Le chef du Courant patriotique libre, fondé par le président de la République Michel Aoun, Gebran Bassil, a critiqué mardi les propos tenus dimanche par le président français, Emmanuel Macron, qui a fait assumer la responsabilité de la démission du Premier ministre désigné Moustapha Adib à la classe politique libanaise, en la critiquant sévèrement.
"Même si notre réaction a tardé... Le dernier discours du président Macron était constructif, réaliste et objectif, et fait preuve d'attachement au Liban, à part le fait de faire porter la responsabilité de l'échec à tous", a estimé M. Bassil sur Twitter. "Cette généralisation pourrait être acceptable en politique, même si elle est injuste. Mais ce qui est inacceptable pour nous, c'est le fait de dire que +tout le monde touche des pots-de-vin+", a ajouté Gebran Bassil, dans une tentative de se dédouaner des accusations de corruption contre la classe dirigeante.
"Services de renseignements étrangers"
"Le président Macron devrait savoir, à travers les archives de l'administration française, qu'au Liban, depuis longtemps, spécifiquement depuis l'accord de Taëf (1989), il y a des gens qui touchent des pots-de-vin et d'autres qui ne le font pas. Nous continuons de relever le défi, face à tous, et face aux services de renseignement étrangers et au système bancaire mondial. Nous disons cela en raison de notre attachement au succès de l'initiative française".
Après le renoncement du Premier ministre désigné Moustapha Adib, dont la mission de former le gouvernement a été entravée par les revendications du Hezbollah et d'Amal qui réclamaient de nommer les ministres chiites, le Liban se retrouve sans la moindre perspective de sortie de crise. Le 1er septembre dernier, les partis politiques s'étaient toutefois engagés auprès de M. Macron, venu à Beyrouth, à former un cabinet de ministres "compétents" et "indépendants" dans un délai de deux semaines, condition pour l'octroi d'une aide internationale nécessaire au redressement du pays. Dimanche soir, le chef de l'État français a "pris acte de la trahison collective" des partis libanais qui, selon lui, "portent l'entière responsabilité" de cet échec, critiquant particulièrement le Hezbollah sur ce plan. Le chef de l'Etat français était même allé jusqu'à dire "avoir honte pour les dirigeants libanais". "Tous ont fait le pari du pire, dans le seul but de se sauver eux-mêmes, de sauver les intérêts de leurs familles, de leur clan", avait-il lancé, dans une possible allusion au gendre du chef de l'Etat.
Évoquant "l'âge d'or du modèle" économique libanais, en réponse à une question qui lui a été posée, Emmanuel Macron a affirmé que "ce modèle aujourd'hui s'est effondré". "Il s'est effondré, d'abord (à cause de) l'absence de réformes (...). Parce qu'il n'y a pas eu de réformes politiques. Secteur après secteur, la corruption, l'absence de réformes, des effets de rentes qui se sont créés, et donc, à un moment donné, le pays ne peut plus créer d'emplois ou de richesses parce qu'il est capturé par des intérêts privés. Ces intérêts ont été très liés à des familles et des partis politiques qui sont encore aujourd'hui en place. Je suis très libanais en disant ça : il y a tout le monde".
"Tandem national"
Le mouvement Amal a lui aussi rejeté mardi les accusations du président français. La formation de Nabih Berry a souligné que, "malgré le respect pour le rôle joué par le président Macron", elle est "étonnée des accusations qu'il a lancées et des responsabilités qu'il a fait assumer, en particulier au tandem national (Amal-Hezbollah), loin des vérités et des faits autour des discussions avec le Premier ministre désigné (...)". "Le mouvement rejette tous les propos accusateurs qui visent toutes les formations au sujet de profits et de pots-de-vin. Ces propos sont contraires à la vérité", s'est encore défendu Amal.
Le chef de l'Etat libanais doit désormais mener de nouvelles consultations parlementaires contraignantes pour désigner un Premier ministre. Mais ce processus risque, une nouvelle fois, de s'éterniser, voire d'échouer. Lundi, au premier jour du nouveau délai de quatre à six semaines accordé à la classe politique pour former le gouvernement de mission tel que préconisé par M. Macron, rien ne prêtait à croire que les protagonistes mettront en place un tel cabinet rapidement. Des sources indiquent ainsi qu'il n'y aura pas de convocation des consultations parlementaires contraignantes "dans les jours qui viennent".
commentaires (28)
Le deux Ali Baba commencent par la même lettre " B " Berry et Bassil !!!!!
Eleni Caridopoulou
18 h 37, le 30 septembre 2020