeance qui savoure les palabres stériles, pompeusement qualifiés de « concertations », même si celles-ci se confondent souvent avec magouilles et tripatouillage. Exit donc Moustapha Adib, le diplomate BCBG aux cheveux un chouia gominés, et retour en douce de Hassane Diab l’ensommeillé flapi, champion de l’expédition des affaires courantes qui courent plus vite que lui. Y aurait-il un jour quelqu’un pour courir l’expédier ailleurs toutes affaires cessantes?
Résultat : les Libanais s’ennuient. Et que font-ils quand ils s’ennuient ? Eh bien, ils font de la géopolitique en prenant leurs vessies pour des lampes au xénon. Aujourd’hui, la nouvelle marotte des experts qui viennent baver sur les plateaux télé est qu’il faudra attendre le résultat de la présidentielle américaine, pour que Mongénéral du Château daigne enfin convoquer les ahuris parlementaires afin qu’ils se choisissent un nouveau cobaye au Grand Sérail. Ce sera alors Byzance pour les imbéciles qui y croient encore. Et qui ne se doutent même pas que ce sera la même galère, rien de plus qu’un changement de transat sur le pont du Titanic.
Flash-back et travelling arrière pour les ramollis du bulbe : au temps béni de la guerre civile déjà, nombre de spécialistes attendaient patiemment les effets d’un sommet Reagan-Brejnev pour pacifier le front entre Chiyah et Aïn el-Remmaneh. L’appel du large, encore et toujours, et le planétaire au service du terre à terre !
Pour l’heure, le pays continue de patauger dans le fumier. Les budgets des ménages rétrécissent comme peau de chagrin et sont taillés au plus près. Et quand on dit taillés, ce n’est pas la petite circoncision à la lime à ongles, mais la grosse charcutaille à l’épée Excalibur. Jusqu’au bond salutaire dans le passé, comme au temps de l’Albanie d’Enver Hoxha : la canaille dans les bus brinquebalants, la racaille à dos d’âne… et Istiz Nabeuh dans son bahut officiel chrome et platine. Cela, dans un pays où même la police – il n’y a pas de sot métier – roule en 4X4 à 100 000 dollars le caisson monté sur roulettes !
Mais qu’est-ce qui a jamais marché dans cette bananeraie levantine dont il ne reste que les épluchures ? Si, quand même : la truellée des services de renseignements, la corruption et les dépenses publiques. Comme il ne reste plus un fifrelin dans les caisses, même la poussière qu’on a déjà mordue est devenue hors de prix. Les Européens ont eu jadis la dette de la Grèce, nous avons aujourd’hui la graisse de la dette. Il n’y a d’ailleurs qu’à comparer les voisinages…
Allez, terminus ! Tout le monde descend… dans le sac-poubelle. Notre garde-manger de demain.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (4)
Ne pensez-vous pas que "l'ensomeillé" du Sérail, connaît déjà les dessous des affaires, et qu'il pourrait accomplir ce qu'il a commencé avec le FMI ? Au moins, il n'a pas eu le temps de patauger dans la corruption, d'ailleurs il n'y rien à renifler. Car, n'importe qui vient à sa place ne pourra rien ajouter à ce qu'il essaie de faire, dans la conjoncture actuelle.
Esber
18 h 17, le 02 octobre 2020